divertissement
divertissement
Souvent synonyme d’intermède, petite pièce dansée et chantée durant un entracte ou à la fin d’un spectacle.
Commentaire Le divertissement permet au spectateur de patienter heureusement durant l'entracte ou de quitter le théâtre sur une note de fête. À l’origine accessoire, il est devenu, surtout depuis Molière et avec la complicité fréquente de Lully, partie intégrante de la pièce : il en est un des fleurons les plus attendus.
Toinette. — Quel est donc votre dessein ? Béralde. — De nous divertir un peu ce soir. Les comédiens ont fait un petit intermède de la réception d’un médecin, avec des danses et de la musique ; je veux que nous en prenions ensemble le divertissement, et que mon frère y fasse le premier personnage. (Molière, le Malade imaginaire, acte III, sc. 14.)
DIVERTISSEMENT nom masc. - 1. Au XVIIe siècle, intermède dansé entre les actes d’une pièce. 2. Chez Pascal, toutes les activités par lesquelles l’homme cherche à se détourner de lui-même et de l’idée de sa mort prochaine.
ETYM. : se rattache au verbe latin divertere = « (se) détourner ». Ce sens de « détourner » se conserve en français jusqu’à la fin du XVIe siècle. Amyot parle, par exemple, de ceux qui « divertissent l’eau publique à Athènes ». De l’idée de se détourner des choses ennuyeuses, on en est passé tout naturellement à l’idée de se « distraire ». Dans son second sens, le mot divertissement est l’un des plus importants pour comprendre la philosophie de Biaise Pascal. Celui-ci, dans les Pensées, montre ce qu’est la misère de l’homme sans Dieu : si l’homme se contemple lui-même, il prendra conscience de son état de déréliction, de la petitesse de ce qu’il est et de la mort qui l’attend. Cette méditation sur lui-même étant insupportable, l’homme cherche à se fuir par tous les moyens à travers ce que Pascal appelle le divertissement (encore tout proche de son sens originel de « détourner »). Ce divertissement correspond aussi bien à ce que nous nommons les distractions - jeu, chasse - qu’à des occupations comme le travail quand celui-ci n’est pas imposé par le besoin. Pascal montre bien le rôle réel de ces occupations. Ainsi à la chasse ou au jeu de paume, ou dans une entreprise commerciale aventureuse, « la chasse vaut mieux que la prise ». Le résultat, souvent dérisoire, compte moins que le temps que nous consacrons à cette action et au cours duquel nous oublions ce que nous sommes. Le divertissement est donc pour Pascal une manière de supporter notre condition, à laquelle on peut d’ailleurs s’abandonner à condition de le faire en pleine conscience. Mais il s’agit largement d’une solution factice, la vraie issue résidant en effet dans la religion et dans le secours que seule la foi peut fournir. Le message de Pascal est en somme le suivant : il ne faut pas se divertir, mais se convertir.
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