Encyclopédie

1751-1772, Bordas, G.-F.

• Œuvre d'une société de gens de lettres et d’artistes, [Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers reste, avec ses dix-sept volumes de textes et ses onze volumes de planches, le symbole de l’esprit français du xviiie siècle.

• Le libraire Le Breton avait songé en 1745 à traduire la Cyclopoedia anglaise de Chambers. En 1747, il en confie la direction à Diderot et d’Alembert, qui vont en faire une œuvre originale. Le prospectus de lancement est diffusé en novembre 1750, le premier volume publié en juin 1751. L'Encyclopédie fut immédiatement en butte aux attaques du parti dévot mené par les jésuites. Il y eut d’innombrables obstacles à surmonter avant de parvenir à la publication du dernier volume de textes (1766) et du dernier volume de planches (1772). À Diderot, resté seul directeur après la défection de d’Alembert en 1758, revient le mérite de son achèvement. Les meilleurs spécialistes du moment ont été mis à contribution. Leurs origines très diverses (parlementaires, fonctionnaires, membres des professions libérales, ecclésiastiques, gens de lettres), à l’exclusion de la noblesse de cour et d’épée et du haut clergé, prouvent les larges assises du parti philosophique qui exprime l'idéologie de la bourgeoisie montante et en manifeste le dynamisme. Bilan des connaissances humaines, l'Encyclopédie est un éloge des conquêtes de l’homme qui n’est plus envisagé dans sa traditionnelle subordination métaphysique à Dieu, mais dans sa souveraineté propre sur le monde, comme le terme unique d'où il faut partir et auquel il faut tout ramener (article Encyclopédie, où se manifeste l'humanisme athée de Diderot). C’est aussi un acte de foi dans l’avenir de l'homme et ses progrès que les Encyclopédistes ont le désir de servir en diffusant les lumières du savoir. Au dogmatisme religieux et au fanatisme qu’il engendre, l'Encyclopédie oppose la raison et la tolérance. Sa partie scientifique, très solide pour l’époque, développe le goût d’une nouvelle sorte de certitudes et vient élargir la notion de culture. Onze volumes de planches sur les techniques et les métiers la complètent. Sur le plan politique, l'Encyclopédie dresse en face de la tradition monarchique le principe de la souveraineté du peuple et définit les droits de l’individu (liberté des personnes, liberté de pensée et d'expression). En toute circonstance, elle oppose le droit à la force. Enfin, et c’est son aspect peut-être le plus original, elle met en valeur l’importance des faits économiques et la dignité des métiers et du travail technique.

• Grande œuvre rationaliste, l'Encyclopédie affirme les valeurs nouvelles sur lesquelles s’est édifié le monde moderne.