écriture/style
écriture/style
Écriture : acte par lequel un écrivain crée une œuvre écrite. Style : personnalité qu’un auteur donne à son texte en choisissant parmi les procédés que la langue met à sa disposition.
Commentaire
Bien que sous la plume de certains auteurs ou critiques, les deux mots soient quasi synonymes pour désigner la personnalité littéraire d’un auteur, le mot « écriture », réinventé sous la plume du sémiologue Roland Barthes (1915-1980), suggère les enjeux psychologiques, sociaux, ethnologiques de l’acte d’écrire, tandis que le mot « style » désigne la manière dont un auteur s’approprie la langue pour donner du caractère — son caractère — à un texte et traduire, en des termes uniques, sa propre vision du monde. C’est à Roland Barthes que l’on doit les premières explorations de l’écriture. Le Degré zéro de l'écriture (1953), ouvrant la voie à la nouvelle critique des années 60, montrera, en effet, que l’écriture dépasse largement le cadre esthétique où la confinait la critique traditionnelle et qu'elle a des implications non seulement techniques mais aussi sociologiques et historiques.
Citations
Ainsi le choix, puis la responsabilité d'une écriture désignent une liberté, mais cette liberté n’a pas les mêmes limites selon les différents moments de l'Histoire. Il n'est pas donné à l’écrivain de choisir son écriture dans une sorte d’arsenal intemporel des formes littéraires. C’est sous la pression de l’Histoire et de la tradition, que s’établissent les écritures possibles d’un écrivain donné [...]. (Roland Barthes, le Degré zéro de l'écriture.) Si bien écrit, si bien écrit qu’il n’en reste plus rien. (Max Jacob, Lettres à Edmond Jabès.) Le style est la poésie dans la prose. (Alain, « Avec Balzac ».) Le style, pour l’écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre, est une question non de technique mais de vision. (Marcel Proust, A la recherche du temps perdu.) Qu’est-ce que le style ? Pour bien des gens, une façon compliquée de dire des choses très simples. D’après nous : une façon très simple de dire des choses compliquées. (Jean Cocteau, Poésie critique.)
Écriture. Mode d’existence spatial du langage. On dit souvent que l’écriture est la transcription, sous forme de traces sur un support, du langage oral. En réalité, l’écriture constitue un medium autonome, qui dans certains cas se relie à l’oral, mais dans d’autres est un mode spécifique d’organisation de la pensée et du monde. On distingue selon les époques et les pays plusieurs types d’écritures. Un premier mode est iconique, c’est-à-dire que les signes utilisés, des pictogrammes, reproduisent plus ou moins schématiquement les objets du monde, comme les hiéroglyphes (images sacrées) égyptiens. La relation du signe à l’objet qu’il représente est ici naturelle et non conventionnelle et il n’y a aucun lien avec la langue parlée. Les idéogrammes représentent un autre mode d’écriture qui n’est pas davantage liée à l’oral. L’idéogramme, lui, renvoie non à l’objet, mais à son idée. La lecture est donc globale. Comme dans l’écriture chinoise, les idéogrammes représentent souvent le terme de l’évolution de pictogrammes dont la relation au réel n’est plus visible. Ils apparaissent donc comme conventionnels. Enfin, le phonogramme se relie à l’oral, et les signes utilisés aux sons. Dans certains cas les phonogrammes transcrivent la syllabe, et constituent un syllabaire, comme l’écriture mycénienne, ou celle du Cherokee, inventée en 1821. Dans la plupart des cas, le phonogramme se relie au phonème et appartient à un alphabet. La lecture est essentiellement analytique. Ce sont les alphabets grec et latin qui ont donné naissance à la plupart de ceux qui sont utilisés en Europe. L’écriture du français qui est fondamentalement phonogrammatique comprend malgré tout des éléments idéogrammatiques, qui constituent ce que l’on appelle l’orthographe grammaticale. Ainsi, si un mot se termine par -ent, alors même qu’aucun son ne correspond à ces lettres, on sait qu’il s’agit dans la majorité des cas d’un verbe à la troisième personne du pluriel : chantent, chantaient. lecture est donc globale. Comme dans l’écriture chinoise, les idéogrammes représentent souvent le terme de l’évolution de pictogrammes dont la relation au réel n’est plus visible. Ils apparaissent donc comme conventionnels. Enfin, le phonogramme se relie à l’oral, et les signes utilisés aux sons. Dans certains cas les phonogrammes transcrivent la syllabe, et constituent un syllabaire, comme l’écriture mycénienne, ou celle du Cherokee, inventée en 1821. Dans la plupart des cas, le phonogramme se relie au phonème et appartient à un alphabet. La lecture est essentiellement analytique. Ce sont les alphabets grec et latin qui ont donné naissance à la plupart de ceux qui sont utilisés en Europe. L’écriture du français qui est fondamentalement phonogrammatique comprend malgré tout des éléments idéogrammatiques, qui constituent ce que l’on appelle l’orthographe grammaticale. Ainsi, si un mot se termine par -ent, alors même qu’aucun son ne correspond à ces lettres, on sait qu’il s’agit dans la majorité des cas d’un verbe à la troisième personne du pluriel : chantent, chantaient.
Écriture artiste. Style très en vogue chez les romanciers de la fin du XIXe siècle, en particulier chez les Goncourt et chez Huysmans sous l’influence du mouvement symboliste et de la peinture impressionniste. Il s’agit pour ces écrivains de traduire la sensation dans ce qu’elle a d’unique et de fugace. La vision proposée n’est donc pas synthétique, mais fragmentée, impressionniste. Ce style se caractérise par un certain nombre de procédés, parfois même de tics, comme l’utilisation du substantif au lieu de l’adjectif, comme celle de l’adjectif antéposé, comme celle du participe présent, du pluriel, et par des phrases qui se développent par petites touches successives :
La face recueillie, solennelle, presque auguste, elle commence la lubrique danse qui doit réveiller les sens assoupis du vieil Hérode ; ses seins ondulent et, au frottement de ses colliers qui tourbillonnent, leurs bouts se dressent; sur la moiteur de la peau les diamants, attachés, scintillent [...]
(Huysmans, A Rebours}