ÉPICURE : LA MORT N'EST RIEN POUR NOUS
ÉPICURE : LA MORT N'EST RIEN POUR NOUS
Les hommes craignent la mort. Épicure se propose de nous délivrer de cette peur, un des maux qui font que nous ne sommes pas heureux. Nous savons que nous mourrons (notre âme n'est nullement immortelle), mais nous devons savoir que la mort n'est ni un bien ni un mal, parce qu'elle n'est rigoureusement rien pour nous : elle supprime ce qui nous permettrait de la percevoir. Libéré de l'inquiétude, le Sage épicurien peut goûter aux vrais plaisirs de cette vie mortelle.
« Familiarise-toi avec l'idée que la mort n'est rien pour nous, car tout bien et tout mal résident dans la sensation ; or la mort est la privation complète de cette dernière. Cette connaissance certaine que la mort n'est rien pour nous a pour conséquence que nous apprécions mieux les joies que nous offre la vie éphémère parce qu'elle n'y ajoute pas une durée illimitée mais nous ôte au contraire le désir d'immortalité. En effet, il n'y a plus d’effroi dans la vie pour celui qui a réellement compris que la mort n'a rien d'effrayant. Il faut considérer comme un sot celui qui dit que nous craignons la mort non pas parce qu'elle nous afflige quand elle arrive, mais parce que nous souffrons déjà à l'idée qu'elle arrivera un jour. Car si une chose ne nous cause aucun trouble par sa présence, l'inquiétude qui est attachée à son attente est sans fondement. Ainsi, celui des maux qui fait le plus frémir n'est rien pour nous puisque tant que nous existons la mort n'est pas et que quand la mort est là nous ne sommes plus. La mort n’a, par conséquent, aucun rapport ni avec les vivants ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pour les premiers et que les derniers ne sont plus. »
Épicure, Lettre à Ménécée.
ordre des idées
1) Thèse. La mort n'est pour nous ni un bien ni un mal, nous n'avons aucun rapport avec elle.
2) Justification de cette idée. Etre mort, c'est être privé de la sensibilité, seule source de connaissance du bien et du mal.
3) Conséquences sur le plan pratique. Puisque nous n'avons rien à craindre de la mort à venir, nous sommes capables de mieux goûter les plaisirs du présent, sans être troublé par la pensée de la mort future ou un vain désir de ne pas mourir.
4) Réponse à un objection : n'est-ce pas l'idée que nous mourrons nécessairement qui nous trouble ? Épicure répond qu'une telle inquiétude ne peut naître que chez un “sot”, qui n'a pas une notion juste de ce qu'est réellement la mort.
5) Conclusions. La mort n'est rien pour le vivant, rien non plus pour le mort. Cette idée délivre de l'opinion, qui fait abusivement de la mort le mal le plus effrayant.