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Électre de Jean GIRAUDOUX

Électre de Jean GIRAUDOUX, 1937, Le Livre de poche.

• Cette pièce en deux actes reprend un épisode de la légende des Atrides, celui où Oreste, aidé de sa sœur Électre, tue sa mère Clytemnestre et l’amant de celle-ci, Égisthe, pour venger son père, Agamemnon, lui-même assassiné naguère par son épouse infidèle.

• L’action se déroule à Argos. Alors qu’Égisthe, devenu roi, veut contraindre Électre à épouser un jardinier pour l’exclure du palais, Oreste, autrefois disparu, se présente dans la cité sous l’habit d’un étranger. Électre le reconnaît (I,6), et sa haine pour sa mère puise dans ce retour une nouvelle force (I, 8). Clytemnestre, qui a aussi reconnu son fils, cherche en vain la réconciliation (I,11). À la manière du chœur antique, un mendiant mêle ses commentaires à l’action (I, 3 et 13), et trois petites filles, amusante figuration des Euménides, les déesses grecques de la vengeance, babillent et dénoncent ironiquement les pensées secrètes des héros (I,1 et 12), commentant la marche du destin que d’ailleurs le spectateur connaît d’avance. À l’acte II, l’inévitable s’accomplit. Clytemnestre, au nom de la faiblesse féminine, implore la pitié d’Électre (II, 5). Elle rappelle la pureté de sa jeunesse, dénonce les torts d’Agamemnon et l’injustice du destin (II, 8). Comme une armée corinthienne marche sur Argos et que le peuple réclame un roi, Égisthe plaide qu'il doit épouser Clytemnestre pour sauver la cité, demande un sursis au nom du salut commun, promet de se retirer, fait même le pari généreux de laisser Électre et Oreste libres malgré leurs menaces (II, 8). Ces efforts sont inutiles. Électre veut aller jusqu’au bout de sa haine, quelles qu'en soient les conséquences, et Oreste exécute le meurtre qui, de lui-même et de sa sœur, fait désormais des coupables.

• Dans cet exercice littéraire très savant, la jonglerie verbale, les développements brillants, les images poétiques, les allusions spirituelles au théâtre antique cachent des réflexions subtiles sur la haine, la vengeance, la justice, le goût individuel de l’absolu, les impératifs de la politique, la fatalité, le remords, et sur la nature du théâtre tragique lui-même (Lamento du jardinier, début de l’acte II).

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