Drôle de jeu de Roger VAILLANT

Drôle de jeu de Roger VAILLANT, 1945, Le Livre de poche.

• Ce roman est à la fois un témoignage sur la Résistance française à l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale et le portrait d’un homme très proche de l’auteur par son caractère.

• Au printemps de 1944, l’ancien journaliste François Lamballe est, sous le nom de Marat, chef d'un réseau gaulliste de renseignements auquel appartiennent aussi des communistes. Ce libertin cynique âgé de trente-six ans est entré dans l’action sans renoncer à ses plaisirs, menant une vie double de militant efficace et de débauché élégant, familier des mêmes boîtes de nuit que les profiteurs du marché noir et de la Collaboration. Bien que ce soit incompréhensible pour Rodrigue, son second, militant communiste épris de vertu, il existe un lien logique de son libertinage, qui procède d’une révolte contre la société, à son engagement dans une action qui vise à défendre la liberté et, au-delà, si possible, à transformer le monde. Les convictions politiques de Marat sont fermes : il passe, vis-à-vis de Mathilde, vieille complice en libertinage, d’une réelle sympathie au refus de toute pitié lorsqu'elle trahit la Résistance. Mais son attachement à sa liberté personnelle l’oppose aux militants puritains ou avides d’obéissance comme Frédéric, étudiant toulousain qui a dû se réfugier à Paris à la suite de la dénonciation de son réseau par le père de sa fiancée Annie. Marat rencontre Annie le soir d’une opération contre un train allemand, en Bresse. Celle-ci critique Frédéric d’être entré au parti communiste comme en d'autres temps il serait entré au couvent; elle considère la Résistance comme un drôle de jeu. Marat lui expose le.sens de la lutte et la persuade d’entrer dans son réseau, puis, à Paris, la conquiert avec sa désinvolture de libertin. Et comme le destin n’a pas de morale, c’est parce qu’il a passé la nuit avec elle qu’il échappe à un piège de la Gestapo, tandis que Frédéric s’y jette parce qu'il est torturé par la jalousie. Marat évite Annie pour ne pas avoir à la consoler et, tout en songeant à d’autres femmes, applique à la Résistance des réflexions du Grec Xénophon sur le courage.

• Comme ceux de Malraux, ce roman passionné traduit la rencontre d’une crise morale individuelle et des bouleversements de l’histoire.