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DIRECTOIRE

Les auteurs de la Constitution de l'an III (août 1795), las des « gouvernements forts » ont voulu rendre impossible la dictature d'un homme ou d'une assemblée. Ils ont confié le pouvoir législatif à deux assemblées au lieu d'une, le Conseil des Cinq-Cents pour préparer les lois, le Conseil des Anciens pour les voter, et un pouvoir exécutif à cinq directeurs, lesquels n'ont pas le droit de dissoudre les chambres, lesquelles n'ont pas le droit de les renverser. Mais en cas de désaccord, aucun d'eux ne pouvait imposer légalement sa volonté à l'autre. Directeurs et conseils allaient tour à tour recourir à des coups d'Etat pour se succéder. Présent dans les deux Directoires, Barras fut la figure de proue de ce régime, et si ses collègues, dont Sieyès, ou Carnot, furent intègres, il fut, lui, toujours prêt à se vendre, et son comportement fut pour beaucoup dans l'impopularité du régime. Le gouvernement avait contre lui les royalistes (le comte de Provence avait pris la tête des émigrés et le titre de roi de France) et les Jacobins, qui voulaient reprendre un pouvoir perdu après le 9 Thermidor. Le Directoire décréta ne rembourser que les deux-tiers de la dette publique. Cette banqueroute le tira d'embarras, mais le discrédita définitivement. A l'extérieur, la guerre contre l'Angleterre et l'Autriche continuait. Carnot, pour forcer l'Autriche à demander la paix, lança contre elle trois armées, deux en Allemagne et une en l'Italie du Nord, commandée par le général Bonaparte qui, après une campagne éclair, arracha à l'Autriche le traité de Campoformio sans tenir compte des consignes du Directoire, qui chercha à l'éloigner en l'envoyant en Egypte. En 1799, les grands États, inquiets de la politique expansionniste du Directoire, reprirent l'offensive, et l'Autriche et la Russie chassèrent les Français d'Allemagne et d'Italie. Les Anglais, débarqués en Hollande, furent repoussés; les Austro-Russes furent battus à Zurich par Masséna. La France était sauvée quand Bonaparte, revenu précipitamment d'Égypte, débarqua. Il s'entendit avec deux directeurs et le Conseil des Anciens. Nommé commandant militaire de la région de Paris, il fit expulser par la troupe, le 18 brumaire (9 novembre 1799), les députés républicains de la salle des Cinq-Cents et prenait le pouvoir : le Consulat succédait au Directoire.

DIRECTOIRE. Nom donné au régime qui, institué par la Constitution de l'an III (1795), gouverna la France du 26 octobre 1795 (fin de la Convention thermidorienne) au 9 novembre 1799 (coup d'Etat du 18 Brumaire). Les thermidoriens avaient donné le pouvoir exécutif à un directoire (d'où le nom du régime) de cinq membres (les directeurs) choisis par le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens, renouvelables par cinquième chaque année et choisissant les ministres et les généraux en chef. Aux prises avec la guerre de conquête, l'aggravation de la crise économique, financière et sociale, le Directoire, porte-parole d'une bourgeoisie modérée et libérale, en fut réduit à une politique de bascule, luttant sur sa gauche contre les jacobins et sur sa droite contre les royalistes. La Constitution de l'an III ayant établi en outre une stricte séparation des pouvoirs, aucune mesure légale ne pouvait régler les différends entre le législatif et l'exécutif. Seule la force ou l'illégalité pouvant résoudre les crises, le Directoire fut un gouvernement de coups d'État, l'intrusion des généraux dans les luttes politiques donnant ainsi le pouvoir à l'un d'entre eux, Napoléon Bonaparte. Le régime prit néanmoins quelques mesures importantes : la suppression des assignats, l'établissement de la conscription et l'adoption du système métrique. Voir Babeuf (Gracchus), Barras (Paul), Carnot (Lazare), Égypte (Campagne d'), Fructidor an V (coup d'État du 18), Incroyables, Italie (Campagnes d'), Merveilleuses, Sieyès (Emmanuel).

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