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écriture automatique

écriture automatique

Transcription de la parole à sa source.

Commentaire

L’écriture automatique prônée par les surréalistes veut se dégager de toutes les conventions liées à la création littéraire. Elle rejette les contraintes de forme, refuse l'asservissement à la logique, revendique un langage authentique, archaïque, qui est celui de l’inconscient et des profondeurs de l’être humain. Elle montre que toute parole est poème.

Citations

On a pu penser que l’écriture automatique rendait les poèmes inutiles. Non : elle augmente, développe seulement le champ de l’examen de conscience poétique, en l’enrichissant. Si la conscience est parfaite, les éléments que l'écriture automatique extrait du monde intérieur et les éléments du monde extérieur s'équilibrent. Réduits alors à égalité, ils s’entremêlent, se confondent pour former l'unité poétique. (Paul Éluard, Donner à voir.) L’essentiel n’est-il pas de tenir à portée ces instants du verbe humain brusquement chargés de lumière, où s'absorbent des solutions tellement plus nombreuses et plus ambitieuses que celles que la pensée rigoureuse s’approprie ? (André Breton, Préliminaires sur Matta.)

ÉCRITURE AUTOMATIQUE

Pratiquée par le surréalisme pour révéler l’inconscient lui-même, elle consiste à transcrire sans aucun contrôle la « dictée de la pensée » qui s’effectue en permanence indépendamment de toute attention volontaire. Ses résultats sont particulièrement riches en images poétiques d’une densité inhabituelle. Les critiques qu’on lui adresse concernent avant tout la possibilité de laisser libre cours à l’inconscient en passant par le biais d’une formulation linguistique relativement classique.

AUTOMATIQUE (écriture) - Expression inventée par les poètes surréalistes pour désigner un nouveau procédé de création poétique fondé sur des associations d’images et de mots irrationnelles et spontanées. L’écriture automatique a caractérisé la première phase de l’expérimentation surréaliste, celle dite des « sommeils ». Dans leur désir de libérer totalement l’inspiration des règles et des contraintes formelles, André Breton et ses amis se mettaient délibérément dans un état médiumnique, de façon à délivrer les pulsions du subconscient. Cette démarche relevait de la volonté des surréalistes de « passer la tête à travers les barreaux de la logique ». Breton a lui-même défini ce mode nouveau de création poétique à l’occasion du premier Manifeste du surréalisme (1924), dans lequel il se réfère à une étude sur le cas de Robert Desnos intitulée « Entrée des médiums ». Il raconte qu’il avait été amené à fixer son attention « sur des phrases plus ou moins partielles qui, en pleine solitude, à l’approche du sommeil, deviennent perceptibles pour l’esprit sans qu’il soit possible de leur découvrir une détermination préalable». Robert Desnos manifestait, semble-t-il, une aptitude particulière à se mettre en état de transe et à proférer des messages énigmatiques comme jaillis directement du subconscient le plus profond. A vrai dire, on a appris, par la suite, qu’il entrait dans son cas une bonne part de simulation. On lui doit toutefois les jongleries verbales souvent éblouissantes de Rose Sélavy. Malgré la volonté sincère de dissocier la poésie de la rhétorique, on est donc en droit de se demander si les surréalistes n’avaient pas inventé là, sans le savoir, une nouvelle rhétorique, aussi artificielle que celle des « grands rhétoriqueurs » de la fin du Moyen Age ou que celle des poètes alexandrins. En tout cas, il est certain que, dès le premier texte surréaliste, Les Champs magnétiques (1920), écrit par André Breton et Philippe Soupault, l’écriture automatique est devenue le principal mode de production de la poésie surréaliste. On trouvera des exemples de l’effet de surprise et d’étrangeté ainsi créé dans les œuvres de Breton (Le Revolver à cheveux blancs) ainsi que dans celles de Benjamin Péret et du premier Eluard (Capitale de la douleur, La Rose publique). —> Psychanalyse - Surréalisme

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