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FARCES ET SOTIES DU MOYEN ÂGE

FARCES ET SOTIES DU MOYEN ÂGE
Aux confréries, spécialisées dans la représentation des mystères, se joignent vers la fin du Moyen Âge des associations plus libres et plus joyeuses de laïcs : écoliers bohèmes, ou bourgeois (tels que les « Enfants sans souci ») ou clercs du parlement (la célèbre « basoche »). Sans doute leur répertoire n’exclut-il pas toute idée d’édification, comme l’atteste le genre de la moralité (par exemple l’histoire de Grisélidis, paraphrasée de Boccace et qui porte même, abusivement, le nom de « mystère »). Mais l’essentiel du répertoire, dans ce théâtre d’esprit très profane, est constitué par la sotie et par la farce. La sotie est une pièce résolument « engagée » C’est ainsi que le célèbre Prince des sots, œuvre de Pierre Gringore (vers 1510), recourt prudemment, de place en place, au style « fatrasique » ; c’est-à-dire à une apparence d’inoffensive et incohérente fantaisie. La farce, genre moins téméraire sur le plan de la satire sociale ou religieuse, est en fait plus audacieuse sur le plan proprement littéraire, par sa tranquille absence de tout souci moral, par sa gratuité, par son goût du rire pour le rire : par exemple La Parce de la pipée ou encore La Farce de George le Veau (féroce histoire de mari berné, qui fera froncer le sourcil des bourgeois de Paris, quand deux siècles plus tard Molière la reprendra dans George Dandin). Quant à La Farce de maître Pathelin (milieu du XVe siècle, anonyme), c’est à la fois la plus célèbre des farces médiévales et la plus parfaite, mais elle rejoint déjà, par sa distinction et sa modération même, l’esprit de la comédie aux siècles classiques.