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FARGUE Léon-Paul

FARGUE Léon-Paul 1876-1947

Parisien de Paris — il est né rue Coquillière, dans les Halles, comme Gérard de Nerval et, comme lui, écrira sur cette ville que tous deux aimaient et arpentaient, nuitamment, en tous sens (cf Le Piéton de Paris, paru en 1939) — Fargue fit des débuts précoces en poésie avec Idée de Retard (1893). Entre-temps, au cours de ses études, il s'est lié avec Jarry. Plusieurs recueils suivront, dont Tancrède (1895), qui lui vaut l'amitié de Larbaud, de Klingsor, Ludions (dont certains seront mis en musique par Eric Satie), Poèmes et Pour la Musique (1912), Epaisseurs (1928), Vulturne et Espaces (1929), Sous la Lampe (1930), Banalité (1938). En 1943, une attaque d'hémiplégie le condamne à garder la chambre, il y reçoit ses amis, continue d'entretenir une abondante correspondance (avec Colette, notamment). Le 24 novembre 1947 meurt celui en qui Rainer Maria Rilke voyait «un de nos plus grands poètes». Même si sa musicalité et sa fantaisie verbale nous permettent aujourd'hui de le considérer comme un enfant des symbolistes, toute sa vie, Fargue s'est tenu à l'écart des écoles et des doctrines. Les surréalistes l'admiraient, mais jamais il ne lès a rejoints. «Assez des langues cartésiennes» écrit-il pourtant avant de préconiser une soumission au «clichage» du subconscient et à la truculence de la langue intérieure. Sa poésie et son oeuvre en prose doivent cependant plus à la réalité qu'à l'inconscient, mais parce que dans la réalité il trouve le rêve, sollicité qu'il est de préférence par l'insolite et le merveilleux, dont elle regorge pour qui sait les y voir.


FARGUE Léon-Paul 1876-1947 Poète, né à Paris. « Né et mort à Paris » ne serait pas même assez dire : il n’a pratiquement pas quitté Paris, dont il fut à la fois le biographe, le psychanalyste, et l’explorateur toujours étonné (D’après Paris, 1932 ; Le Piéton de Paris, 1939, etc.). Très précoce, il donne à dix-sept ans Idée de retard, et, à dix-neuf ans, Tancrède (1895), une de ses plus belles réussites; autobiographie mélancolique, en prose mêlée de vers - comme la Psyché de La Fontaine, qu’il aimait -, cette œuvre révèle un art parvenu à maturité et déjà conscient de ses vertus propres : un bonheur infaillible dans le maniement des mots (une langue sortie de la succulence intérieure, dit-il), et capable de transfigurer, ou d’amplifier jusqu’à la fantasmagorie, jusqu’au délire cosmique, des souvenirs de bonheurs minuscules, voire décevants ou dérisoires. À vingt ans, avec une série de poèmes Pour la musique (publiée en revue ; rééditée en 1914), il surprend de nouveau par sa désinvolture, son aisance dans la virtuosité. Mais Fargue n’a garde de sortir d’une méthodique réserve. Et, surtout, ne se presse pas. Suivront tour à tour les Poèmes de 1912 (réédités en 1919); Épaisseurs (1928); les proses poétiques d'Espaces (1929); Sous la lampe (1930), et durant sa maladie, Haute solitude (1942). Il a donné certain jour, à propos de La Fontaine qui lui ressemble par plus d’un point (il était comme lui un peu lent, un peu massif), la définition de l’écrivain tel qu’il eût tant souhaité d’être, et tel qu’il le fut : une aisance muette, adroite, moelleuse de poseur de collets, qui plaît aux femmes par des chuchotements de sentiers humides, des réminiscences de lisières et peut-être des imitations de cris d’animaux [... ] un sauvage sociable [...] un homme pour qui le monde recommence à chaque instant [...] un distrait professionnel [... ] méprisé par les gens de cour et de Sorbonne, ennemi de leurs échafaudages puérils, de leurs dogmes fragiles, le gêneur par excellence : le Poète.