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ÉMOTION

ÉMOTION, n.f. (lat. e-movere «faire sortir hors de»). ♦ 1° Sens fort et étroit. L’émotion est un état affectif violent et passager, qui ébranle corporellement son sujet et se manifeste par des troubles organiques : évanouissement, rougeur ou pâleur du visage, tremblements, modification du rythme cardiaque ; et des perturbations psychiques : confusion des idées, blocage de la mémoire, difficultés d’élocution, perte du sens critique. Ex. : la peur, la colère, la surprise. ♦ 2° Sens plus large. Une distinction a été proposée entre l’émotion-choc, celle que nous venons de décrire, et l’émotion-sentiment, par exemple l’espérance, la joie ou la tristesse et l’abattement, dans lesquelles les manifestations psychophysiologiques sont beaucoup moins importantes. Il semble même que les émotions-sentiments stimulent les fonctions psychiques au lieu de les perturber. Par exemple, elles peuvent donner de l’éloquence, être source d’inspiration. En ce sens, Bergson parle d’émotion créatrice. L’émotion est toujours un état affectif plus complexe, plus riche et plus nuancé que le plaisir ou la douleur. Elle est momentanée ou temporaire, et se distingue en cela de la passion qui est un état permanent, au moins dans une période de l’existence. L’émotivité est une disposition caractérologique essentielle dans la classification des caractères d’Heymans et Wiersma et Le Senne. W. James a soutenu une théorie physiologique des émotions. Pour Sartre (Esquisse d’une théorie des émotions, 1939), l’émotion n’est pas simplement l’expression d’une désadaptation. Le sujet s’efforce de s’adapter à la situation nouvelle, par exemple en la niant (il s’évanouit).

ÉMOTION

État affectif violent et passager vécu comme un trouble - agréable ou pénible -psychophysiologique. Beaucoup la considèrent comme un phénomène de désadaptation à la réalité. Sartre, cependant (Esquisse d’une théorie des émotions, 1939), voit en elle une conduite dotée de sens, au moyen de laquelle le sujet s’efforce de s’adapter au monde en le changeant ou en le niant magiquement (par exemple lorsque la vue d’un animal dangereux provoque l’évanouissement). Notons la distinction classique entre l’« émotion-choc » (ou « choc émotionnel ») qui se traduit par des réactions violentes mais brèves, et l’« émotion sentiment » plus durable et plus diffuse, comme la pitié, la compassion ou l’émotion esthétique.

émotion, réaction globale, intense et brève, de l’organisme à une situation inattendue, accompagnée d’un état affectif de tonalité pénible ou agréable. Les émotions occupent une place fondamentale en psychologie, car elles sont étroitement liées aux besoins, aux motivations, et peuvent être à l’origine de troubles mentaux ou psychosomatiques. Malgré les nombreux travaux effectués, la nature, le mode d’action, la fonction de l’émotion restent hypothétiques. On a particulièrement bien étudié ses manifestations physiologiques (modification des rythmes cardiaque et respiratoire, relâchement des sphincters, sécheresse de la bouche, transpiration, etc.), ses répercussions sur les fonctions mentales (augmentation de la suggestibilité, diminution du contrôle volontaire) et les conduites qu’elle suscite (pleurs, fuite...) ; on a dégagé, dans l’expression des émotions, la part due à la culture (en Chine, la colère fait ouvrir des yeux ronds). Mais les conditions de l'émotion et ses bases psychophysiologiques sont encore mal connues. L’émotion dépend non seulement de la nature de l’agent émotionnel, mais, surtout, de l’individu, de son état actuel physique et mental, de sa personnalité, de son histoire personnelle, de ses expériences antérieures. S’il existe des émotions collectives dues à certaines conditions exceptionnelles qui ont, pour la plupart des personnes, la même signification (panique consécutive à un tremblement de terre), l’émotion reste essentiellement individuelle. D’une façon générale, elle se manifeste lorsque le sujet est surpris ou quand la situation dépasse ses possibilités. Elle traduit sa désadaptation et l’effort de son organisme pour rétablir l’équilibre momentanément rompu. L’émotion n’est pas la prise de conscience des réactions physiologiques dues à cette désadaptation, ainsi que le pensait W. James (« j’ai peur parce que je tremble »), mais la connaissance de la signification de la situation (« l’ours est dangereux ») et la démobilisation des défenses personnelles (je me laisse envahir par l’émotion). Ce qui explique le comportement de certains rescapés de catastrophes (emmurés au fond d’une mine, par exemple), qui s’évanouissent ou sont pris de tremblements nerveux peu après avoir été sauvés. En général, les désordres physiologiques dus aux émotions sont temporaires. Mais il arrive que le choc émotionnel soit si violent ou si persistant que l’organisme s’épuise à rétablir l’équilibre et que des lésions, telles que l’ulcère gastrique, apparaissent (Selye). La médecine psychosomatique a mis en évidence le rôle important des facteurs émotionnels dans de nombreuses affections aussi diverses que l’asthme, l’eczéma, l’obésité ou la tuberculose pulmonaire.

