FABLE
FABLE vient du latin fabula. Le u, non accentué, a logiquement disparu. Le mot fabula lui-même remonte au latin fari (parler) que nous avons trouvé dans le mot enfant (in + fari = « être humain qui ne parle pas encore »). Le mot fable signifiait primitivement « histoire » avant de prendre le sens particulier que nous lui connaissons aujourd'hui. Au Moyen Age, un petit récit en vers s'est appelé fableau, mot qui, déformé dans la prononciation picarde, est devenu fabliau. Autres mots de la famille : fablier (recueil de fables), fabulateur, fabulation, fabuler, etc. Le verbe fari (parler) nous a légué d'autres mots en -fable : une personne affable (latin affabilis) est une personne « qui vous parle volontiers» lorsque vous l'abordez. Le mot a pris le sens plus général de « poli ». Dérivé : affabilité. Ce qui est ineffable est « inexprimable», ce dont on est «incapable de parler» (en raison d'une qualité exceptionnelle).
FABLE nom fém. — Récit en vers ou en prose par lequel l’auteur se propose d’illustrer une morale que le texte, le plus souvent, énonce soit en son début soit en sa conclusion. ÉTYM. : vient du latin fabula = « propos » ou « récit ». Dans la langue courante, fable correspond le plus souvent à « récit mensonger », celui que fait un « fabulateur » ou un « affabulateur ». Dans le sens littéraire, il s’agit d’une fiction, dont les protagonistes sont souvent empruntés au monde animal, et qui, de manière allégorique, vise à démontrer le bien-fondé d’un précepte. La fable est donc, en principe, un genre didactique : elle se devrait tournée tout entière vers l’enseignement dans lequel elle se résume. Cependant, chez les grands fabulistes, l’art du conteur permet de dépasser le carcan moralisateur du genre. La vigueur du récit relègue au second plan le « message » de la fable. On fait d’ordinaire remonter le genre de la fable à Ésope. On doit à cet esclave, qui aurait vécu en Grèce au VIe siècle av. J.-C., toute une série de récits mettant en scène des animaux, qui ont connu une grande notoriété et ont constitué l’une des principales sources d’inspiration de La Fontaine. Le principal de ses successeurs fut Phèdre, esclave affranchi qui, à Rome, au début de notre ère, reprit les plus célèbres des fables d’Ésope. En ce qui concerne la littérature française, l’œuvre de La Fontaine (1621-1695) domine indiscutablement toutes les autres. Il est l’auteur de trois recueils publiés en 1668, 1678-1679 et 1694. Très proche d’Ésope par les anecdotes rapportées dans son premier recueil, La Fontaine s’en éloigne ensuite, empruntant certains de ses sujets à un fabuliste indien - Pilpay - et se consacrant de lui-même à des thèmes plus ambitieux, de nature symbolique ou philosophique. La Fontaine a su faire de la fable un genre littéraire à part entière. Il a ajouté aux histoires héritées d’Esope un véritable pittoresque et les a marquées de son talent poétique. C’est avec lui surtout que la fable cesse de se réduire à sa morale ; elle s’émancipe de celle-ci pour devenir poésie véritable. L’importance de La Fontaine ne doit pas nous faire oublier les autres moralistes français. Marie de France au Moyen Age et surtout Florian qui, au XVIIIe siècle, donna au genre une dimension plus critique dans le domaine politique et social. Le genre n’est plus très prisé aujourd’hui, du moins sous sa forme poétique. Cependant, le grand roman d’Orwell Animal Farm {La Ferme des animaux) dans lequel la révolution et le stalinisme sont transposés dans le monde animal peut être lu comme une fable moderne. Et, dans un genre bien différent, peut-être n’est-il pas exagéré d’affirmer que le plus fidèle et le plus talentueux des héritiers de La Fontaine n’est autre que... Walt Disney !
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