Dictionnaire de la psychanalyse
ABRAHAM (KARL)
Psychanalyste allemand, né en 1877 et mort en 1925, Abraham fonda en 1910 l'Association psychanalytique de Berlin, contribuant de façon importante à diffuser la psychanalyse naissante à l'extérieur de Vienne. C'est l'un des disciples les plus fidèles de Freud, avec qui il échangea une abondante correspondance de 1907 à sa mort. , ,,
Abraham introduisit en psychanalyse le concept d'objet'4 partiel, la notion d'incorporation. C'est lui également qui initia l'étude des stades prégénitaux qui devait être reprise par M. Klein.
ABRÉACTION
Expression émotionnelle ( ► Affect) en réaction à un événement traumatique ( ► Traumatisme), l'abréaction peut se produire immédiatement après cet événement ou, si cet affect ne parvient pas à s'exprimer normalement, beaucoup plus tard, par exemple dans le cadre d'une psychothérapie.
ACCOMPLISSEMENT DE DÉSIR
Sous cette forme précise, l'expression désigne la réalisation du désir' sur un mode imaginaire qui peut être le rêvé, le fantasmé ou le symptôme. La représentation du désir par ces trois modes est le résultat d'un détournement par l'effet de la censure. .
ACTE MANQUÉ
Acte dans lequel le but atteint n'est pas ' le ■ but qui . était consciem- . ment visé, et semble à première . vue. indépendant?-dela Volonté du sujet. .
L'acte manqué, malgré les apparences, est en fait . déterminêpar le désir inconscient du sujet et révèle le but qu'il visait à son insu. Il est un compromis' entre ce désir inconscient et l'intention consciente. Un acte manqué est, selon la formule de Lacan, un acte réussi.
L'acte manqué, souligne Freud, fournit un matériel' privilégié à la curé psychanalytique. Dans Psychopathologie de la vie quotidienne, Freud oppose superstition et psychanalyse, en
s'appuyant sur ce que lui apprennent les actes manqués : « Ce qui me distingue d'un homme superstitieux, c'est donc ceci : je ne crois pas qu'un événement à la production duquel ma vie psychique n'a pas pris part soit capable de m'apprendre des choses cachées concernant l'état à venir de la réalité; mais je crois qu'une manifestation non intentionnelle de ma propre activité psychique me révèle quelque chose de caché qui, à son tour, n'appartient qu'à ma vie psychique ; je crois au hasard extérieur (réel) ; mais je ne crois pas au hasard intérieur (psychique). C'est le contraire du superstitieux : il ne sait rien de la motivation de ses actes accidentels et actes manqués, il croit par conséquent au hasard psychique; en revanche, il est porté à voir dans le hasard extérieur un moyen par lequel s'expriment certaines choses extérieures qui lui sont cachées. [...] Ce qu'il considère comme caché correspond chez moi à ce qui est inconscient. »
ACTING-OUT
Souvent considéré à tort comme synonyme de passage à l'acte, l'acting-out est la traduction par un acte d'un message inconscient que le sujet n'arrive pas à verbaliser. C'est pourquoi l'acting-out est toujours adressé à quelqu'un et donné à interpréter. Dans le cadre de lai cure' psychanalytique, certains des actes de l'analysant sont interprétés par le psychanalyste en tant qu'acting- out, comme la réactualisation dans le transfert d'un acte, d'un événement ou d'un affect antérieur. Il témoigne souvent de ce que la cure est, à ce moment précis, dans une impasse.
ACTIVI T É / PAS S IVI T É
Disposition à agir (sur quelqu'un, sur quelque chose) ou à subir l'action (de quelqu'un, de quelque chose).
Ces deux notions opposées se forment, dans la vie psychique de l'individu, lors du stade anal : on parle de pulsion active pour décrire la tendance de l'enfant à expulser son boudin fécal, et de pulsion passive dans le cas de la rétention des excréments.
