Égypte
Égypte (gr. Aigyptos, lat. Aegyptus). Pendant la plus longue partie de son histoire, l'Égypte fut divisée en Basse-Égypte et Haute-Égypte, la première étant constituée de la région du delta et la seconde s'étendant de la zone sud du delta jusqu'à Syène (Assouan). On divisa aussi la Haute-Égypte : la Thé-baïde s'étendant du nord de Syène jusqu'à Hermapolis Magna (El Ashumein) et la Moyenne-Égypte couvrant le territoire de Hermapolis au delta. Thèbes, la capitale de la Haute-Égypte, est la plus ancienne et la plus importante cité de l'Égypte; les villes modernes de Kamak et de Louxor se situent en partie sur son site. C'était une cité de taille impressionnante : selon Homère (L'Iliade, IX, 381), la ville comptait cent portes qui chacune laissait passer deux cents chars. L'autre grande ville, Memphis, aujourd'hui Le Caire, devint la première capitale du royaume unifié de Haute et Basse-Égypte, mais son importance déclina après la fondation d'Alexandrie. Dans l'Antiquité, on croyait que Syène, la ville située à la limite sud de la Haute-Égypte, un peu au nord de la première cataracte, se trouvait sur le tropique du Cancer, là où le Soleil surplombe verticalement la Terre pendant le solstice d'été. Nous possédons des témoignages archéologiques des relations commerciales entre l'Égypte et le monde grec de l'époque mycénienne (seconde moitié du deuxième millénaire av. J.-C.) Ce fut par exemple à cette époque que la Grèce apprit à travailler l'ivoire comme en Égypte. La mythologie grecque témoigne de liens plus étroits : l'Égyptien Danaos, ancêtre éponyme des Danéens, devint roi d'Argos en Grèce et Homère rapporte la visite de Ménélas en Égypte (L'Odyssée, IV, 351). L'Assyrie conquit l'Égypte au VIIIe siècle, mais les conquérants se retirèrent rapidement, laissant la guerre civile dans leur sillage. Les Grecs s'étant enhardis sur les mers durant le VIIe siècle et ayant fondé des colonies sur la côte nord-africaine, ils ne furent pas longs à s'assurer d'une tête de pont en Égypte. Hérodote (Histoires, II, 152) raconte que les Cariens et les Ioniens entrèrent en Égypte dans les années soixante du viie siècle. Psammétique Ier (664-610 av. J.-C.), qui luttait alors pour réunir l'Égypte, s'assura de leur aide pour devenir l'unique souverain et fondit ainsi la vingt-sixième dynastie (saïte). Son fils Néchao, une fois devenu pharaon, commença à faire creuser le canal allant du Nil à la mer Rouge, lequel fut achevé, ou réouvert, sous le règne de Ptolémée II Philadelphie (né en 308 av. J.-C.). Incités par Néchao, des marins phéniciens entreprirent également la circumnavigation de l'Afrique, de la mer Rouge à Gibraltar en passant par Le Cap. Hérodote (Histoires, IV, 42) n'accorda aucun crédit aux observations qu'ils firent sur la situation du Soleil au nord, alors qu'elles restent assez convaincantes pour un lecteur moderne. Pendant une centaine d'années ou plus après Psammétique Ier, les pharaons accordèrent une grande confiance à leurs mercenaires ioniens (ils n'étaient d'ailleurs pas les seuls souverains à apprécier la supériorité des hoplites grecs: d'après le poète Alcée, son frère reçut un glaive d'honneur pour les services rendus à Nabuchodono-sor II de Babylone). À Abou Simbel, sur la jambe gauche de la monumentale statue de Ramsès II, sept soldats ioniens ont inscrit en grec leurs noms et le récit de leur remontée du Nil jusqu'à sa source. Vers la même période, quelques cités ioniennes, alliées à Égine et à la cité éolienne de Mitylène, fondèrent Naucratis, comptoir commercial sur la branche canopique du Nil. Psammétique Ier avait la réputation d'être suffisamment philhellène pour avoir enseigné le grec à ses fils. Le pharaon Amasis (570-526), ami du tyran grec Polycrate de Samos, avait des gardes du corps grecs plutôt qu'égyptiens ; il fit aussi des dons généreux aux sanctuaires grecs et, bien que les Grecs n'aient joui d'aucune liberté de mouvement dans le pays, il donna des concessions aux commerçants grecs de Naucratis. Amasis mourut peu avant la conquête perse de l'Égypte par Cambyse en 525 av. J.