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ECKART (Johann, dit Maître)

ECKART (Johann, dit Maître), dominicain et philosophe mystique allemand (Hochheim, près de Gotha, v. 1260 -Cologne 1327). Il fit ses études à Cologne, puis à Paris, et enseigna la théologie dans ces villes et à Strasbourg. Il fut au cœur des discussions entre les tenants d’Albert le Grand et de saint Thomas et ceux de Duns Scot. Il étudia la philosophie d’Aristote et prêcha dans de nombreux couvents où l’ardeur mystique était grande; il fut directeur de conscience de dominicaines exaltées et partagea l’enthousiasme mystique de son époque et de son pays. La mystique rhénane et flamande s’appuyait sur les ouvrages de Denys l’Aréopagite. Comme Hugues de Saint-Victor et sainte Thérèse d’Avila, il parle de forteresse de l’âme, point de rencontre des dons du Saint-Esprit et de la grâce sanctifiante, qui deviendra la demeure de Dieu. Essayant de décrire l’union de l’âme à Dieu, il y voit l’étincelle divine qui éclaire le mystique. Dieu est donc à l’intérieur de la créature, qui va dans la voie de Dieu par un parfait abandon. Dieu donne sa grâce et tous ses bienfaits, dont la vie. C’est la doctrine de l’identification au Christ le Verbe fait chair, ou doctrine du Corps mystique. Eckart exprima ses idées non seulement dans ses sermons, mais aussi dans ses écrits. Très éclectique, il développa une mystique néo-platonicienne où l’on retrouve des réminiscences de Plotin, de Proclus, de Denys, de saint Augustin et de saint Jean Damascène. Dans ce foisonnement d’idées du Moyen Age se développaient plusieurs courants mystiques, dont certains glissaient vers l’hérésie, comme les Beggards, les Frères du Libre-Esprit, etc. L’Église fît un procès sévère à Maître Eckart; il se défendit en invoquant la doctrine paulinienne de l’union au Christ, mais sa tendance émanationniste, un certain panthéisme et ses commentaires de saint Jean l’accusaient d’hérésie. En 1329, deux ans après sa mort, le pape condamna quelques-unes de ses propositions. Mais il eut et a encore de nombreux défenseurs. Son prestige fut grand sur ses disciples (Tauler, Suso), sur les mystiques rhénans et flamands (Ruysbroeck) et même sur les mystiques espagnols. Ses commentateurs, dont Nicolas de Cusa, et plusieurs critiques depuis le XVe s. pensent qu’un jour il sera réhabilité. Pour certains occultistes, il ne serait pas mort.

ECKART ou ECKHART (Johann, dit Maître), philosophe mystique allemand (1260-1327). Son système est un panthéisme assez diffus, qu'il cherche à concilier avec la croyance en un seul dieu. Sa pensée rigoureuse recouvre un certain mysticisme et s'efforce de lui donner une enveloppe rationnelle. Ce mysticisme spéculatif, qui est assez caractéristique de la pensée allemande, exercera une grande influence sur la philosophie du XIXe siècle (Fichte, Schel-ling, Hegel), où la dialectique rationnelle s'efforcera de recouvrir et d'exprimer l'inspiration romantique. (V. panthéisme.)

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