Dans le développement de la personnalité, elles précèdent et contribuent à déterminer les oppositions phallique/castré, masculin/féminin, elles sont utilisées pour décrire la structure fondamentale du psychisme et qualifier le but des pulsions'. En effet, si la pulsion est toujours active, son but, lui, peut être passif, comme dans l'exhibitionnisme (vouloir être regardé) ou le masochisme (vouloir être maltraité).
Dans tout fantasme"" les composantes active et passive sont liées, même si le sujet est fixé à l'une de ces deux composantes.
AFFECT
Émotion suscitée lors d'un événement ou d'une représentation; décharge émotionnelle, agréable ou désagréable, et qui peut se manifester à la fois physiquement et psychiquement (c'est le cas de l'angoisse, de la colère, de la tendresse).
Avec la représentation"", l'affect est ce qui permet à la pulsion"" de se manifester. L'affect est le ressenti qui accompagne la représentation. On parlera de quantum"" d'affect pour désigner la quantité d'énergie de la pulsion.
Cette notion fut utilisée très tôt par Freud (dans les années 1890) pour décrire les névroses"" : c'est la modification de l'affect, par déplacement"", conversion"" ou transformation (trois modes du refoulement), qui définit, selon lui, la névrose. Le névrosé n'a plus un accès direct à son affect.
AGRESSIVITÉ
Tendance dirigée vers la destruction, totale ou partielle, physique ou psychique, d'un autre être vivant, ou de soi-même. L'agressivité n'est pas forcément négative, elle peut être positive et manifester une tentative d'adaptation à l'environnement ou être une décharge d'énergie. A la limite, n'importe quelle interaction humaine contient une certaine dose d'agressivité. Selon Freud, l'agressivité serait le résultat de la pulsion de mort extériorisée.
ALCOOLISME
Ce symptôme"", qui se manifeste par une dépendance à l'alcool, ne saurait être considéré uniquement en fonction de la quantité d'alcool ingérée. Il peut bien sûr prendre des formes plus ou moins contraignantes pour le sujet, et entraîner des conséquences plus ou moins graves. Cette notion est utilisée surtout en sociologie et en psychiatrie - où l'on peut parler de « maladie alcoolique » -, mais la recherche de causes psychologiques spécifiques à l'apparition de l'alcoolisme aboutit à la mise en évidence de facteurs multiples.
AMBIVALENCE
Terme emprunté à Bleuler, mais utilisé par Freud dans un sens un peu différent. C'est la coexistence de deux sentiments, ou de deux attitudes opposées, à l'égard de la même situation ou du même objet, par exemple l'amour et la haine de l'enfant pour ses parents. Le petit Hans ( ► Déplacement), analysé par Freud et dont le cas est décrit dans Cinq Psychanalyses, fournit un bon exemple de l'ambivalence des sentiments. Voici ce que Freud écrit à son propos dans Inhibition, Symptôme et Angoisse : « Le petit Hans refuse de sortir dans la rue parce qu'il a l'angoisse du chevalf...]. L'incompréhensible angoisse du cheval est le symptôme, l'incapacité d'aller dans la rue un phénomène d'inhibi- . tion, une limitation que le moi s'impose pour ne pas éveiller le symptôme d'angoisse. [...] (Hans) se trouve dans l'attitude œdipienne de jalousie et d'hostilité envers son père, qu'il aime cependant de tout son cœur, du moins tant que la mère n'entre pas en ligne de compte, pour causer la discorde. Ainsi, un conflit d'ambivalence, un amour bien fondé et une haine non moins justifiée, dirigés tous deux vers la même personne. Sa phobie doit être un essai de solution de ce conflit. »
L'ambivalence est un trait définitoire du dualisme des pulsions (par exemple pulsion de vie/pulsion de mort). Elle est caractéristique de certaines étapes du développement psychique, mais elle peut cependant comporter une dimension de conflit, et être source de souffrance dans la mesure où l'un des termes de l'ambivalence est inconscient. L'ambivalence est à la source de mécanismes à l'œuvre dans les tendances obsessionnelles.
