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épanorthose

Une épanorthose est une figure macrostructurale. Elle est à l’œuvre lorsque, dans le discours, le développement se réalise sur un système d’opposition : une qualité est présentée négativement, puis positivement, de telle sorte que l’assertion positive apparaisse comme un renforcement par rapport à l’assertion négative préalable. La figure est bien macrostructurale dans la mesure où, d’une part, l’effet de sens essentiel ne réside ni dans la négation ni dans l’affirmation renforçante, mais dans la confrontation des deux et où, d’autre part, diverses formes lexicales et grammaticales peuvent supporter l’épanorthose. Ex. :
Et tout à coup nous nous regardâmes, tous gestes suspendus : dans la cour de la prison, des voix de femmes hurlaient La Marseillaise. Ce n’était pas le chant solennel des prisonnières au moment du départ pour le camp d’extermination, c’était le hurlement que l’on entendit peut-être quand les femmes de Paris marchèrent sur Versailles. (Malraux, Antimémoires)
Il faut normalement tout l’entourage pour comprendre le fonctionnement de la figure macrostructurale, et on reconnaîtra que l’on est même obligé d’avoir recours ici aux connaissances encyclopédiques de l’histoire de la Révolution et de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Entre Ce n’était pas le chant solennel... et c’était le hurlement... réside le sens même de l’énoncé, irréductible à l’une et à l’autre expression, même si s’impose davantage l’influence renforcée de la seconde : sinon, on ne verrait nulle pertinence à l’évocation de la première, et l’on remarque en outre qu’en l’occurrence, le fait indiqué dans la seconde expression est purement imaginaire.
L’épanorthose est donc une figure assez délicate.
=> Figure, macrostructurale; antithèse, antéisagoge; description négative; anthorisme.