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ÉPICTÈTE : LA VRAIE LIBERTÉ, ACCEPTER LA NÉCESSITÉ

ÉPICTÈTE : LA VRAIE LIBERTÉ, ACCEPTER LA NÉCESSITÉ

Prendre conscience que nous sommes au monde, au sein d'une Nature dont nous dépendons radicalement, ce n'est pas nécessairement éprouver notre impuissance. Les Stoïciens, dans l'Antiquité, pensent cette Nature comme une puissance divine : comment prétendraient-ils s'en affranchir, comment préfèreraient-ils une illusoire indépendance à la compréhension de l'ordre cosmique qui, seul, donne un sens à leur existence ? La voie de la liberté philosophique est alors dans un consentement à l'Etre, à la compréhension de sa nécessité.

« Puisque l’homme libre est celui à qui tout arrive comme il le désire, me dit un fou, je veux aussi que tout m’arrive comme il me plaît.—Eh ! mon ami, la folie et la liberté ne se trouvent jamais ensemble. La liberté est une chose non seulement très belle, mais très raisonnable, et il n'y a rien de plus absurde ni de plus déraisonnable que de former des désirs téméraires et de vouloir que les choses arrivent comme nous les avons pensées. Quand j'ai le nom de Dion à écrire, il faut que je l'écrive, non pas comme je veux, mais tel qu’il est, sans y changer une seule lettre. Il en est de même dans tous les arts et dans toutes les sciences. Et tu veux que sur la plus grande et la plus importante de toutes les choses, je veux dire la liberté, on voie régner le caprice et la fantaisie. Non, mon ami : la liberté consiste à vouloir que les choses arrivent, non comme il te plaît, mais comme elles arrivent. »

Épictète, Entretiens, I, 35

ordre des idées

1) Une définition irréfléchie de la liberté : celle d’un fou (= non sage, non philosophe) : être libre serait vouloir que tout se produise selon notre pensée, notre désir.

2) Critique de cette définition par le Sage stoïcien : c'est celle d'une liberté folle, non sage ou raisonnable. —Raison de cette folie : comme les événements ne dépendent pas de nos pensées [ mais d'un Ordre naturel, rationnel, nécessaire et fatal, que connaît seul le Sage stoïcien ], vouloir les diriger par notre pensée est vouloir l'impossible : c'est irrationnel, absurde. — Image éclairant notre vrai rapport au réel : les lettres du mot réel “Dion” ne suivent pas l’ordre que je veux, mais un ordre nécessaire, qui ne dépend pas de moi.

3) Définition philosophique de la liberté selon la sagesse stoïcienne : vouloir que les choses arrivent comme elles arrivent, non comme je voudrais qu'elles arrivent Le Sage comprend la nécessité de ce qui arrive, il l'accepte donc, non comme une réalité simplement inévitable, mais réellement bonne. [ Aucun autre ordre du monde n'est possible. Ce monde est parfait, divin ; le Sage est parfaitement heureux parce qu'il veut cet ordre, dont il connaît l'harmonie absolue, à la différence du fou, toujours déçu et qui s'épuise à vouloir que son rôle ne soit pas celui qu'a écrit pour lui la Nature.]

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