Feuerbach: La religion comme aliénation de l'essence humaine
La religion est le mystère de l'homme fait Dieu
Dans L'Essence du christianisme, Feuerbach montre que, dans la religion, l'homme est aliéné, c'est-à-dire dépossédé de lui-même, de sa propre essence. La religion n'est jamais que le mystère de l'homme fait Dieu. Autrement dit, ce ne sont jamais que ses propres perfections et ses propres attributs que l'homme adore en Dieu. L'homme s'est ainsi dépouillé de son être pour l'attribuer à une réalité étrangère, Dieu. La religion est « la première conscience de soi de l'homme, mais elle est indirecte ». La religion chrétienne est « la relation de l'homme à lui-même, ou plus exactement à son essence, mais à son essence comme à un autre être ». Aussi la tâche de la philosophie est-elle de faire reconnaître à l'homme sa propre essence au lieu qu'il l'adore en un autre être, nommé Dieu.
Il faut substituer à la religion de Dieu celle de l'homme
Le véritable athée est seulement « celui pour lequel les prédicats de l'être divin, comme par exemple l'amour, la sagesse, la justice, ne sont rien, et non pas celui pour lequel seul le sujet de ces prédicats n'est rien ». Il ne suffit donc pas de nier l'existence de Dieu ou « le sujet de ces prédicats » pour être athée, il faut nier que « l'amour, la sagesse, la justice » sont des qualités divines. Feuerbach n'est pas un véritable athée, il se propose seulement de renverser la théologie en intervertissant le sujet et le prédicat : au lieu de dire « Dieu est sage et bon », il dit « l'homme est sage et bon ». Feuerbach substitue donc à la religion de Dieu celle de l'homme. Ainsi, l'homme doit adorer en lui-même les qualités qu'aucun individu ne peut sans doute réaliser entièrement, mais qui sont cependant celles de l'espèce humaine. Réaliser l'essence humaine est l'affaire de la politique. Cette finalité est en son fond religieuse, puisqu'il s'agit d'actualiser tout ce qu'il y a de possibilité divine en l'homme : « Il nous faut redevenir religieux, il faut que la politique devienne notre religion » (L'Essence du christianisme).
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