Dominique Fernandez
Né en 1929, normalien, agrégé d’italien, Dominique Fernandez est professeur à la Faculté de Rennes et critique littéraire à l’Express. L’œuvre déjà riche de Dominique Fernandez semble à première vue témoigner d’intérêts divers et peu conciliables. Essayiste il propose une lecture pertinente de la littérature italienne {le Roman italien et la crise de la conscience moderne), une analyse du destin de Pavese, une vision sociologique et poétique de l’Italie {Mère Méditerranée) ou des biographies qui sont des approches psychanalytiques de l’activité créatrice de peintres, d’écrivains ou de cinéastes. Romancier il dit les amours adolescentes et le difficile passage à l’âge d’homme {l’Aube), les problèmes du couple et de la famille, de la sexualité et de la communication {Lettre à Dora, les Enfants de Gogol) ou conte la vie d’un castrat napolitain au xvme siècle {Porporino). S’ü y a de l’ethnologue chez ce romantique, si ce petit-fils de Stendhal a lu Freud, ses contradictions sont singularité, et c’est avec elles qu’il écrit. Toute son œuvre, critique ou romanesque, procède d’un même regard d’une même volonté de mettre à nu les motivations inconscientes d’un comportement (chez ses personnages) ou d’une création (chez Pavese, Michel Ange ou Eisenstein), bref de dévoiler « l’arbre jusqu’aux racines » : démarche lucide, mais qui conduit aux sources du vertige. Et si Fernandez fut d’abord plus assuré, plus convaincant dans ses essais que dans ses romans, son dernier roman cependant, Porporino, est sa meilleure réussite. On y reconnaît le point de confluence de ses passions et de ses recherches, de sa sensibilité et de son savoir. Les aventures brillantes, séduisantes du castrat sont aussi lecture de l’histoire, traversée de l’idéologie, découverte dans le réel des fondements d’un imaginaire, illustration enfin de la notion freudienne de bi-sexualité.