Discours sur les sciences et les arts de Jean-Jacques ROUSSEAU
Discours sur les sciences et les arts de Jean-Jacques ROUSSEAU, 1750, G.-F.
• En 1749, l’Académie de Dijon proposait comme sujet de concours la question suivante : Si le rétablissement des Sciences et des Arts a contribué à épurer les mœurs. Rousseau a souvent répété combien son existence en avait été à la fois éclairée et bouleversée : Égarement, malheureuse question (Deuxième dialogue); Heureux hasard (Deuxième lettre à Malesherbes). a-t-il écrit contradictoirement. Ce sont les Confessions qui disent le mieux le sens que prit cette rencontre : A l’instant de cette lecture je vis un autre univers, et je devins un autre homme (livre VIII).
• Dans son discours de réponse, Rousseau commence par l’éloge de l'esprit humain, mais glisse vite vers la critique de la civilisation : Les Sciences et les Arts [...] étendent des guirlandes de fleurs sur les chaînes de fer dont [les hommes] sont chargés, étouffent en eux le sentiment de cette liberté originelle pour laquelle ils semblent nés [...]. Il ironise sur les Peuples policés qui offrent les apparences de toutes les vertus sans en avoir aucune. Opposant les moeurs rustiques à cette urbanité tant vantée que nous devons aux lumières de notre siècle, il arrive à sa thèse : [...] nos âmes se sont corrompues à mesure que nos Sciences et nos Arts se sont avancés à la perfection. Il montre la même dégradation chez les nations du passé, et loue par contraste les quelques peuples préservés de la contagion des vaines connaissances, citant en note, pour exemple, les Cannibales de Montaigne (Essais, I, 31). Puis, appelant à la rescousse le mythe du vieux Romain, il donne la parole à Fabricius (consul en 282 et 278 av. J.-C.) pour lui faire condamner la dégénérescence des moeurs au fil des siècles. La science et la vertu seraient incompatibles ? se demande-t-il alors. C’est ce qu’il va montrer avec force paradoxes et sophismes dans la deuxième partie. Il termine toutefois en concédant que le mal n'est pas aussi grand qu’il aurait pu le devenir, et que les sciences sont devenues utiles.
• Couronné par l’Académie de Dijon, ce Discours a donné lieu à de vives polémiques que le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes? devait faire rebondir. C’était pour Rousseau la notoriété et le début d’une prédication morale où il s’est engagé totalement.
Liens utiles
- La fin de ce discours démentit cruellement les brillantes espérances que le commencement m'avait données. Jean-Jacques Rousseau, les Confessions, ABU, la Bibliothèque universelle
- « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : « Ceci est à moi » et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. » Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Commentez cette citation ?
- « Vous oubliez que les fruits sont a tous, et que la terre n'est à personne. » Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Commentez cette citation ?
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- [Ne pas prendre pour naturelles des inégalités sociales] Jean-Jacques ROUSSEAU