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Épicurisme

Épicurisme
1. Sens philosophique Doctrine d’Épicure selon laquelle il faut éviter la douleur et rechercher le plaisir. 2. Sens courant Attitude consistant à rechercher et à apprécier les plaisirs. Contrairement à ce qu’ont parfois dit dans le passé les ennemis de sa doctrine, Épicure (ive-IIIe siècle av. J.-C.) ne conseillait pas la débauche. Pour lui, le sage se satisfait de peu ( « Mon corps est saturé de plaisir quand j’ai du pain et de l’eau»). Il préconisait la tempérance, la modération et donnait la priorité aux plaisirs de l’esprit. Au sens courant, le mot « épicurien » désigne quelqu’un qui sait apprécier les plaisirs, un bon vivant.
Épicure

Après avoir connu l’enseignement du platonicien Pamphile (qu'il rejette) et découvert la théorie atomique de Démocrite par l’intermédiaire de Nausiphanes, le philosophe grec Épicure (341-270 av. J.-C.) ouvre vers 306 son école à Athènes : « jardin » à ciel ouvert où vit harmonieusement la communauté de ses nombreux et fidèles élèves, parmi lesquels des femmes, et même, dit-on, des esclaves. De ses textes, réputés nombreux, mais d’un style relâché, il nous reste deux lettres et des fragments.

♦ Les Doctrines et Maximes nous ont été transmises par Diogène Laërce : Épicure y résume en brèves maximes les principaux aspects de son système. Les premières (1 à 5) définissent les règles à suivre pour être heureux (confiance dans la nature, indifférence devant la mort, absence de douleur comme limite du plaisir). Les aphorismes suivants indiquent comment le sage peut atteindre l'ataraxie : fuyant tous les plaisirs superflus, il se contentera d’une vie simple, pour ainsi dire ascétique. C'est ensuite qu’Épicure distingue deux sortes de désirs : les nécessaires qui ont en vue le bien moral (en particulier le désir d’amitié), et les non-nécessaires, qui peuvent être réprimés sans entraîner de douleur. La fin de l’ouvrage développe les conceptions juridiques et politiques d'Épicure, qui se montre hostile à toute conception métaphysique de la justice et sensible au relativisme du droit.

♦ Cet ouvrage fut bien entendu très admiré par les épicuriens. Son influence diffuse dépassera vite leur seule école pour durer jusqu'aux temps modernes, mais souvent au prix de contresens confondant par exemple la conception du plaisir qui y est impliquée (c'est une simple absence de douleur) avec celle des cyrénaïques.

ÉPICURISME

L’épicurisme est la doctrine d’Épicure et de ses disciples parmi lesquels Lucrèce*, qui systématise la pensée du maître.

♦ L’épicurisme repose d’abord sur la canonique, qui traite des critères (canons) de la vérité. La première évidence est celle de la sensation, qui est la base inébranlable de toute connaissance : les corps émettent des particules ténues à leur image, les « simulacres » que nos sens recueillent. La deuxième évidence est l’anticipation : en se répétant, la sensation s’imprime dans la mémoire et permet de reconnaître les objets. La troisième est l’affection, le plaisir et la douleur nous renseignant sur ce qu’il convient de rechercher ou de fuir. Épicure prétend aussi obtenir des évidences sur les choses invisibles grâce notamment aux « prénotions » qui ne procèdent pas de l’imagination mais de réalités existantes, tels les dieux dont la notion est née d’images réelles produites en nous pendant le sommeil.

♦ L’accès aux réalités invisibles qui constituent la base de la physique épicurienne - élaborée d’abord par Démocrite - est procuré également par le truchement de l’expérience « évidente ». Ainsi la preuve du vide est fournie par le mouvement, car le corps qui se meut « n’a pas de lieu où se déplacer, si tout est plein » ; d’autre part, l’existence de corpuscules invisibles (les atomes) est prouvée par une série de témoignages, comme celui du vent que l’on ne voit pas. Les atomes, insécables et immuables, tombent éternellement dans le vide et donnent naissance aux mondes en nombre infini et aux choses qui se font et se défont grâce à la déclinaison (clinamen) qui est le pouvoir de modifier la direction de la pesanteur, ce qui permet à Lucrèce d’affirmer l’existence chez l’homme de la volonté, faculté de mouvoir notre corps à notre gré. L’esprit est d’ailleurs de même nature que le corps : composé d’atomes plus subtils, il demeure soumis lui aussi à la désagrégation et à la mort. Conçue comme une entreprise de libération à l’égard des superstitions qui accablent les hommes, la physique constitue le fondement de l’art de vivre épicurien.

