FACTICITÉ / FACTICE
- FACTICITÉ (lat. "facticius", artificiel; de "facere", faire). Gén. Caractère de ce qui est artificiel, fabriqué. Puis faux. Enfin, au sens figuré, qui n'est pas naturel, mais affecté.
Phi. Caractère de ce qui est un fait.
Exist. Caractère de ce qui existe de façon contingente, c.à -d. de ce qui pourrait être autrement qu'il n'est, ou ne pas être.
- FACTICE. adj. (sens propre) Qui est produit artificiellement (sens ancien) et, par extension, qui est faux, artificiel, imité. Un diamant factice ; la cheminée factice d'un décor théâtral.
(sens figuré, courant) Qui manque de naturel, qui est faux, forcé, affecté, « fabriqué ». Une spontanéité factice, simulée. Une poésie factice, insincère. Un personnage tout en facticité, parfaitement creux.
N.B. Le mot facticité (caractère de ce qui est factice) prend un sens particulier en philosophie, chez Sartre notamment : caractère de ce qui existe comme fait contingent (et donc, qui peut être comme n'être pas). - facticité, caractère de ce qui existe à titre de fait contingent, c'est-à-dire de ce qui pourrait ne pas être. — Le terme a été créé par Fichte pour désigner, d'une façon générale, tout ce qui est donné sans raison. (Par ex., la réalité du monde est une « donnée factice » tant que nous ne l'avons pas déduite par un raisonnement rationnel; la facticité s'oppose à la « genèse », ou déduction rationnelle; la liberté humaine est la source de - toute facticité.) Le terme a été repris par la philosophie existentialiste (Heidegger, Sartre) : la facticité de l'existence exprime ce fait que notre existence est injustifiable, incompréhensible en elle-même. La facticité de l'existence se réduit à deux caractères fondamentaux : 1° Nous sommes donnés à nous-mêmes, c'est-à-dire que nous sommes nés avant de prendre conscience de nous-mêmes, et nous découvrons notre existence comme un fait que l'on ne peut que constater et non expliquer (c'est ce que Heidegger appelle la Geworfenheit); 2° Nous sommes libres d'orienter notre existence dans tel ou tel sens; il n'y a pas de loi, pas de destinée qui nous seraient données d'avance et qui régleraient le cours de notre vie d'une façon nécessaire. Tout ce que nous faisons reste « factice ».
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- Discuter ce jugement de G. Lanson : « Le reproche qu'on pourrait faire à Corneille, ce serait plutôt, tout au contraire de ce qu'on a dit, d'avoir trop exclusivement tiré l'action des caractères : à tel point que sa tragédie a parfois quelque chose de factice, l'air d'un jeu concerté, d'une partie liée et soumise à des conventions préalables. Les personnages ne comptent pas assez avec le hasard et les circonstances... Rien n'intervient qui dérange leur action; et le miracle, préciséme
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- « Le romancier authentique crée ses personnages avec les directions infinies de sa vie possible ; le romancier factice les crée avec la ligne unique de sa vie réelle. Le génie du roman fait vivre le possible : il ne fait pas revivre le réel. » En vous appuyant sur des exemples précis, vous commenterez ce jugement d’Albert Thibaudet.
- Savinien Cyrano de Bergerac1619-1655L'image brillante et sympathique donnée de lui par Edmond Rostand est assez factice, maisc'est un écrivain fort curieux, moins par son style où semblent culminer les défauts dugongorisme et du marinisme, que par les sujets où il s'est attaché.
- Paul Bourget avait écrit (Nouvelles pages de critique et de doctrine, 1922) : "Il y a, outre l'élément de vérité, un élément de beauté dans cet art si complexe du roman. Cet élément. de beauté, c'est, à mon sens, la composition. Si nous voulons que le roman français garde un rang a part, c'est la qualité que nous devons maintenir dans nos œuvres." « Les lois traditionnelles de la composition, répond Thibaudet (Réflexions sur le roman, parues en 1938-41), sont issues des nécessités de l