épuration
Une société déchirée Divisée entre collaborateurs et résistants, la société française peine à retrouver son unité. L'épuration reste l'un des épisodes les plus douloureux de son histoire. juger les collaborateurs Élimination de personnes jugées indésirables dans un parti, une association ou encore dans une société. A la Libération, cette épuration revêt deux formes. La première, mise en place dès l'automne 1944, est légale et se solde, en particulier, par plus de 7 000 condamnations à mort (seules 767 furent exécutées). La deuxième est une épuration « sauvage » ou « spontanée » qui fait plus de 9 000 morts.
Nom donné en France, en 1944, à la répression des actes de collaboration avec l'Allemagne pendant l'Occupation (1940/44). Réclamée par le programme du Conseil national de la Résistance, elle fut codifiée par des ordonnances du Gouvernement provisoire du général de Gaulle, qui créèrent les structures aptes à juger les actes postérieurs au 18 juin 1940 : des cours de justice dans les chefs-lieux, une Haute Cour de justice pour les actes de collaboration en qualité de chef d'État, chef du gouvernement, ministres, secrétaires d'État, commissaires généraux et hauts-commissaires, des chambres civiques pour les Français soupçonnés d'« activité antinationale ». Des comités d'épuration implantés dans les administrations et les entreprises proposaient des sanctions aux chambres civiques. Fin 1944, 100 000 individus étaient en prison, dont certains hauts personnages (généraux, diplomates, hauts fonctionnaires, académiciens, artistes, etc.). Cette période reste très controversée, l'accusation de collaboration recouvrant des réalités très diverses et les jurys étant composés de membres de la Résistance, dont l'impartialité a pu être discutée. D'autant que l'épuration ne se limita pas à ces tribunaux et que beaucoup d'exécutions sommaires (au moins plusieurs milliers) furent commises au moment de la Libération. 2 071 condamnations à mort furent prononcées, un tiers furent appliquées, ainsi que 37 000 autres peines privatives de liberté. Les chambres civiles prononcèrent 48 273 condamnations à l'indignité nationale. Écrivains et journalistes furent beaucoup plus durement frappés que des industriels qui s'étaient pourtant enrichis par leur collaboration économique. On compte parmi les intellectuels condamnés à mort : Georges Suarez, Robert Brasillach, Henri Béraud (gracié), Lucien Rebatet (gracié). Le maréchal Pétain fut condamné à mort par la Haute Cour le 15 août 1945, mais la peine ne fut pas appliquée ; Pierre Laval fut quant à lui exécuté (15.X.1945). Sous la IVe République, après le départ du Général de Gaulle, de nombreuses mesures de grâces individuelles ou d'amnisties furent adoptées. On trouve le même type de procédures d'épuration dans les autres pays libérés : en Italie, de nombreux fascistes furent exécutés sommairement dans les derniers mois de la guerre. En Allemagne, les Alliés imposèrent une « dénazification » des administrations et des entreprises, poursuivie ensuite par les tribunaux de RFA et de RDA, indépendamment des condamnations prononcées par les tribunaux alliés pour « crimes de guerre ».
ÉPURATION. Nom donné en France en 1944 à la répression des actes de collaboration avec l'Allemagne nazie. Revendiquée par le Conseil national de la Résistance, l'épuration fut codifiée par plusieurs ordonnances du gouvernement provisoire du général de Gaulle. Le 27 juin 1944, fut créée au chef-lieu de département une cour de justice devant juger des faits postérieurs au 16 juin 1940 «susceptibles de révéler l'intention de favoriser les entreprises de l'ennemi ». Le 18 novembre 1944, on institua une Haute Cour de justice chargée de juger les hommes qui avaient assumé les plus hautes charges sous le gouvernement de Vichy. Le 26 décembre 1944 furent organisées les chambres civiques chargées déjuger les Français « coupables d'une activité antinationale caractérisée ». Au cours de l'année 1944, année de la Libération, on estime qu'environ 10 000 ou 11 000 Français perdirent la vie, exécutés légalement ou victimes de l'épuration sommaire ; plus de 30 000 fonctionnaires, magistrats et militaires furent sanctionnés (peines de prison, dégradation nationale, etc.). Les écrivains et les journalistes furent généralement beaucoup plus sévèrement frappés que les industriels collabora-tionnistes. Louis Renault, néanmoins, fut inculpé, ses usines qui avaient travaillé pour l'Allemagne sous l'occupation étant nationalisées en 1945. Voir Maurras (Charles).