EMPIRE BRITANNIQUE
EMPIRE BRITANNIQUE
Entre le xvie siècle et le début du xxe, l’Angleterre a étendu sa domination sur le quart des terres émergées. Amorcée sous le règne d’Élisabeth Ire (1558-1603), la conquête coloniale a d’abord concerné le continent nord-américain et les Caraïbes des îles à sucre. La perte des treize colonies américaines en 1783 a sonné la fin d’un premier empire. La côte ouest de l’Afrique a fourni jusqu’à l’interdiction de la traite des Noirs, en 1807, un « bois d’ébène » destiné surtout aux deux Amériques. Dès 1763, l’Inde, sous l’égide jusqu’en 1857 de la Compagnie des Indes orientales, tend à être considérée comme une « perle » autour de laquelle s’organise « empiriquement » un système territorial fait, de la Méditerranée à l’Afrique, d’un ensemble de bases et de comptoirs. La mainmise sur l’Égypte, à partir des années 1880, détermine les grands axes de la curée africaine, à la recherche d’une continuité du Cap au Caire. Les mappemondes, dès l’époque victorienne, se teintèrent résolument de rouge, couleur des possessions britanniques. À la fin de la Grande Guerre, l’obtention de mandats au Proche-Orient et au Moyen-Orient (en Irak, en Palestine et en Transjordanie) parachèvera un ensemble alors fait de 33 millions de kilomètres carrés, sur lequel « le soleil ne se couche jamais ».
Une imposante « thalassocratie ».
La mer a uni zones tempérées et régions tropicales en une imposante « thalassocratie ». Le canal de Suez, achevé en 1869, est l’un de ses axes essentiels.
À cet empire visible sur les cartes, les historiens ont coutume d’ajouter un « empire informel » de « colonies sans drapeau », soit parce que nombre de sujets britanniques s’y sont établis, soit parce que l’emprise économique y déterminait une domination de fait. Aux xixe et xxe siècles, des portions de la Chine - dont la vallée du Yangzi -, l’Argentine et le Brésil, et même, avant la guerre de Sécession de 1861-1865, les États du sud des États-Unis, en auraient fait partie pour des durées variables. Le contrôle, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, des principaux câbles sous-marins assurant la transmission des dépêches télégraphiques a aussi valu aux Britanniques un véritable empire des communications.
L’« exportation des hommes », quelque dix-huit millions d’émigrés entre 1840 et 1914, a contribué à garantir, par-delà des différends parfois précoces au Canada ou avec les colonies australiennes, une indéniable homogénéité de civilisation, moins sensible il est vrai aux yeux des Irlandais d’origine. Le sentiment de constituer une grande branche en exil d’une « race » britannique a souvent constitué, au bénéfice de la monarchie britannique, et par conséquent de la préservation de liens même relâchés, un facteur très original et profond.
Les Anglais, à toutes les époques, par calcul politique ou, dans les territoires de peuplement européen, par une nécessité rendue évidente par la révolution américaine, ont conféré à leurs colonies des libertés locales plus ou moins étendues. Ils ont entendu « exporter » les principes de leur droit et de leur justice, en affichant leur respect des « coutumes », de la « jurisprudence ». La Couronne a partout été présentée comme le ciment visible de l’unité. Tous ces principes ont essentiellement été appliqués dans ce que l’on a appelé les « dominions » : le Canada, en 1867, est le premier à être doté de la souveraineté interne. L’Australie et la Nouvelle-Zélande suivent en 1907, l’Afrique du Sud en 1910, l’État libre d’Irlande en 1922. Leur souveraineté internationale est le fruit de la Grande Guerre et d’évolutions constitutionnelles qui aboutissent, en 1931, au statut de Westminster et à la création du Commonwealth britannique des nations. L’empire, considéré par ses partisans comme un espace de paix, a apporté au xxe siècle ses hommes, sa richesse et sa contribution financière aux efforts de guerre communs.
Amorcée en 1947 en Inde et au Pakistan, la décolonisation contemporaine s’accélère à partir de 1957-1965 et s’achève pratiquement le 1er juillet 1997 avec la rétrocession de Hong Kong à la Chine. Le Commonwealth des nations, nouvelle appellation à partir de 1950, inclut aujourd’hui la plus grande partie de ce qui fut l’empire, et même un territoire anciennement portugais, le Mozambique. En 2000, ce Commonwealth réunissait cinquante-quatre nations.
Liens utiles
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