Dieu (Gott) - Schelling
Dieu (Gott)
• Désigne la pure transitivité ou donation de l’Absolu : qu’Absolu il y ait. N’est pas un être « vissé là-haut », mais un être vivant, en devenir, se faisant lui-même, qui habite en l’homme.
•• « Ce qui, en dehors de toute philosophie, s’appelle Dieu, ce qui s’est incontestablement appelé ainsi alors même que la philosophie n’existait pas » (C. H. P. M., 35) : ces lignes semblent indiquer que tout l’effort de la philosophie vise au fond à acclimater en elle « ce qui s’appelle Dieu » (das, was Gott genannt wird), sans pour autant le confondre avec l’existant nécessaire, car Dieu demande à être pensé comme libre à l’égard de sa propre existence, comme n’étant pas lié à elle. À la problématique traditionnelle de la démonstration (Beweis) de l’existence de Dieu va dès lors se substituer une monstration (Erweis) continue de son existence, à l’univers des preuves, celui d’une épreuve. Les différentes preuves de l’existence de Dieu (ontologique, cosmologique et physico-théologique) recensées et réfutées par Kant dans la Dialectique transcendantale de la Critique de la raison pure demandent à être comprises plus profondément comme les différents moments du développement d’un seul et même être, cet être vivant primordial dont les Ages du monde se veulent l’histoire scientifique.
••• Schelling a très tôt récusé ce qu’il appelle « les concepts orthodoxes de Dieu » (lettre à Hegel du 4 février 1795). Reprenant un geste amorcé par Kant dans l’opuscule de 1763 intitulé De Punique fondement possible d’une preuve de l’existence de Dieu, Schelling ne cherche pas à établir l’existence de Dieu, mais la divinité de l’existant. Tel est le propos de la philosophie dite positive. Concept le plus immanent de la raison, Dieu n’est pas le transcendant pur et simple, il est le transcendant rendu immanent comme contenu de la raison. La thèse fondamentale est ici que « la raison na pas l’idée de Dieu, elle est cette idée, et rien d’autre » (VII, 149). Dieu se faisant lui-même, ou surmontant ce qui en lui n’est pas proprement lui, la divinité en Dieu est supérieure à Dieu, que Schelling appelle, après Angelus Silesius, Sur-divinité (Über-gottheit).
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