♦ Les dieux immortels sont incapables de faire du mal aux hommes et la crainte illégitime qu’ils inspirent est liée à celle de la mort et des châtiments dans l’au-delà. Or la mort est l’abolition de toute sensibilité par la dissolution du corps et de l’âme : « Tant que nous sommes, la mort n’est pas ; quand la mort est, nous ne sommes plus. » De même, la crainte de la fatalité inexorable est vaine puisque la liberté - fondée sur la spontanéité des atomes capables de changer de direction -assure la maîtrise de notre conduite.

♦ Le plaisir est « le commencement et la fin de la vie heureuse » et constitue le Bien suprême, dont le modèle parfait nous est fourni par la vie de délices que mènent les dieux dans les « inter-mondes ». Cependant, observe Épicure, « nous ne voulons pas parler du plaisir des débauchés et des jouisseurs », mais de celui qui est accepté au terme d’un discernement réfléchi. Une distinction s’impose entre plaisirs naturels et nécessaires (vivre de peu), plaisirs naturels mais non nécessaires (se nourrir de mets succulents par exemple), et plaisirs ni naturels ni nécessaires (comme le goût du luxe). La sagesse consiste à rejeter les derniers - artificiels et générateurs de peines - et à se contenter des premiers qui permettent d’éviter la souffrance du corps et le trouble de l’âme, selon l’idéal de l’ataraxie, Épicure donnant ainsi la préférence au plaisir en repos, contrairement à l’hédonisme du Cyrénaïque Aristippe qui privilégiait le plaisir en mouvement. En outre, l’accent est mis sur la capacité de l’âme à procurer des plaisirs durables grâce au souvenir et à l’attente, lorsqu’elle fait effort notamment pour « sonner aux souffrances la retraite » par le rappel des joies passées.

♦ En réaction profonde avec l’idéalisme de Platon, le matérialisme d’Épicure, contemporain de la dissolution de la cité grecque, manifeste une méfiance à l’égard de l’agitation politique : l’épicurien cherche à « vivre caché » et aime volontiers l’atmosphère d’une petite communauté soudée par l’amitié (qui ne vaut précisément que dans la mesure où elle procure un plaisir sans mélange). L’individu, qui prend de la sorte une dimension nouvelle, est désormais censé faire « son salut » par ses propres moyens.

♦ Après une longue éclipse due au christianisme, l’épicurisme réapparaît à la Renaissance (Ronsard, Du Bellay, Montaigne). Au XVIIe siècle, la physique d’Épicure inspire Gassendi (1592-1655), ennemi du rationalisme cartésien. Au XIXe siècle, l’utilitariste anglais Stuart Mill se réclame du Maître du Jardin en formulant sa morale du bonheur. Signalons enfin que la doctrine épicurienne - notamment dans sa version littéraire -s’est altérée fréquemment au fil des siècles en une apologie du plaisir facile.
ÉPICURISME. Doctrine philosophique créée par le philosophe grec Épicure. Elle eut son centre à Athènes mais se répandit dans le bassin méditerranéen (surtout en Italie) jusqu'au début de l'ère chrétienne. L'épicurisme fut une morale de la sagesse. Il enseignait que l'homme ne pouvait trouver le plaisir que dans l'absence de troubles (ataraxie). Pour y parvenir, celui-ci devait se délivrer de la crainte des dieux et de la mort.

Épicurisme
Doctrine d’Épicure. Elle comporte une théorie de la connaissance sensualiste (la sensation est l’unique critère du vrai), une physique atomiste (toute réalité est une combinaison d’atomes en mouvement dans le vide) et une morale hédoniste (qui ne prône, contrairement à l’idée reçue, que la satisfaction des désirs naturels). • Fondée par Épicure à Athènes en 306 avant J.-C., l'école dite « du Jardin » s'est répandue dans tout le bassin méditerranéen (et notamment à Rome, avec Lucrèce), jusqu'au début de l'ère chrétienne.

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