Ferragus, chef des Dévorants d'Honoré de BALZAC

Ferragus, chef des Dévorants d'Honoré de BALZAC, 1833, Le Livre de poche.

• Ferragus est le premier épisode de L’Histoire des Treize, qui est antérieure à la Comédie humaine, mais y a pris place parmi les Scènes de la vie parisienne. Elle comporte deux autres épisodes, La Duchesse de Langeais et La Fille aux yeux d’or. Dans la préface, Balzac déclare qu’il a reçu le privilège de révéler les actions d’une société secrète fondée à Paris, sous l’Empire, par treize hommes d’élite, unis par le goût de l’énergie, du plaisir et de la puissance, criminels sans doute, mais certainement remarquables par quelques-unes des qualités qui font les grands hommes. Comme le montrent les références littéraires et historiques dont il s’entoure, son dessein est d’exploiter un thème familier de l’imaginaire romantique, celui de l’homme supérieur qui se place au-dessus des lois.

• L’action de Ferragus associe et oppose la haute société et un ancien bagnard. Le comte Auguste de Maulincour aperçoit un jour, pénétrant dans une maison sordide, une jeune femme déguisée dont il s’est épris, Mme Jules Desmarets. Elle est l’épouse d’un agent de change, il y a peu de temps encore simple commis, dont la fortune récente, consécutive à son mariage, a intrigué. Il découvre qu'elle se rend chaque jour chez un personnage mystérieux, un bagnard évadé du nom de Gratien Bourignard, chef des compagnons de l’ordre des Dévorants sous le nom de Ferragus. Ses tentatives pour en apprendre plus lui valent deux accidents, un duel et des menaces de mort. La police s’en mêle. Au moment où Ferragus va être arrêté, il passe pour mort, et reparaît à un bal, sous le nom de M. de Funcal, devant Maulincour qu’il met en garde contre sa curiosité en le saisissant aux cheveux. Maulincour va mourir consumé par le poison qui lui a été ainsi administré. M. Jules Desmarets, qu’il a alerté, parvient à la vérité malgré les silences obstinés de sa femme : elle est la fille de Ferragus qui l’entoure depuis leur mariage d’une protection occulte qu’il ne soupçonnait pas. Mme Desmarets meurt de chagrin. Les Treize organisent ses obsèques et font remettre à son mari une urne contenant ses cendres. Ferragus n’est plus qu’un vieillard décrépit qui erre parmi les joueurs de boules.

• Père condamné à l'ombre comme le sera Goriot, ancien bagnard au génie supérieur et aux pouvoirs terribles comme Vautrin, Ferragus combine des situations et des passions sur lesquelles Balzac reviendra (cf. Le Père Goriot, Illusions perdues, Splendeurs et misères des courtisanes).