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ERGOTHERAPIE

En psychiatrie institutionnelle, la recherche de l’activité, de la projection, de tentatives de réemploi peut jouer un rôle thérapeutique capital, en luttant contre l’apragmatisme, l’inhibition, l’invalidité, facteurs associés très souvent aux troubles psychiatriques. L’hospitalisation répond habituellement à des troubles d’évolution prolongée qui rendent ces facteurs particulièrement menaçants. Il a donc toujours existé une tendance à l’organisation des activités proposées aux patients. Ceci est devenu véritablement systématique avec les thérapeutiques modernes qui permettent de restructurer les comportements et qui imposent donc un effort parallèle de mise en forme de la vie quotidienne. A côté des modalités socio-thérapiques, les ateliers d’ergothérapie ont pris ainsi une place importante dans la vie institutionnelle des établissements psychiatriques. Une première tendance vise donc à créer des activités occupationnelles, où des tâches suffisamment attrayantes sont proposées afin de combattre l’apragmatisme. Il s’agit surtout d’ateliers artisanaux, type tissage, reliure, vannerie, couture, etc., où la présence du moniteur infirmier, ou ergothérapeute diplômé, incite les patients à occuper une place dans le groupe concerné par une tâche en commun. Dans certains cas ces travaux prennent un aspect projectif manifeste, gravure sur bois, peinture, dessin, sculpture ou modelage, photo ou film. Il se constitue une dynamique relationnelle plus intense, soit dans la relation individuelle avec le thérapeute, soit dans la structure organisée d’un groupe, ouvert ou éventuellement fermé, et, dans ce dernier cas, défini nettement dans ses tâches et sa durée. Ainsi se constituent des expériences de psychothérapie de groupe, plus évidentes encore dans les formes les plus proches de l’art-thérapie, où les échanges peuvent s’intensifier beaucoup. Une force inverse d’ergothérapie se réalise avec certaines techniques où l’accent est mis sur une productivité du malade. Il peut s’agir de tâches quasi-industrielles, rémunérées valablement — en général, tâches d’assemblage, ateliers de bois ou de métal, d’imprimerie, etc. Une telle orientation aboutit à la constitution d’ateliers protégés (formules d’assistance), ou d’ateliers thérapeutiques (formules de réadaptation). La circulation de l’argent devient ici, en théorie, plus importante quantitativement, bien que ce soit toujours, qualitativement, un des élément à valeur sociothérapique dans les activités mêmes occupationnelles ou projectives. Les institutions qui assument ces activités, ou coopèrent avec de tels ateliers lorsqu’ils sont autonomes, doivent rester conscientes de l’aspect socio-thérapique, réadaptatif et évolutif de telles formes de soins. Des dangers guettent en effet ces modes thérapeutiques, par évolution soit vers une forme essentiellement industrialisée, soit vers un oubli des aspects professionnels et sociaux. Entre ces deux extrêmes, nombre d’expériences originales et positives sont possibles.