Épicure: Pourquoi philosopher ?
Épicure est célèbre pour avoir créé l'école du Jardin où des hommes épris de paix intérieure vivaient dans une sagesse partagée. Avec Épicure, la philosophie n'est pas seulement une recherche de la vérité, elle est aussi un art de vivre.
Problématique
L'expérience la plus fréquente de l'humanité est la souffrance et le malheur. De ce fait, il importe de trouver un chemin pour parvenir à la sérénité, à l'absence de trouble. La conception que l'homme ordinaire se fait des dieux, de la mort, du désir, de la maladie est une source d'inquiétude. Le sage s'efforce, dans la mesure de sa raison, de vivre la vérité que lui procure sa réflexion et d'en retirer la paix de l'âme. Il ressemble alors à un dieu.
Enjeux
La philosophie est pour Épicure une thérapeutique. Elle vise, par un certain usage de la raison, à nous procurer une vie heureuse. Il s'agit, par une maîtrise de ses désirs, de parvenir à la sagesse. Aucun moment de la vie n'est privilégié pour accomplir ce travail, car chaque être humain est dans la situation de périr, et de manquer la vérité. De ce fait, la philosophie s'adresse à tout le monde.
Pourquoi philosopher ?
Que nul, étant jeune, ne tarde à philosopher, ni, vieux, ne se lasse de la philosophie. Car il n'est, pour personne, ni trop tôt ni trop tard, pour assurer la santé de l'âme. Celui qui dit que le temps de philosopher n'est pas encore venu ou qu'il est passé, est semblable à celui qui dit que le temps du bonheur n'est pas encore venu ou qu'il n'est plus. De sorte que ont à philosopher et le jeune et le vieux, celui-ci pour que, vieillissant, il soit jeune en biens par la gratitude de ce qui a été, celui-là pour que, jeune, il soit en même temps un ancien par son absence de crainte de l'avenir. Il faut donc méditer sur ce qui procure le bonheur, puisque, lui présent, nous avons tout, et, lui absent, nous faisons tout pour l'avoir. [...] Qui alors, estimes-tu supérieur à celui qui a sur les dieux des opinions pieuses, qui à l'égard de la mort, est constamment sans crainte, qui s'est rendu compte de la fin de la nature, saisissant d'une part que la limite des biens est facile à atteindre et à se procurer, d'autre part que celle des maux est ou brève dans le temps ou légère en intensité, qui se moque de ce que certains présentent comme le maître de tout, le destin, disant lui, que certaines choses sont produites par la nécessité, d'autres par le hasard, d'autres enfin par nous-mêmes, car il voit que la nécessité est irresponsable, le hasard instable, mais que notre volonté est sans maître, et qu'à elles s'attachent naturellement le blâme et son contraire. [...] Ces choses-là, donc, et celles qui leur sont apparentées, médite-les jour et nuit en toi-même et avec qui est semblable à toi et jamais, ni en état de veille ni en songe, tu ne seras sérieusement troublé, mais tu vivras comme un dieu parmi les hommes. Car il ne ressemble en rien à un vivant mortel, l'homme vivant dans des biens immortels.
- santé de l'âme : la philosophie est plus qu'un savoir, elle est la recherche d'un équilibre entre soi et les autres, soi et la nature, soi et ses désirs. Pour Épicure, à la différence de Platon, la philosophie ne concerne pas une étape de la vie mais toute la vie.
- bonheur : ce n'est pas un état mais le fruit d'une activité. Il suppose une connaissance adéquate des désirs humains et une maîtrise de soi. Pour Épicure, seule la philosophie est capable de donner un bonheur durable à l'homme, car elle lui permet de se détacher de lui-même et de réguler ses désirs.
- sage : figure essentielle de la philosophie, le sage est pour Epicure présent à lui-même, capable de se suffire à lui-même. Il est confiant, n'éprouve aucune crainte à l'égard des dieux, ne craint pas la mort. Il vit dans une forme d'éternité.
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