EMPIRE BELGE
EMPIRE BELGE
Au moment du partage de l’Afrique entre les puissances européennes lors de la conférence de Berlin en 1885, la Belgique, petit pays européen, ne semblait pas en mesure de conquérir un pays vaste et stratégique comme celui qui deviendra le Congo-Kinshasa. Elle se verra de plus confier, au début du xxe siècle, deux autres territoires, le Ruanda et l’Urundi (actuels Rwanda et Burundi). Au départ, c’est l’action de son roi, Léopold II (1865-1909), qui paraît déterminante.
À la conférence de Berlin, Léopold II obtient le Congo comme propriété individuelle, à charge pour lui de créer un État assumant la liberté du commerce de transit pour les autres pays signataires de l’acte général. Il est même envisagé un droit de préemption au profit de la France en cas de faillite. En 1908, le roi cède le Congo à la Belgique. La modernisation de l’exploitation économique est engagée avec la création de grandes entreprises minières et agricoles. Pendant la Grande Guerre, la présence de la Belgique aux côtés des Alliés amène la colonie à apporter son concours économique et militaire à la lutte contre l’Allemagne. La défaite de celle-ci lui fait perdre ses colonies, dont le territoire alors appelé « Ruanda-Urundi » qui est confié sous mandat à la Belgique par la Société des Nations (SDN). Le rattachement administratif au Congo belge n’interviendra qu’en 1925.
Politique " ethnique " et ségrégation sociale.
Les trois territoires dépendent du ministère des colonies à Bruxelles. Un gouverneur général est installé à Léopoldville (actuelle Kinshasa) pour le Congo et un vice-gouverneur pour le Ruanda-Urundi réside à Bujumbura. Ces deux dernières entités territoriales ont pour traits communs une même composition ethnique, un dynamisme démographique comparable sur un territoire exigu (respectivement 26 338 km2 et 27 834 km2) et un manque de ressources naturelles. La Belgique organise des implantations de leurs populations dans sa colonie voisine, vaste (2 345 000 km2), riche et peu peuplée. Au Congo, elle recourt à une politique d’administration à la fois directe et indirecte, renforçant le pouvoir de certains chefs locaux, même dépourvus de légitimité. Au Ruanda-Urundi, la gestion est plus indirecte, tendant à impliquer les royautés (clans Nyiginya et Nganwa) qu’elle aide même à étendre leur pouvoir sur des régions qu’elles contrôlent encore mal, comme au nord du Ruanda. Cela favorise la minorité tutsi aux dépens de la majorité hutu, contrairement au Congo où souvent la chefferie regroupe plusieurs communautés, ce qui exige ou nécessite de doser l’octroi des privilèges.
Les « indigènes » des trois territoires ont un statut de sujet belge placé au plus bas de la hiérarchie sociale. Celle-ci distingue « au-dessus » les Blancs, au milieu les « sang mêlé » ou mulâtres et, au bas de l’échelle, les Noirs, avec des spécifications pour chaque cas. Au Congo, les « évolués » (les intellectuels) sont les mieux considérés ; au Ruanda-Urundi, c’est plutôt le cas de la classe dirigeante minoritaire. Les Noirs n’auront pas accès à la propriété individuelle avant 1953. « Colour bar », la politique de séparation raciale, a pour soubassement la thèse de la supériorité de la civilisation (occidentale) sur la barbarie (la culture africaine). Cette séparation n’est pas théorisée sous une forme très élaborée, comme en Afrique du Sud, mais elle est fort pratiquée : au niveau de l’emploi et des salaires, des écoles, dans les églises, les résidences…
Décolonisations bâclées.
La Belgique est poussée au cours des années 1950 à engager de faibles réformes, puis à concéder l’indépendance aux trois pays sans aucune préparation. Celle du Congo intervient le 30 juin 1960 et le pays sombre quelques jours plus tard dans l’anarchie et les guerres. Pour le Ruanda, l’organisation d’un référendum en 1958 aboutit au remplacement de la monarchie par une république ; les violences s’exacerbent, ce qui conduit une grande partie des Tutsi à s’exiler dans les pays voisins. Le Ruanda et le Burundi accèdent à l’indépendance le 1er juillet 1962. Grégoire Kayibanda, Hutu du Sud, devient le premier président du Ruanda (1962-1973), le Burundi ayant conservé la monarchie tutsi jusqu’au coup d’État de Michel Michombero (1966-1977) en 1966. Ensuite, malgré des périodes de stabilité, les trois pays ont connu de violentes crises liées au contrôle du pouvoir. Les décolonisations manquées leur auront, il est vrai, donné un mauvais départ.
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