Databac

ELTSINE Boris Nicolaïevitch

ELTSINE Boris Nicolaïevitch (1931-)

Dirigeant communiste soviétique, puis président de la Fédération de Russie (1991-1999).

Ingénieur de formation, Boris Eltsine, originaire de la région de Sverdlovsk, monte rapidement les échelons dans l’appareil du PCUS (Parti communiste de l’Union soviétique). En 1985, il accède à la direction de l’organisation de Moscou. Chassé de son poste en 1987 par le chef du Parti Mikhaïl Gorbatchev, il devient une figure de proue du mouvement démocratique au sein du Congrès des députés élu en 1989. Élu président du Soviet Suprême (parlement) de la Russie en mai 1990, il est l’un des artisans de la déclaration de souveraineté de cette dernière (juin 1990). B. Eltsine, qui démissionne bruyamment du PCUS en juillet 1990, s’oppose désormais frontalement à M. Gorbatchev, dont il réclame la démission en février 1991. Élu le 12 juin 1991 président de la Fédération de Russie par plus de 57 % des suffrages exprimés, B. Eltsine s’inscrit dorénavant dans une stratégie de rupture avec le projet de renouveau de l’Union de M. Gorbatchev, incarnant une « Russie démocratique » et tenant tête au « totalitarisme soviétique ». L’échec de la tentative de putsch d’août 1991 propulse le président russe sur le devant de la scène soviétique et mondiale. En décembre 1991, M. Gorbatchev est contraint de s’effacer. L’URSS disparaît.

B. Eltsine, qui proclamait son souci de « justice sociale », s’affichant « profondément étranger » au passé de l’URSS, préside à des changements qui modifient en profondeur le visage de la Russie. Les réformes économiques entreprises début 1992 plongent une partie importante de la population dans la pauvreté ; la nouvelle Russie, bien qu’affaiblie, ne renie plus son passé impérial russe et soviétique. À l’automne 1993, la crise qui couvait entre le Parlement et la Présidence débouche sur une épreuve de force. Le 21 septembre, le président, fort de l’appui que lui ont apporté les électeurs lors du référendum du 26 mars, dissout le Parlement, en violation de la Constitution. Le 4 octobre, l’armée s’empare de la Maison-Blanche après un siège sanglant. Deux mois plus tard, dans le cadre de la nouvelle Constitution, les Russes accordent au président des pouvoirs élargis. Fin 1994, ce dernier donne le « feu vert » à la première guerre de Tchétchénie.

Celui qui galvanisait la foule des Moscovites lors de la tentative de putsch d’août 1991 a laissé la place à un homme malade, prématurément usé. Imprévisible, souvent fantasque, il subit fortement l’influence de son entourage, la « famille » omniprésente, et des amis qui se recrutent au sein de l’oligarchie. Le 3 juillet 1996, le président est réélu à l’issue d’une campagne électorale orchestrée par des médias largement contrôlés par les oligarques. Cible de nombreuses accusations au travers des agissements de la « famille », d’une santé apparemment dégradée, il démissionne le 31 décembre 1999 au bénéfice de son Premier ministre Vladimir Poutine.

Eltsine, Boris (né à Boutka en 1931); homme politique russe.

