Databac

FEDINE Constantin Alexandrovitch

FEDINE Constantin Alexandrovitch. Ecrivain russe. Né le 24 février 1892 à Saratov, mort à Moscou le 15 juillet 1977. Fils d'un commerçant d'origine paysanne et d'une mère noble, il a passé son enfance et sa jeunesse à Saratov où ont été publiés ses premiers récits (1913-1914). En tant qu'étudiant de l'institut de commerce, il fait ensuite un séjour en Allemagne où il est interné et retenu au début de la guerre comme prisonnier civil. Après la révolution, il revient en Russie et se lance définitivement dans la littérature. En 1921, il devient membre du groupe « Les frères de Sérapion » et publie son premier livre, le recueil de récits Le Terrain vague [1923], d'une prose recherchée et ornementée. Le roman Les Cités et les Années (1924) eut un succès considérable, dû, certes, à la valeur artistique de ce chef-d'oeuvre d'un jeune auteur, mais aussi au thème brûlant qu'expose le livre : un intellectuel passif et perdu, incapable de se soumettre aux exigences de la réalité révolutionnaire, est condamné par son ami, incarnation du bolchevisme. Retrouvant le climat pathétique et le problème posé par Quatre-vingt-treize, Les Cités et les Années restent le meilleur exemple d'un romantisme révolutionnaire qui nous semble, de nos jours, archaïque, voire incompréhensible. Tous les autres romans de Fedine n'ont jamais pu approcher la qualité de ce livre. Les Frères (1927-1928) reprennent le thème de l'attitude de l'intellectuel — ici celle de l'artiste — adoptée vis-à-vis de la révolution et sont imprégnés de l'influence évidente de Dostoïevsky; L'Enlèvement d'Europe (1933-1935) stigmatise la décadence de l'Occident, de même que Le Sanatorium Arktour (1940) qui oppose la santé de la nouvelle Russie à l'état de l'Europe « pourrie ». Les derniers livres de Fedine constituent une épopée (ratée) dans la manière de Tolstoï; c'est une trilogie qui comprend Les Premières Joies (1945), Un été extraordinaire (1947-1948), et Les Feux dans la campagne (1961-1965). C'est un roman-fleuve — à thèse — voulant démontrer l'inéluctabilité de la révolution d'Octobre et le caractère salutaire des changements apportés par le socialisme en Russie. Le pouvoir soviétique utilisait Fedine, ce vieil intellectuel d'apparence respectable, pour manipuler les écrivains à sa guise. Pendant presque vingt ans, Fedine dirigea l'Union des écrivains, en tant que premier secrétaire (1959-1971) puis comme président (1971-1976); c'est de son autorité que le Parti se servait pour étouffer le mouvement dissident et, par exemple, interdire les oeuvres de Soljénitsyne. Son ancien camarade V. Kaverine le lui déclara en toute franchise dans une lettre ouverte (1968), et son collègue A. Tvardovski (Fedine était membre du comité de rédaction de la revue Novi mir, dont Tvardovski était le rédacteur en chef), dans une autre lettre ouverte, le traita d'« oppresseur des lettres russes ».

Liens utiles