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Eubée, grande île de la mer Égée, qui s’étend tout en longueur le long des côtes de la Locride opontienne, de la Béotie et de l’Attique

Eubée, grande île de la mer Égée, qui s’étend tout en longueur le long des côtes de la Locride opontienne, de la Béotie et de l’Attique. Ses côtes sont découpées et elle est traversée par de longs massifs montagneux ; elle possédait quelques maigres cours d’eau et une seule plaine importante, la plaine Lélantine, au sud-est, où se trouvaient les deux seules villes d’importance, Chalcis et Érétrie. L’Histiæotis, au nord, et la Diacrie, au centre, avaient de simples bourgs. Ses richesses étaient le blé de la plaine Lélantine, des carrières de marbre près de Caryste, au pied du mont Oché, des pâturages sur les flancs des montagnes, les pêcheries de pourpres près d’Erétrie, des bancs d’argile servant à la fabrication des poteries, et surtout des mines de cuivre et quelques filons de fer. Ces mines furent si intensivement exploitées qu’elles étaient épuisées dès l’époque romaine, mais c'est de ce cuivre que Chalcis tire son nom. L’invasion dorienne en Thessalie força plusieurs peuples à se réfugier dans l’île, bientôt suivis par des bandes de Doriens. Une aristocratie foncière se forma, les hippobotes, éleveurs de chevaux, qui instituèrent un régime oligarchique, car les magistrats étaient choisis parmi ces « chevaliers » ; la grande fête commune était celle d’Artémis Amarynthie, maîtresse des chevaux et du bétail. Du viiie s. au vie s. av. J.-C., Chalcis et Érétrie parvinrent à une grande richesse. Leurs flottes se développèrent pour exporter leurs produits manufacturés et importer des matières premières, plus particulièrement de l’étain, nécessaire à la fabrication du bronze. Une bonne entente unissait ces cités, qui furent des initiatrices de la colonisation. Chalcis fonda en Italie Cumes et Néapolis, et en Sicile Naxos et Eubœa. Dans une presqu’île au sud de la Thrace, les Eubéens créèrent près de trente établissements, dont Olynthe et Stagyre, au point que cette région a conservé le nom de Chalcidique ; Érétrie participa avec Chalcis à la colonisation de la Thrace. Elle domina un moment sur des îles de l’Égée (Andros, Ténos, Céos), fonda un comptoir dans l’île de Pithécusse (Ischia, dans le golfe de Naples) après avoir pris position à Corcyre. Mais, au viie s. av. J.-C., les deux cités rompirent leur vieille alliance pour se disputer la riche plaine Lélantine ; ce fut d’abord une guerre courtoise entre les hippobotes, puis elle dégénéra en une lutte qui dura plus de cent ans et se termina par la défaite d’Érétrie. Mais Chalcis était épuisée et la tyrannie s’y installa. En 506, Athènes la soumit et la garda sous sa dépendance, malgré quelques révoltes (445 et 411), tant que dura la puissance de cette cité. Érétrie fut détruite par les Perses (490) lors de la première guerre Médique, et sa population fut déportée en Mésopotamie. Les Athéniens, maîtres de l’Eubée, la rebâtirent. Après la bataille de Chéronée, l’île fut occupée par les Macédoniens, dont elle se libéra pour s’allier aux Romains lors de leurs guerres contre les Etoliens. A côté du culte d’Artémis Amarynthienne, l’Eubée était réputée pour son temple d’Apollon Marmarios, et ses oracles d’Apollon Cérintien et d'Orobies.

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