ESPÉRANCE, ESPOIR
ESPÉRANCE, ESPOIR
♦ Tourné vers l’avenir, l’espoir est le fait d’attendre un bien personnel, un résultat déterminé, bien ou résultat jugé possible ou réalisable et comme tel, objet du désir : « Il suffit de penser que l’acquisition d’un bien est possible pour être incité à le désirer » (Descartes). La dynamique du désir fait que l’espoir se distingue de la simple anticipation passive d’une satisfaction et requiert un minimum d’effort. La confiance dans l’obtention du résultat espéré ne signifie pas sécurité ou assurance si bien qu’il n’y a pas « d’espoir sans crainte, ni de crainte sans espoir », affirme Spinoza. Toutefois, un bien espéré peut ne pas susciter la crainte en cas de non-obtention ; en outre, la crainte s’évanouit si l’espoir est vraiment fondé.
♦ L’espoir est la « menue monnaie de l’espérance », laquelle suppose l’aspiration de l’homme vers un plus être. L’espérance est « l’attente dans un avenir indéterminé d’un achèvement, d’un épanouissement dont on porte en soi la promesse » (Lacroze). L’espérance, « attente confiante et patiente de ce qu’on ne voit pas » (saint Paul) est, dans la théologie chrétienne, l’une des trois vertus théologales, avec la foi et la charité : c’est le dynamisme de la foi projeté vers l’avenir. L’ontologie de l’espérance trouve son expression contemporaine chez G. Marcel, qui voit en elle une puissance prophétique. Elle nous transporte au-delà du temps qui est ainsi transcendé. Promesse de transfiguration, elle appartient à la catégorie de l’être et non de l’avoir.
♦ Dans un sens différent, au sein du courant utopique alimentant l’imaginaire politique et social, l’espérance est conçue par E. Bloch comme la promesse d’un monde meilleur. La fonction utopique de l’espérance consiste à donner un sens aux rêves de ceux qui refusent de s’accommoder de la situation présente : il faut au « courant froid de l’analyse » marxiste associer le « courant chaud » de l’anticipation, singulièrement dans le domaine des utopies médicales, sociales et techniques.
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