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FALSIFIABILITE

FALSIFIABILITE (néologisme créé par Karl R. Popper en 1934; du lat. falsus, faux)

Falsifiabilité / infalsifiabilité ; falsification (synon. : réfutation)
Une hypothèse ou une théorie sont falsifiées quand elles sont soumises à un test expérimental par lequel elles sont prises en défaut. Qu'une hypothèse ou une théorie ne soient pas falsifiables signifie qu'elles ne peuvent être testées : elles ne peuvent donc être remises en cause, mais pour autant rien ne garantit qu'elles soient vraies. Seules une théorie ou une hypothèse ayant résisté à un ou plusieurs tests de falsifiabilité peuvent être tenues pour vraies.

Est falsifiable une théorie qui peut être soumise à un contrôle empirique négatif, autrement dit que l'expérience peut réfuter. Or, une théorie scientifique est toujours falsifiable, ce qui la distingue, par exemple, d'une hypothèse métaphysique qu'aucune expérience ne peut de droit infirmer ni confirmer. L'originalité de la thèse de Popper est double : d'une part il définit paradoxalement la scientificité d'un énoncé par sa falsifiabilité, et d'autre part cette définition lui permet de tracer une ligne de démarcation très claire entre les théories scientifiques et les autres. Ainsi, marxisme et psychanalyse, dans la mesure où leur pouvoir d'interprétation est infini, sont irréfutables. Cependant, si une théorie scientifique se définit comme une théorie qui, en droit, peut être infirmée, alors la vérité scientifique ne peut jamais être qu'une vérité probable puisque seules les réponses négatives de l'expérience sont définitives.

Critère imaginé par Popper pour distinguer les sciences des non-sciences. Il peut sembler paradoxal que le critère de la scientificité d'une théorie soit qu'elle peut être falsifiée. En effet, si une théorie est fausse, n'est-ce pas qu'elle n'est pas scientifique? C'est oublier que, pour Popper, la science est en constante évolution, la vérité ne peut jamais être atteinte mais seulement approchée. Les théories scientifiques sont ainsi provisoires, amenées à être révisées, complétées ou remplacées à mesure que les connaissances progressent. En fait, l'objectif de Popper est de discréditer les dogmes, c'est-à-dire les affirmations qui ne tolèrent pas la critique.

Néologisme construit sur l'anglais falsifïability, de to falsify, «prouver la fausseté».

Falsifiabilité

De l'anglais to falsify, « rendre faux », « réfuter ».

Critère de scientificité en vertu duquel ne sont jugées scientifiques que les théories qui prennent le risque d’être infirmées par l’expérience (ou falsifiées).

• Pour Popper, le marxisme et la psychanalyse sont hors de la science parce qu'il est impossible de les prendre en défaut. En effet, ces théories prétendent tout expliquer et n'excluent aucun fait.

FALSIFIABILITÉ. n.f. ♦ 1° Falsifier, c’est altérer la réalité, ne pas rapporter les événements tels qu’ils se sont passés, cela afin de tromper ; par exemple, dans une émission de télévision, arrêter le déroulement de la séquence d’images de telle sorte que la réalité de la scène soit déformée ; dans une information écrite, tronquer le récit ; couper une citation pour faire dire à un texte autre chose, voire le contraire de ce qu’il dit ; altérer la nature d’une chose sans que cela apparaisse (travail de faussaire), etc. — La falsifiabilité n’est pas une propriété intrinsèque de la chose, ou du message, ou de la scène ; la réalité, ce que l’on veut mettre en commun, cela est normalement vrai et bon. La falsifiabilité est projetée par une volonté de tromper en utilisant tel aspect réel des choses ou d’un message : « Decipimur specie recti (Nous sommes abusés par l’apparence de ce qui semble droit, juste, vrai)». Cette volonté humaine mauvaise s’inscrit dans la chaîne inaugurée dans notre histoire par celui qui est homicide et menteur dès l’origine (dit Jésus, en saint Jean, 8, 44), le démon, «qui tire tout mensonge de son fonds propre, étant menteur et père du mensonge»; de lui provient toute tentation d’injecter la falsifiabilité dans les communications et dans les choses, de les pervertir, de faire du Cosmos beau et bon un monde ténébreux. ♦ 2° Karl Popper a introduit (1932) le terme « falsifiable » au sens de réfutable (falsifiable signifiant alors « pouvant être reconnu faux », c’est-à-dire réfuté). La falsifiabilité caractérise ici les théories scientifiques, par opposition à des thèses telles que le marxisme ou le freudisme, dont les propositions de base sont irréfutables parce qu’elles ne permettent pas de déduire des faits précis et déterminés — et qui, malgré leurs prétentions — ne sont donc pas scientifiques.

Critère proposé par Popper en 1932 pour distinguer les énoncés scientifiques (empiriques) de ceux qui ne peuvent accéder au statut scientifique (énoncés formels, métaphysiques, para-scientifiques...). Une théorie est « falsifiable », ou réfutable, c’est-à-dire scientifique, si elle implique la négation d’au moins un énoncé relatif à une observation possible. En l’absence d’une telle négation dans l’ensemble de ce qu’elle affirme, elle reste scientifiquement indécidable. Tel serait le cas, notamment, de la psychanalyse.

FALSIFIABILITE (n. f.) Caractère pour un énoncé ou une théorie de pouvoir donner lieu à un test empirique négatif (l’énoncé « Demain il pleuvra ou il ne pleuvra pas » n’est pas falsifiable) : « c’est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d’un système qu’il faut prendre comme critère de démarcation [...]; un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l’expérience » (Popper).