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ERNST Paul. Romancier et dramaturge allemand

ERNST Paul. Romancier et dramaturge allemand. Né le 7 mars 1866 à Elbingerode, dans le Harz, mort le 13 mai 1933 à St. Georgen an d. Stiefing, Styrie. Fils d'un mineur de condition modeste, destiné d'abord à descendre lui aussi dans la mine, ainsi qu'en font foi ses Souvenirs de jeunesse [1930] et Années d'adolescence [1931], il parvient cependant à faire des études supérieures, de théologie d'abord, aux universités de Tübin-gen et de Göttingen, puis d'histoire et d'économie politique à Berlin et à Berne, et publie en 1889 son premier livre, une étude sur Tolstoï et le roman slave. Docteur en philosophie de l'université de Berlin en 1897, il se laisse convaincre par le marxisme, écrit dans des journaux sociaux-démocrates, mais évoluera peu à peu vers un socialisme anti marxiste — Fondements de la société nouvelle [1930], qui exercèrent une certaine influence dans les cercles nationaux-socialistes. Venu littérairement du naturalisme, ayant également donné en 1897 un recueil de poèmes, Polymeter, où l'on reconnaît l'influence d'Arno Holz, Paul Ernst rentre en 1900 d'un voyage en Italie converti à l'esthétique classique. Avec Lublinski et Wilhelm von Scholz, il va devenir l'animateur du mouvement néo-classique qui trouve son manifeste dans Le Chemin vers la forme (1906). A partir de cette esthétique, Ernst va donner au théâtre de Düsseldorf des drames symboliques comme Démétrius (1905), suivi de Canossa (1908), justification de la tyrannie en tant que forme d'héroïsme, de Brunehilde et de Kriemhilde (1910), où Ernst, à la suite de Hebbel, utilise les ressources tragiques de la geste des Niebe-lungen. En 1912 commence la série des « drames de la rédemption » (« Erlösungs-dramen »), affirmant le triomphe du héros sur la souffrance : Ariane à Naxos [Ariadne auf Naxos, 1912], Manfred et Béatrice (1912), L'Esprit de la Prusse [ 1914], Cassandre [Kassander, 1915], York (1917). De son séjour en Italie, Ernst avait egalement rapporté une prédilection pour les nouvelles de la fin du Moyen Age dont il a donné en 1902 une traduction — dans ses Anciennes nouvelles italiennes —, et dont il imite les formes dans La Princesse d'Orient (1903), où apparaît cependant le thème original de la domination absolue de la Fatalité. C'est l'influence du mysticisme de W. von Scholz qu'on trouve en 1921 dans les Nouvelles occultes [Okkultische Novellen], et l'atmosphère du XVIe siècle dans les Histoires de comédiens et de fripons (1927), suivies des Histoires à la manière allemande (1928). Quoique ayant joué un rôle de pionnier et de théoricien de la résurrection de la nouvelle, Ernst n'a pas présenté d'originalité véritable dans ce genre, ni dans le roman où il a donné Le Chemin étroit du bonheur, suivi des Semailles de l'espérance [1914] — un millionnaire essaie de sauver une ville, mais la passion aveugle de la foule détruit ce monde socialiste — et du Bonheur de Lau-tenthal, où, à travers une évocation de l'époque de la guerre de Trente Ans, s'exprime la détresse de l'Allemagne en novembre 1918. Comme homme de théâtre, Ernst est demeuré longtemps méconnu, jusqu'à ce qu'en 1933, quelques mois avant la mort du poète, le régime national-socialiste saluât en lui l'un de ses inspirateurs spirituels (sens de la fatalité, antagonisme religieux avec le Destin, culte des héros, etc.). On a souvent reproché à ses drames leur froideur, leur manque de magie verbale : il en reste cependant de majestueuses expériences de représentation de la vie dans ses manifestations les plus hautes. Citons enfin Histoires d'amour , Nouvelles romantiques (1929) et Histoires entre le rêve et la lumière du jour (1930).

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