ETCHERELLI Claire

Romancière, née à Bordeaux. C’est là un cas exemplaire ; la collection Folio de Gallimard a fait place à plusieurs romans de cette « fille de docker » qui, quant à elle, a connu (et pas seulement visité) les bidonvilles ; et qui, de plus, a travaillé « à la chaîne » : Élise ou la Vraie Vie (prix Femina 1967); À propos de Clémence (1971); Un arbre voyageur (1978)... Elle est située, dans la monumentale Littérature du XXe siècle (Nathan, 1989), à la rubrique « Retour au vécu » ; côte à côte avec Michel Ragon ; et, plus poète, plus « créateur de fiction » que lui, sans aucun doute : elle est véritablement l’écrivain le plus représentatif, entre tous les « gens de lettres sortis du peuple ». Hé quoi? Des « écrivains prolétariens » en un temps où la littérature (poésie ou prose) est devenue un « espace de recherche » ? Baudelaire, rappelons-le, n’était pas si ségrégationniste, puisque dans ses Réflexions sur quelques-uns de mes contemporains, il consacre un très long texte, entre Hugo et Leconte de Lisle, à l’humble Pierre Dupont : « Pourquoi rougirais-je d’avouer que je fus profondément ému? [...] Il a l’instinct de la beauté. »