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ÉRINYES

ÉRINYES (chez les Romains : Furies). Les Erinyes, esprits femelles de la justice et de la vengeance, personnifient un concept très ancien de châtiment. Elles étaient nées des gouttes de sang qui tombèrent sur Gaia, la Terre, lorsque Cronos mutila Ouranos ; elle étaient donc des divinités chtoniennes. Selon une variante, elles furent enfantées par Nyx, la Nuit. Leur nombre reste généralement indéterminé, quoique Virgile, s’inspirant sûrement d’une source alexandrine, en dénombre trois : Alecto, Mégère et Tisiphoné (respectivement «l’implacable», «la malveillante» et «la vengeresse du meurtre»). Au sens large, les Erinyes étaient les protectrices de l’ordre établi. Dans l'Iliade, par exemple, elles ôtent la parole au cheval Xanthos ; le philosophe Héraclite disait que si le soleil décidait de renverser sa course, elles l’en empêcheraient. Mais, surtout, elles persécutaient les hommes et les femmes qui avaient attenté aux lois «de la nature» et tout particulièrement aux droits de la parenté en commettant un parricide, en tuant un frère ou un allié. A l’origine, l’on pensait que les êtres humains ne pouvaient ni ne devaient punir des crimes aussi horribles; il revenait aux Erinyes de poursuivre le meurtrier de l’homme assassiné et d’en tirer vengeance. Némésis correspondait à une notion semblable, et sa fonction recouvre celle des Erinyes; comme elles, elle veillait à ce que la vengeance fût en définitive accomplie. Dans Les Euménides d’Eschyle, la troisième pièce de L’Ores-tie, trilogie dont le sujet est le meurtre d’Agamemnon et la vengeance de ses enfants, les Erinyes poursuivent Oreste; celui-ci a tué sa mère, Clytemnestre, pour venger le meurtre de son père Agamemnon. Dans cette tragédie qui, dit-on provoqua une véritable terreur chez les spectateurs, à la première représentation, les Erinyes formaient le chœur. Les représentations qui nous en sont parvenues nous les montrent tenant des torches et des fouets; elles sont aussi parfois entourées de serpents. Seul l’acte commis par Oreste intéressait les Erinyes ; il n’était question ni de le juger ni de lui trouver des circonstances atténuantes. Apollon lui-même dut s’opposer à leur vengeance implacable, bien qu’il eût encouragé le meurtre de Clytemnestre par Oreste et qu’il eût accordé sa protection à ce dernier, à Delphes, son plus important sanctuaire. Les Erinyes, nous rapporte Eschyle, poursuivirent Oreste jusque-là et ne le délivrèrent que quand les dieux les eurent persuadées d’accepter le verdict du tribunal d’Athènes, l’Aréopage. Là, Athéna intervint comme patronne de la cité et équilibra les suffrages : Oreste fut acquitté, mais il devait ramener de Tauride une statue sacrée d’Artémis ; les Erinyes furent alors accueillies à Athènes sous la forme plus clémente des «Euménides» (les «bienveillantes») ou des «Semnai Theai» (les «vénérables déesses»). Les Erinyes poursuivirent également Alcméon, qui avait aussi tué sa mère. Comme Oreste, Apollon l’avait encouragé à venger son père, mais il fut pourchassé par les Erinyes à travers la Grèce, jusqu’à ce qu’il eût trouvé refuge sur une terre qui n’existait pas encore au moment du meurtre de sa mère — échappant ainsi au pouvoir de ses poursuivantes. Les Erinyes frappaient leurs victimes de folie (d’où leur nom latin, dérivé àefuroï). Quelle que fût la signification de leur nom grec — son origine est obscure —, les Grecs évitaient de mentionner leur nom publiquement; les Athéniens préféraient employer les euphémismes mentionnés ci-dessus pour conjurer le mauvais sort qui leur était lié. Il y avait en Arcadie un endroit qui possédait deux sanctuaires consacrés aux Erinyes. Dans l’un des deux elles portaient le nom de «Maniai» («celles qui rendent fou»); ce fut en cet endroit que, vêtues de noir, elles assaillirent Oreste pour la première fois. Non loin de là, raconte Pausanias, se trouvait un autre sanctuaire où leur culte était associé à celui des Grâces (Charités, «déesses de la rémission») ; ce fut en ces lieux qu’elles purifièrent Oreste, vêtues de blanc, après sa guérison. Celui-ci offrit un sacrifice expiatoire aux Maniai et un sacrifice de remerciement aux Charités. Les Erinyes, généralement, habitaient dans le Tartare, l’Enfer grec, où lorsqu’elles ne surgissaient pas sur la terre pour punir les criminels vivants, elles faisaient subir des tortures sans fin aux damnés éternels. Cette vision de leur demeure s’harmonise avec la légende de leur enfantement par la Terre, ou la Nuit ; mais, selon une autre tradition, elles auraient été engendrées en réalité par Hadès, le dieu du Tartare, uni à Perséphone, avec qui elles avaient en commun cette double nature, bénéfique et maléfique.




ÉRINYES (les) Assimilées aux trois « Furies » romaines, les Erinyes grecques, Alecto, Mégère et Trsiphoné, alias « l’implacable », « la malveillante » et la « vengeresse du meurtre », étaient les trois gardiennes protectrices de l’ordre établi, pourchassant de leur hargne les humains qui attentaient aux lois de la nature et les frappant de folie. Vivant dans le Tartare (l’enfer grec), ces déesses aux longs cheveux entremêlés de serpents, nées du sang d’Ouranos émasculé par son fils, et qui ne se soumettaient à aucune autorité fût-elle olympienne, avaient aussi en charge la torture des damnés étemels.