EUSÈBE de Césarée. Ecrivain grec

EUSÈBE de Césarée. Ecrivain grec. Le « père de l'histoire ecclésiastique » naquit entre 260 et 265, en Palestine, probablement à Césarée, et mourut entre 337 et 341 (vraisemblablement en 339). Eusèbe étudia à l'école qu'Origène avait fondée à Césarée, et eut pour condisciple le prêtre Pamphile, dont il ajouta le nom au sien (Eusebius Pamphili) et avec lequel il fut emprisonné lors de la persécution de 303. Après le martyre de son ami, il put fuir à Tyr et en Egypte, sans toutefois éviter la prison. De retour dans sa patrie, il fut ordonné prêtre et devint évêque vers 313. Réputé pour sa doctrine et comme métropolitain de la Palestine, il prononça une grande homélie, lors de l'inauguration de la nouvelle basilique de Tyr, qui figure au Xe livre de l'Histoire ecclésiastique. Auteur avec Pamphile d'une apologie d'Origène, il prit parti pour Arius, mais dut signer, au Concile de Nicée (325), le formulaire de l'orthodoxie comme l'exigeait Constantin. Eusèbe, cependant, fut de ceux qui poussèrent l'empereur à combattre Eustache d'Antioche, Marcellus d'Ancyre et saint Athanase, lequel fut condamné au Concile de Tyr (335). Suspecté quant à son orthodoxie (le second Concile de Nicée (787) refusa de le reconnaître comme témoin de la foi) et considéré comme le prototype de l'évêque courtisan, Eusèbe avait beaucoup de compétence comme historien et eut une intense activité littéraire. Parmi ses écrits d'exégèse, citons les Canons évangéliques qui comportent dix tables indiquant les passages communs à plusieurs évangiles; l'Onomastique, dictionnaire de la toponymie de l'Écriture Sainte, qui fait partie d'un vaste ouvrage de géographie biblique traduit en latin et remanié par saint Jérôme; des commentaires sur les Psaumes dont nous possédons d'importants fragments et sur Isaïe dont le texte nous est parvenu presque en entier; Problèmes évangéliques et leurs solutions dont nous avons une grande partie; et Sur la fête de Pâques. Mais Eusèbe fut aussi, et principalement, un maître de l'apologétique. On lui doit en effet le Livre contre Hiéroclès accompagné d'une « Réfutation et défense », aujourd'hui perdue, dirigée contre Porphyre qu'il combattit également dans la Préparation évangélique, suivie des Démonstrations évangéliques qui sont probablement la refonte d'une Préparation ecclésiastique et d'une Démonstration ecclésiastique, à moins qu'il ne s'agisse des deux parties d'une Introduction générale élémentaire dont nous possédons les chapitres VI à IX sous ce titre : Passages choisis des prophètes concernant le Christ. Il n'est pas aisé d'établir les rapports existant entre ces oeuvres et d'autres qui leur sont postérieures, tel le De Theophania. Mais son oeuvre principale est l'Histoire ecclésiastique qu'il poursuit jusqu'à l'année 324. Les thèmes fondamentaux de l'apologétique d'Eusèbe sont : que la tradition de l'enseignement apostolique contre l'hérésie a été conservée; que la preuve de la vérité du christianisme, c est qu'il a résisté aux persécutions et remporté une victoire coïncidant avec l'unification de l'empire sous un seul souverain. Aux juifs il reproche de ne pas avoir voulu accepter les prophéties et de ne pas reconnaître dans le christianisme la vraie religion révélée. Aux païens il rappelle que le christianisme n'est pas fondé seulement sur la foi aveugle, mais aussi sur la raison, capable de reconnaître cette vérité. On doit également à Eusèbe Les Martyrs de Palestine, une Chronique, écrite vers 303, la Vie de Constantin et l'Eloge de Constantin ; le De ecclesiastica Theologia et quelques fragments de lettres. Eusèbe de Césarée n'est pas un écrivain de tout premier plan. Il écrit dans une langue prolixe et quelque peu affectée par un trop grand souci de bien écrire. ? « Tout le monde sait qu'Eusèbe partagea les idées et les sentiments de l'impie Arius... Il souscrivit au concile : mais, s'il honora la vérité, ce fut du bout des lèvres. Son coeur était loin d'elle, comme le prouvent ses livres et ses lettres. Il varia selon les circonstances. Il eut des louanges pour les partisans d'Arius et des hommages menteurs pour la vérité. Il est coupable de duplicité. » Déclaration du Concile de Nicée, septième oecuménique. ? « Un homme faible, plutôt fait pour les temps de prospérité que d'épreuve. Habile, insinuant, né pour être l'ornement d'une cour plutôt que le soutien d'une Église. » De Broglie.