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Dionysos

Dionysos. Dans la mythologie grecque, fils de Zeus et de Sémélé, la fille du roi de Thèbes, Cadmos. Lorsque Sémélé fut enceinte de Zeus, Héra, l'épouse du dieu, jalouse, se déguisa en mortelle et persuada sa rivale de demander à Zeus de venir la voir dans toute sa gloire divine. Zeus accéda à la demande de Sémélé, qui périt foudroyée. Mais Zeus sauva l'enfant qu'elle portait et le plaça dans sa cuisse, d'où il vint au monde. L'enfant fut confié à Ino, soeur de Sémélé et femme d'Athamas, mais Héra, toujours par jalousie, les punit en les rendant fous : Athamas tua son propre fils Léarque tandis qu'Ino se jeta dans la mer avec son autre fils, Mélicerte. Ino devint la déesse marine Leucothée, et Mélicerte, le dieu marin Palémon. Dionysos fut confié aux nymphes du mont Nysa (que l'on situe en plusieurs endroits), d'où il tire son nom et où il reçut un culte et introduisit la culture de la vigne. Il fut persécuté par ceux qui refusaient de reconnaître sa divinité, mais en sortit vainqueur et étendit ses conquêtes à l'intérieur de l'Asie et en Inde. Le plus célèbre de ses persécuteurs fut Penthée, roi de Thèbes, dont l'histoire constitue la trame des Bacchantes d'Euripide. Les filles de Proétos, roi d'Ar-gos, s'opposèrent à lui et devinrent folles ; elles furent guéries de leur démence par le devin Mélampous. Sur une légende similaire. Dionysos est représenté dans ses conquêtes accompagné d'un cortège: ce sont les satyres, les silènes, les ménades, les Bassarides, qui dansent autour de lui, ivres et possédés. Ils portaient le nom de Bacchoi (féminin Bacchaï), partageant avec le dieu son autre nom de Bacchos (Bacchus). Le septième hymne homérique raconte que des pirates le découvrirent, le firent prisonnier et l'attachèrent au mat d'un navire ; mais ses liens tombèrent, une vigne poussa autour du mât et le prisonnier se transforma en lion. Pris de terreur, les pirates se jetèrent à la mer, où ils furent changés en dauphins. Dionysos était le dieu du Vin et de l'Extase. Il apparaît très rarement chez Homère et cela, ajouté au fait qu'il était venu de Thrace et avait dû surmonter une opposition avant d'être reconnu, a incité certains à penser qu'il était une divinité nouvelle, admise tardivement dans le panthéon des dieux grecs de l'Olympe. Cependant, on retrouve son nom en Grèce sur des tablettes en linéaire B de la fin de l'âge du bronze, peut-être même en rapport avec le vin, et des témoignages archéologiques laissent penser qu'il fut adoré dans l'île de Kéos dès le XVe siècle av. J.-C. En outre, la fête dionysiaque du vin, les Anthestéries, est antérieure aux migrations ioniennes (v. le Xe s. av. J.-C.). Cela pourrait signifier que son nom et son culte sont d'origine mycénienne. C'est un dieu essentiellement différent des divinités de l'Olympe, un dieu qui apporte la joie et délivre des soucis (d'où son épithète tardif de Lyaios, le Libérateur), que l'adorant connaît par l'ivresse; il est aussi le dieu de l'Extase, ressentie comme l'activation des pouvoirs mentaux et la perte de l'identité quotidienne. Mais il avait un autre aspect, lorsque ses adorateurs, en extase, s'emparaient d'un animal sauvage qu'ils déchiquetaient pour le manger cru (le sparagmos, «lacération»), croyant ainsi qu'ils incorporaient en eux le dieu et sa puissance. Cet aspect de la possession dionysiaque et les conséquences terribles qu'elle pouvait entraîner sont souvent exprimées dans les mythes. Un des éléments marquants du culte de Dionysos est le masque, symbole du renoncement à la personnalité et moyen de la transformer. L'image du dieu la plus simple était un masque surmontant une colonne drapée d'une pièce de tissu. Il existait un lien important entre le culte du dieu et le dithyrambe (un genre de lyrisme choral grec), la tragédie et la comédie, qui étaient tous représentés lors des fêtes du dieu. Dionysos est souvent représenté comme un jeune homme efféminé à la longue chevelure, allongé avec du raisin ou une coupe de vin à la main, ou tenant le thyrse, un bâton orné de feuilles de lierre. Les Grecs l'identifiaient au dieu égyptien Osiris et les Romains à leur dieu du Vin Liber, appelé aussi Bacchus.
DIONYSOS. Dans la mythologie grecque, fils de Zeus et de Séléné, une mortelle, fille du roi de Thèbes. Il est le dieu de la vigne, du vin et de la végétation, celui de l'extase et de la possession dionysiaque, sorte de transe décrite par Euripide dans Les Bacchantes. Voir Bacchus, Dionysies, Naxos.


thyrse. Attribut de Dionysos, bâton entouré de lierre ou de feuilles de vigne, se terminant par une pomme de pin, également utilisé par les célébrants des mystères de Dionysos.

Trop souvent liée, d’une manière réductrice, à la vigne et au vin dans notre représentation, la figure de Dionysos gagne à être étudiée de près. On découvre alors une divinité complexe, sombre et créatrice, qui, chez l’artiste, attise la part nécessaire de tourments intérieurs. « Il faut avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile dansante », écrit Nietzsche, qui pense alors sans équivoque à Dionysos pour entretenir ce chaos indispensable que, plus tard, Artaud fera dépendre de cette « liberté noire » s’exprimant dans l’acte de création. Dionysos est donc l’un des plus étranges et des plus importants dieux de la Grèce. Fils de Zeus et de Sémélé, la fille de Cadmos, le fondateur de Thèbes, il naquit dans des conditions étonnantes : Sémélé, poussée par Héra, voulut voir Zeus sous son apparence divine, oubliant qu’un tel spectacle la détruirait. La splendeur du Dieu l’embrasa et Zeus n’eut que le temps de lui arracher des entrailles le petit Dionysos, qu’il cacha encore trois mois dans sa cuisse afin qu’il pût naître à terme. Déguisé en petite fille et confié à Athamas et à Ino, le jeune dieu fut à nouveau frappé par la vengeance d’Athéna : ses parents adoptifs sombrèrent dans la folie ; il dut fuir, métamorphosé en chevreau. Mais lui-même, adulte, n’échappa guère à la folie, errant à travers le monde, introduisant dans chaque pays la culture de la vigne. On le vit ainsi en Égypte, en Syrie, en Phrygie où la déesse Cybèle, puissance végétative et sauvage de la nature, l’initia aux mystères de la résurrection. Ayant recouvré la raison, Dionysos, revenu en Béotie après un détour par l’Inde, tenta d’imposer son culte à Thèbes, sa ville natale, celle également de sa mère et de son grand-père Cadmos. Penthée, le souverain, s’y opposa mais Dionysos poussa Agavé, la mère du roi rendue folle, à mettre en pièces son fils... Toutes les fois qu’un mortel refusa de se soumettre, Dionysos le frappa de folie. Enfin, à Naxos, il recueillit Ariane, que Thésée avait abandonnée pour Phèdre, et l’épousa. Ce que transmet la légende, c’est bien le danger qu’incarne ce dieu des forces obscures de la nature, dont le culte en Grèce n’a jamais été rendu public dans l’enceinte des cités. Il fallait se rendre dans la forêt pour l’honorer ou bien attendre les fêtes données à sa gloire deux fois par an, au cours desquelles on lui vouait des spectacles spécifiques : les tragédies.