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FERRY (JULES)

Avocat et homme politique né à Saint-Dié en 1832, mort à Paris en 1893. Député en 1869, il fut préfet de la Seine puis maire de Paris. Républicain de gauche, il s'opposa à Mac-Mahon et, lorsque celui-ci se retira, fut tour à tour ministre de l'instruction publique et des Beaux-Arts (1879-1881), président du Conseil. Mais il est surtout connu pour les mesures qu'il introduisit dans la législation scolaire. Ainsi, en 1881, il fit voter la loi qui rendait gratuit et obligatoire l'enseignement public primaire ; puis il ouvrit les écoles d'État aux jeunes filles. Foncièrement anticlérical, il favorisa l'extension de la laïcité. À l'extérieur, il engagea la France dans de nouvelles expéditions coloniales: l'Annam (1883), le Tonkin (1883-1885), Madagascar (1883-1885), la Tunisie, où il établit un protectorat, le Bas-Congo enfin, où il envoya Savorgnan de Brazza. Dans sa politique coloniale, il se heurta à Clemenceau qui contribua à sa chute (1885). Il a écrit Le Tonkin et la mère patrie (1890).

Ferry, Jules (Saint-Dié 1832-Paris 1893); homme politique français.

Issu d’une famille aisée, F., avocat depuis 1855, exerce ses talents de plume dans le journalisme d’opposition (collaborateur du Temps depuis 1865) et dans la littérature polémique (Les Comptes fantastiques d’Haussmann, 1868). Elu député de la Seine en 1869, il est nommé secrétaire du gouvernement de la Défense nationale après le 4 septembre 1870. Maire de Paris durant le siège, il organise les restrictions, s’attirant le surnom de « Ferry-la-Famine ». De nouveau préfet de Seine (1871), puis ministre plénipotentiaire en Grèce (1872-1873), il n’est plus que député des Vosges pour l’opposition républicaine sous le régime de Mac-Mahon. Créateur de la Gauche républicaine, ce modéré hostile à l’Ordre moral comme à l’extrême gauche devient l’un des « pères de la IIIe République ». Durant « les années Ferry» (1879-1885), il poursuit son œuvre de « républicanisation » de la société civile à travers un nouveau cadre juridique. Ministre de l’instruction publique (févr. 1879-nov. 1881), il est à l’origine de la laïcité avec le projet de loi de 1879 et les décrets de 1880 réservant aux universités publiques la collation des grades et imposant aux congrégations une réglementation très stricte. Les lois de juin 1881 et de mars 1882 établissent le caractère gratuit et obligatoire de l’enseignement primaire. Dans le domaine administratif, sont votées les lois sur la liberté de réunion (mai 1881) et sur la liberté de la presse (juill. 1881), sur les associations (mars 1884) et sur le divorce (juill. 1884). Par sa politique coloniale, le franc-maçon, convaincu de la mission civilisatrice de son pays, s’attire l’opposition de la droite et de l’extrême gauche. Après la Tunisie (protectorat en 1881), l’Afrique noire (Congo, Niger) et le Tonkin sont de nouveaux terrains d’expansion. L’évacuation de Lang Son (mars 1885) suffira à renverser « Ferry-Tonkin ». Ecarté de la présidence de la République peu de temps avant de subir un attentat (1887), battu aux législatives par un boulangiste, il est élu à la présidence du Sénat l’année de sa mort.

Bibliographie : J. Ferry, Discours et opinions, 7 vol., 1893-1898 ; Collectif, Jules Ferry, fondateur de la République, Actes du Colloque de 1982, 1985 ; P. Barrai, Jules Ferry : une volonté pour la République, Nancy, 1985 ; J.-M. Gaillard, Jules Ferry, 1993.

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