-C., conquête qui entraîna la fin de la dynastie saïte et de l'indépendance égyptienne. Les Grecs étaient profondément impressionnés par la haute antiquité de l'Égypte, aussi bien que par sa religion, ses monuments et ses coutumes. Ils pensaient aussi que l'Égypte, plus que tout autre pays, était le dépositaire d'une ancestrale sagesse. Les citoyens d'Élis y envoyèrent même une délégation pour recueillir un avis sur la meilleure façon d'organiser les jeux Olympiques. Plusieurs Grecs, réputés pour leur sagesse, sont censés avoir visité l'Égypte aux viie et vie siècles, et l'on sait que quelques-uns le firent réellement. On dit que Solon rendit visite au pharaon Amasis, que Thalès inventa la géométrie après avoir étudié «l'arpentage» en Égypte; Hécatée parcourut effectivement l'Asie et la Perse de long en large. En 462, une importante flotte athénienne soutint la révolte égyptienne menée par le Libyen Inaros. Cette révolte, l'une de celles qui eurent lieu contre la domination perse, fut écrasée en 452 ; la flotte fut complètement détruite et l'escadron qui en relevait subit de lourdes pertes. Peu après, l'historien Hérodote visita l'Égypte et consacra le second livre de ses Histoires à un examen du pays; son témoignage suggère que, dans la seconde moitié du siècle, les Grecs étaient largement tolérés en Égypte, ce qui contrastait avec leur situation du temps d'Amasis, quand ils étaient cantonnés à Naucratis. C'est ce qui explique que, lorsque Alexandre le Grand (Grec macédonien) abattit en 332 av. J.-C. la monarchie perse honnie, le changement ne déplut pas trop. Les rois macédoniens qui régnèrent après cela se nomment les Ptolémées (c'est pourquoi l'on qualifie de ptolémaïque l'Egypte sous leur règne). Alexandrie, la ville fondée par Alexandre, devint alors le centre de la culture grecque. Les Grecs y établirent d'abord leur domination et ne considérèrent pas les Égyptiens de souche comme des citoyens à part entière. Plus tard, l'élément grec fut progressivement assimilé; le grec était bien la langue officielle, mais l'égyptien persistait et donna le copte de la période chrétienne (voir aussi rosette, pierre de). Les dieux grecs ne furent plus alors que des noms pour les divinités locales. La souveraineté grecque fut à son tour brisée par l'annexion romaine de l'Égypte en 30 av. J.-C. (après la bataille d'Actium). Le pays devint alors une province dotée d'un statut particulier puisqu'elle était gouvernée par un préfet qui n'était que de rang équestre et non pas, comme dans les autres provinces, par un proconsul ou un « légat d'Auguste». On mesure ainsi la valeur qu'Auguste accordait à cette province, estimant qu'elle présentait une trop grande tentation pour un gouverneur riche et ambitieux. Le poète et soldat Gallus en fut le premier préfet, mais, pour des raisons qui restent obscures, il tomba en disgrâce auprès d'Auguste et se suicida. L'Égypte et le reste de l'Afrique du Nord constituèrent le grenier de Rome, surpassant de ce point de vue la Sicile. Elle détenait le monopole des papyrus et c'était le point de départ du commerce avec l'Inde. On fit un relevé général de la vallée du Nil, grâce auquel nous en avons une description précise dans le livre XVII de la Géographie de Strabon (Ier s. apr. J.-C.). La seule révolte importante contre le régime romain se déroula de 162 à 166 apr. J.-C., avant d'être finalement écrasée. Sous le règne de Caracalla (début du IIIe s.), les Égyptiens entrèrent pour la première fois au Sénat de Rome et le culte de la déesse égyptienne Isis fut publiquement reconnu. Néanmoins, la province ne fut jamais romanisée et les natifs de souche grecque et de souche égyptienne restèrent unis dans leur opposition au gouvernement romain. L'ère romaine prit fin avec la conquête arabe de l'Égypte en 640.
HAUTE-ÉGYPTE, (Ancien Empire, 2700-2200 av. J.-C.). Nom donné à la première période de l'histoire de l'Egypte ancienne qui forma, avec le Moyen et le Nouvel Empire, des époques d'unité, de grandeur et de prospérité pour le pays. La capitale de l'Egypte unifiée par le premier pharaon Ménès fut Memphis, ville de Basse-Égypte dont il ne reste rien aujourd'hui. Seules subsistent les célèbres pyramides de Gizeh, aux environs du Caire, édifiées par trois pharaons : Chéops, Chéphren et Mykérinos. L'Ancien Empire se termina par des troubles entraînant près de deux siècles de décadence pour l'Égypte.