ÉROS
ÉROS. Dieu de l’amour (éros signifie en grec amour charnel). Les Romains le nomment Amour ou Cupidon («désir»). Il existe plusieurs versions concernant l’origine du dieu, dans la tradition grecque. Selon Hésiode, Eros serait né au commencement des temps, de Chaos (le Vide), en même temps que le Tartare et Gaia ; il aurait assuré l’union des éléments primordiaux, Ouranos (le Ciel) et Gaia (la Terre), et présidé aux mariages entre leurs descendants, les dieux et, enfin entre les hommes. Dans cette tradition, Eros est simplement la personnification de la puissance génératrice qui envahit les êtres vivants et les pousse à se reproduire. Sa naissance précède celle d’Aphrodite, la déesse de l’amour. Selon d’autres mythes, Eros était un dieu beaucoup plus jeune, fils d’Aphrodite et de son amant, Arès. En accord avec cette tradition, l’art et la littérature classique le dépeignent comme un beau jeune homme, fort et musclé. Pendant la période classique, il était souvent considéré comme le protecteur des amours homosexuelles entre hommes et jeunes hommes, et sa statue était placée dans les gymnases. Comme dieu de la Fertilité, il possédait un culte à Thespies, en Béotie, et à Parion, en Mysie. Les métèques, ou résidents étrangers à Athènes, érigèrent une statue et un sanctuaire sur l’Acropole à Antéros, avatar d’Eros signifiant «l’amour partagé», à la mémoire de deux jeunes hommes, Mélés, un Athénien, et Timagoras, un métèque. Timagoras aimait Mélés, qui méprisait son amour et lui demanda, pour l’éprouver, de se jeter du haut de l’Acropole; Timagoras s’exécuta, et Mélés en fut à tel point accablé de remords qu’il se tua de la même façon. A l’époque héllénistique, l’amour prit dans l’art et la littérature un tour de plus en plus romantique et une autre conception d’Eros fit son apparition; on le représentait comme un enfant ailé portant un carquois plein de flèches ; l’on distinguait même plusieurs Amours, les Erotes (en latin : Cupidines), car les passions qu’il personnifiait paraissaient infinies. De là vint le mythe qu’il donnait à ses flèches une pointe d’or pour inspirer un désir passionné chez ses victimes, ou une pointe de plomb pour détourner les personnes de ceux qui tombaient amoureux d’elles : ainsi Eros pouvait inspirer l’amour aussi bien que le décevoir. On rencontre souvent cet Eros enfant chez les poètes romains; Virgile nous rapporte comment Vénus se servit de lui pour provoquer l’amour de Didon pour Enée. Pour le plus célèbre des mythes concernant Cupidon, voir PSYCHÉ.