émotion, manifestation de la vie affective, généralement accompagnée d'un état de conscience agréable ou pénible. — L'émotion est un trouble de durée variable, une rupture d'équilibre. Trouble parfois violent, qui entraîne une augmentation des mouvements (par exemple, la colère, l'enthousiasme) ou, au contraire, un arrêt des mouvements (par exemple, la peur, le « coup de foudre » en amour) ; l'émotion agit donc tantôt à la façon d'un excitant, tantôt à la façon d'un stupéfiant. Les répercussions sur le corps peuvent aller jusqu'à la syncope, mais se limitent le plus souvent à la sécheresse de la bouche, la rougeur ou la pâleur du visage, J'horripilation de la peau (hérissement ou « chair de poule »). Certains pensent que l'émotion est un signe de désadaptation à la réalité : en fait, il n'y a désadaptation que lorsque à une « cause » très faible correspond une « réaction émotive » disproportionnée, par suite d'un contrôle insuffisant des centres cérébraux. En règle générale, l'émotion reste donc un déséquilibre transitoire, qui marque l'effort accompli par l'organisme pour se plier aux circonstances. Selon la nature du trouble ainsi créé, on distingue l'émotion-choc (expression aujourd'hui vieillie, que l'on remplace par celle de « choc émotionnel ») et l'émotion-sentiment; la seconde est plus durable que la première, mais plus diffuse (par exemple, l'émotion morale, l'émotion esthétique, l'euphorie). Nature de l'émotion. — On a pendant longtemps considéré l'émotion comme une réaction : par exemple, je vois un ours, j'ai peur (émotion), je fuis. Dans l'Esquisse d'une théorie des émotions, Sartre a montré que l'émotion n'est pas une réaction, mais une conduite de l'homme; c'est l'homme qui la produit et l'entretient : par exemple, celui qui est obligé de -reconnaître ses torts ou de prendre une initiative dont la responsabilité lui pèse peut « se mettre en colère » afin de nier la situation. L'émotion est une conduite magique, un effort pour changer le monde par ses seules forces psychiques. Toute émotion a un sens, révèle une intention qui peut être inconsciente. Bref, nous sommes responsables de nos émotions; elles expriment le choix que nous faisons de notre personnalité.

EMOTION. L’émotion représente l’aspect psychologique aigu de l’instinct, dont l’aspect psychologique constant est la tendance. Par l’émotion une part de l’énergie provenant de l’instinct est détournée de sa fonction originelle.

