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Faut-il raisonner pour être libre ? Épictète

Faut-il raisonner pour être libre ? Épictète Entretiens (retranscrits vers 130), livre I, XII, trad. É. Bréhier révisée par P. Aubenque, in Les Stoïciens, « La Pléiade », © Éditions Gallimard, 1962, pp. 838-839. [...] L’homme de bien soumet sa volonté à l'administrateur de l'univers comme les bons citoyens soumettent la leur à la loi de la cité. Mais celui qui s'instruit doit venir à la leçon du maître avec cette pensée : « Comment pourrais-je suivre en tout les dieux ? Comment pourrais-je être content du gouvernement des dieux ? Comment pourrais-je devenir libre ? » Car l'homme libre, c'est celui à qui tout advient selon sa volonté, celui à qui personne ne peut faire obstacle. Quoi ? La liberté serait-elle déraison ? Bien loin de là ! Folie et liberté ne vont pas ensemble. « Mais je veux qu'il arrive tout ce qui me paraît bon, quelle que soit la chose qui me paraît telle. » Tu es fou, tu déraisonnes. Ne sais-tu pas que la liberté est chose belle et estimable ? Vouloir au hasard qu'adviennent les choses qu'un hasard me fait croire bonnes, voilà qui risque de ne pas être une belle chose et même d'être la plus laide de toutes. Comment procédons-nous dans l'écriture des lettres ? Est-ce que je veux écrire à ma fantaisie le nom de Dion ? Non pas ; mais on m’apprend à vouloir l'écrire comme il doit l'être. Et en musique ? C’est la même chose. Que faisons-nous en général, dès qu'il y a un art ou une science ? La même chose ; et le savoir n'aurait aucun prix, si les choses se pliaient à nos caprices. Et ici, où il s'agit de la chose la plus importante, de la chose capitale, de la liberté, me serait-il donc permis de vouloir au hasard ? Nullement ; s'instruire, c'est apprendre à vouloir chaque événement tel qu'il se produit. Comment se produit-il ? Selon l'ordre établi par celui qui ordonne tout. Selon cet ordre, il y a été et hiver, fécondité et stérilité, vertu et vice, et tous les couples de contraires qui servent à l'harmonie dé l’univers.

Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Quelle définition Épictète donne-t-il de l’homme libre ? 2 En quoi les attitudes raisonnable et déraisonnable se distinguent-elles ? 3 En quoi la sagesse stoïcienne recommandée par le maître ne s'apparente-t-elle pas à une simple passivité, consistant à supporter les événements ? 1 - « L’homme libre, c'est celui à qui tout advient selon sa volonté, celui à qui personne ne peut faire obstacle. » 2 - L'attitude raisonnable consiste à approuver l’ordre des choses en voulant tout ce qui arrive, alors que l'attitude déraisonnable revient à vouloir que les choses arrivent comme on le désire, ce qui rend l’homme dépendant de ses propres passions. 3 - L'attitude stoïcienne est fondée à la fois sur la compréhension des événements (participation mentale) et sur l'assentiment qui leur est donné (participation volontaire). Il s’agit donc d’une adhésion active à l’ordre des choses, et non pas d’un simple fatalisme. Ce n’est pas une forme de servilité, mais de liberté. 

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