exercice
Les exercices constituent l’une des bases de toute institution oratoire. Dès l’Antiquité, on distinguait l’ensemble des théories et des techniques, dont la réunion avec un talent propre définit l’art de l’éloquence, des moyens d’acquérir cet art, qui doivent s’apprendre dans des écoles spécialisées. Ces exercices forment donc la matière concrète de l’enseignement par l’apprentissage. Le meilleur de tous, évidemment, c’est la pratique. Mais la vraie pratique, la pratique réelle in situ, n’est ni facile ni accessible pour le débutant, ni même toujours vivable, dans la mesure où, au cours de l’histoire des siècles, cette pratique authentique subit les aléas des conditions politiques. Il faut donc pouvoir se réfugier dans le cercle protégé des écoles supérieures ou des universités. Les exercices y prennent dès lors deux formes. D’abord, des manipulations élémentaires de transformations et de modifications systématiques, sur la base d’énoncés courts, concernant tout le matériel grammatical et la structure des phrases. Ensuite, l’élaboration du plus grand nombre possible de jeux discursifs par l’exploitation maximale, poussée au plus haut point de diversification et de combinaison, de toutes les ressources de la variation, selon les voies de l’amplification, par le maniement alterné des moyens de l’abondance et de la brièveté. On construit donc des thèses à propos d’un thème; on se livre aussi à des déclamations, on pratique des altercations fictives, comme l’on produit des textes qui obéissent à divers genres (par exemple des apologues) ; on vise à entretenir la mémoire et on travaille l’action. L’exercice est ainsi une activité vivante, qui transcende les vicissitudes de l’histoire, oblige à exciter la puissance de l’imagination, et moule les étudiants dans une seconde nature dont il dépend de leur talent de contrôler l’aisance.
=> Éloquence, art oratoire; mémoire, action; altercation, déclamation, thèse; abondance, brièveté, amplification, variation ; genre, apologue.