L’émotion est l’ensemble de manifestations motrices et neurovégétatives survenant en réaction à la rupture de l’équilibre psycho-biologique interne, généralement consécutive à une modification brutale des rapports entre l’individu et son environnement physique et social. Ainsi défini, le comportement émotionnel apparaît comme une activité adaptative. Dans ses limites physiologiques, il permet en effet d’ajuster le fonctionnement de l’organisme aux besoins immédiats dont la satisfaction est nécessaire au maintien de l’intégrité de l’individu. On peut, au contraire, définir l’émotion comme une décharge d’énergie supérieure à celle simplement nécessaire à l’accomplissement d’une conduite, ou encore comme une réponse dont l’intensité inhabituelle et anormalement élevée est génératrice de processus étrangers à la réaction adaptée. L’émotion est ici considérée comme un débordement inopportun et inopérant, un trouble massif et global de l’adaptation correspondant à un niveau de vigilance dont l’intensité excessive entrave l’accomplissement harmonieux des conduites. L’émotion est une composante normale de tout comportement, nécessaire à l’équilibre des conduites. Toutefois, il est évident que ce mécanisme régulateur peut connaître des perturbations qui le feront dépasser son objet et pourront être à la base de troubles comportementaux et psychiques graves. L’émotion n’est pas, en soi, pathologique, mais il existe une pathologie de l’émotion. Ainsi, lorsque les moyens physiologiques habituels sont insuffisants ou inadaptés, un état de déséquilibre plus ou moins permanent peut s’instaurer et conduire au développement de troubles chroniques, de nature psychosomatique ou comportementale (troubles du sommeil ou du comportement sexuel par exemple). Les principaux indices de l’émotion sont de type électro-encéphalographique et surtout neurovégétatif (rythmes cardiaque et respiratoire, vasomotricité, réponse électrodermale, etc.). Le déroulement physiologique des processus émotionnels met en jeu un certain nombre de structures nerveuses, généralement non spécifiques mais largement interdépendantes (hypothalamus, hippocampe, complexe amygdalien) dont le fonctionnement harmonieux suppose une étroite synergie de leurs activités pharmacologiques, notamment en ce qui concerne l’équilibre entre catécholamines, acétylcholine et vraisemblablement sérotonine. Des drogues permettent d’intervenir sur ces substances cérébrales, et donc, ainsi, de corriger certains dérèglements émotionnels. Les manifestations de l’émotion concernent à la fois les sphères motrices et neurovégétatives. Il est important de noter qu’une forme d’expression est généralement privilégiée et que des sujets calmes et peu émotifs en apparence peuvent développer des troubles psychosomatiques, notamment viscéraux (ulcère à l’estomac, infarctus du myocarde), très importants, que l’on ne rencontrera que rarement chez les sujets extériorisant violemment leurs accès émotionnels. Il faut donc conserver une attitude prudente face aux manifestations de de l’émotion. D’une part, il ne faut pas considérer comme trouble une composante nécessaire à l’accomplissement harmonieux et gratifiant d’un comportement, et, d’autre part, il ne faut pas négliger le caractère singulièrement pathologique de certaines formes d’inhibition de cette composante émotionnelle qui débouchent généralement sur une symptomatologie psychosomatique très importante. Le caractère social de l’émotion mérite enfin d’être souligné. Le comportement émotionnel apparaît en effet comme une réponse biologique dont la signification sociale interfère avec l'élaboration, le développement, et surtout avec la permanence du schéma corporel dans l’espace et la durée. Alors que les techniques analytiques classiques mettent l’accent sur la verbalisation et finalement la rationalisation des affects, les techniques de l’imagerie mentale privilégient au contraire l’expression des composantes émotionnelles. La régulation du comportement émotionnel s’opère à la fois par la résurgence d’images et d’affects correspondant à une situation conflictuelle antérieurement vécue — résurgence qui peut être exclusivement symbolique — et par la résolution, vécue dans l’image, de ces mêmes conflits. L’analyse des mécanismes de l’émotion n’est qu’une façon d’envisager la question générale de l’affectivité. Elle doit être complétée par l’étude des motivations et des pulsions, de l’agressivité, du plaisir et de la douleur, etc., à leurs différents niveaux : physiologique, psychologique et social. Le psychothérapeute doit se garder d’ignorer les aspects biologiques fondamentaux de l’affectivité, notamment en ce qui concerne les mécanismes neurobiologiques qui assurent la continuité du système vivant. Il peut être intéressant, par exemple, de rapprocher la conception neurophysiologique d’un système de la récompense et d’un système de la punition, des notions de pulsions de vie et pulsions de mort. Toutefois, contrairement au modèle freudien, les deux systèmes neurobiologiques, bien qu’antagonistes, concourent ensemble à la conservation de l’individu. Adaptation ou désorganisation : la question de la finalité de l’émotion est toujours ouverte .

(Voir aussi : Affectivité, Agressivité, Cerveau, Electro-encéphalographie, Imagerie mentale, Médiateur chimique, Onirothérapie, Psychopharmacologie, Psycho-somatique, Réponse électrodermale, Schème d'intégration, Vigilance.)

ÉMOTION 1. — (Stricto) État affectif violent et passager. 2. — (Lato) Tout état affectif.




Émotion

Du latin emovere, « remuer », « ébranler ». État affectif violent et passager, accompagné de certaines réactions physiques (rougeur, transpiration, tremblement, etc.). • Plus violente qu'un sentiment, l'émotion est également moins durable. La colère, la peur, la surprise ou l'enthousiasme sont des émotions.

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