Né à Boutka le 1er février 1931, un petit bourg de la région de Sverdlovsk (Iekaterinbourg), en plein cœur de l’Oural, baptisé selon le rite orthodoxe, E. appartient à la petite paysannerie contrainte d’abandonner les champs pour travailler à l’usine. Enfance difficile, écrit-il, mais très vite, selon son autobiographie, se dégage un caractère de chef : il est délégué de classe. Alternent mauvaises notes de conduite et résultats brillants : le garçon, forte tête, est renvoyé de l’école, mais obtient la sanction du professeur qui l’avait injustement accusé. Études à l’institut polytechnique Kirov à Sverdlovsk, section construction. Parallèlement, il devient un excellent joueur de volley-ball malgré le handicap d’une mutilation de deux doigts à la main gauche. Voyages à travers l’URSS, exploits en tous genres, « dix-neuf ou vingt heures » de travail par jour, le jeune diplômé tient à exercer lui-même tous les métiers de ceux qu’il aura à commander. Il est contremaître puis gravit les échelons, en déclarant « la guerre aux vols » dans son entreprise. En 1963, il est nommé à la tête d’une grande entreprise de la région de Sverdlovsk. Efficace, volontaire, rouspéteur, il se fait remarquer. En 1969, il entame une carrière d’apparatchik avec le poste de chef du département de la construction au comité de région du Parti. Sept ans plus tard, il est premier secrétaire du Parti pour la région de Sverdlovsk. En 1985, il est appelé à Moscou à la tête du département de la Construction, avec rang de secrétaire du Comité central. À la fin de l’année, il est nommé Premier secrétaire de l’organisation moscovite du Parti, ce qui lui permet d’accéder au Bureau politique comme suppléant, en février 1986. E. appartient dès lors à la nomenklatura. « Patron » de Moscou, il part en guerre contre la gabegie, la bureaucratie et le marché noir. Il devient populaire. Le 21 octobre 1987, coup d’éclat : E. démissionne pour cause d’opposition à la perestroïka. On ne va, dit-il, ni assez vite, ni assez loin. Ses prises de position ont indisposé Gorbatchev lui-même. Aussi est-il limogé de ses fonctions de Premier secrétaire ; l’affrontement a été rude : « Je ne te permettrai plus jamais de te mêler de politique », lui annonce Gorbatchev. Commence une reconquête du pouvoir au cours de laquelle E. sait magistralement utiliser les circonstances. Ainsi en mars 1989, il est élu député de Moscou au nouveau Congrès des députés du peuple de l’URSS. Avec l’historien Afanassiev et le physicien Sakharov, il fonde le groupe international des députés qui, fort de 393 élus sur 2 250, devient le premier mouvement d’opposition à Gorbatchev. En septembre 1989, E. se rend aux États-Unis, où il ne bénéficie pas d’un accueil chaleureux. On lui préfère Gorbatchev qu’il continue de critiquer. En mars 1990, il est élu député de Sverdlovsk et devient le 29 mai président du Parlement de Russie, la plus puissante des Républiques soviétiques. Il est maintenant le rival de Gorbatchev. Le 12 juin 1991, il est élu à la présidence de la Russie. En juillet, il décrète l’interdiction des activités politiques sur les lieux de travail, en quelque sorte une condamnation des activités du parti communiste soviétique. Aussi lors de la tentative de reprise en main du 19 août 1991 par le pouvoir central soutenu par une partie de l’armée et alors que Gorbatchev était écarté, c’est E. qui tient tête aux putschistes. Acclamé, reconnu désormais par les gouvernements occidentaux, il suspend le PC, abolit l’Union soviétique en créant la CEI (Communauté des États indépendants) et engage la Russie dans de vastes réformes institutionnelles, sociales, politiques et économiques. Sa popularité décroît tandis que grandit une opposition composée de nationalistes et de conservateurs menés par le président du Parlement, Rouslan Khasboulatov, et le vice-président Alexandre Routskoï. Fin septembre 1993, ces derniers s’enferment à Moscou dans la Maison-Blanche où siège l’Assemblée ; ils sont arrêtés et condamnés. D’une santé chancelante, E. ne réussit guère à réformer l’économie et l’administration de la Russie, s’empêtre dans le conflit tchétchène et perd les élections législatives de décembre 1995 au bénéfice des anciens communistes.

Bibliographie: B. Eltsine, Jusqu’au bout, 1990 ; J. Reinhardt, Boris Eltsine. Le réveil russe, 1992.




IELTSINE ou ELTSINE, Boris Nikolaïevitch (Sverdlovsk, 1931 -). Homme politique russe. Leader de l'opposition démocratique dans l'ex-URSS, président, en 1991, du Soviet suprême issu des élections libres de mars 1989, Boris leltsine devint en juin 1991 président élu au suffrage universel de la République de Russie. Il s'opposa, en août 1991, à la tentative de coup d'État conservateur dirigé contre Mikhaïl Gorbatchev puis, après la dissolution de l'URSS (décembre 1991), devint chef d'État de la Fédération de Russie. Malgré le soutien financier décidé, à partir de 1992, par le G 7 (groupe des 7 pays les plus industrialisés), Boris Ieltsine est confronté, sur le plan économique, à la difficile transition de la Russie vers l'économie de marché. Sur le plan politique, face à l'opposition du Soviet suprême qui revendiquait la légitimité du pouvoir, Boris leltsine a décidé la dissolution (septembre 1993) et l'intervention armée (octobre 1993) contre les députés d'opposition qui, refusant la décision du président de Russie, avaient occupé le siège du Parlement (la Maison Blanche) à Moscou. En décembre 1993, une nouvelle Constitution fut adoptée par référendum et une nouvelle Assemblée fédérale élue, les élections législatives ayant consacré l'avancée de l'extrême droite ultra-nationaliste de Vladimir Jirinovski (près de 25 % des suffrages) arrivée en seconde position derrière la coalition (« Choix de la Russie ») des partisans de Boris leltsine. En politique étrangère, Boris leltsine tente de donner à la Russie une position de leader au sein de la CEI. En 1994, il a signé avec les États-Unis et l'Ukraine un accord sur le démantèlement de l'arsenal nucléaire stationné en Ukraine, et imposé la médiation de la Russie dans le conflit bosniaque. En 1995, il a déclenché de violentes opérations militaires pour empêcher la Tchétchénie de sortir de la fédération.

Liens utiles