Névrose obsessionnelle.
M. Klein développe à ce sujet la notion de clivage : clivage de l'objet en un «bon objet», objet d'amour, et un «mauvais objet », objet de haine.
AMNÉSIE INFANTILE
Oubli, partiel ou total, des événements survenus dans l'enfance et la petite enfance (en gros jusqu'à la fin de la période du complexe d'Œdipe, c'est-à-dire à peu près à la fin de la quatrième année). Certains auteurs voient dans la scène primitive une des causes de l'amnésie infantile.
ANACLITIQUE
Ce terme provient du grec anaklinein : « s'appuyer sur, être couché sur».
On parle de choix d'objet anaclitique pour décrire le fait de se fonder sur les pulsions d'autoconservation dans le choix d'un objet d'amour.
La dépression anaclitique est la dépression du nourrisson (première année), quand il est séparé de sa mère. ► Étayage.
ANALYSANT
Individu qui est en psychanalyse.
ANALYSE DIDACTIQUE
C'est l'analyse que fait celui qui se destine à devenir psychanalyste. Cette analyse se fait auprès d'un analyste confirmé, préalablement à l'exercice de la psychanalyse, ou dans le temps où l'analyste débutant commence lui-même à prendre des patients en psychanalyse. Il y analyse en particulier ses contre-transferts, c'est-à-dire ses réactions inconscientes aux transferts de ses patients.
La question de savoir dans quelle mesure l'analyse didactique est un travail d'investigation intérieure de même nature que la psychanalyse, et dans quelle mesure elle est un travail de formation sanctionné par une autorisation institutionnelle d'exercer le métier d'analyste est un problèmedébattu par les psychanalystes.
ANGOISSE
Sentiment inhibant d'oppression physique et psychique, entraînant la crainte d'un malheur prochain que le sujet se sent totalement incapable d'éviter et d'affronter, ou une impression de peur vague et sans objet.
En psychanalyse, l'angoisse est un phénomène que Freud a analysé à plusieurs reprises. On peut expliquer sa première théorie de l'angoisse en deux temps. Dans un premier temps, il a vu
dans l'angoisse de l'enfant la surcharge de libido qu'entraînait l'absence de la mère (dans la mesure où l'investissement libidinal porté sur la mère se retrouve privé de son objet en l'absence de celle-ci). Dans un deuxième temps, il explique, par analogie, l'angoisse du névrosé comme le résultat d'une libido détachée de sa représentation par l'effet du refoulement. Ainsi, l'angoisse est en quelque sorte la manifestation d'un désir inconscient que l'individu n'est pas en mesure de reconnaître comme tel. Elle résulte du conflit psychique entre le désir et la défense. « Le cauchemar est souvent une réalisation non voilée d'un désir, mais d'un désir qui, loin d'être le bienvenu, est un désir refoulé, repoussé. L'angoisse qui accompagne cette réalisation prend la place de la censure [...]. L'angoisse est une indication que le désir repoussé s'est montré plus fort que la censure, qu'il s'est réalisé, ou était en train de se réaliser malgré la censure », écrit Freud dans l'Introduction à la psychanalyse.
Freud a formulé plus tard une seconde théorie de l'angoisse, qui, tout en reprenant le schéma de la première, fait de l'angoisse de castration l'élément pivot du mécanisme de l'angoisse. Réaction au danger de la castration, l'angoisse est liée à la perte d'un objet fortement investi. Développée essentiellement dans Inhibition, Symptôme et Angoisse (1926), cette seconde théorie se fonde sur l'exemple de la phobie du petit Hans : l'angoisse de castration entraîne chez Hans des sentiments ambivalents à l'égard de son père, qu'il refoule par déplacement (rêve d'angoisse où il craint d'être mordu par un cheval). Ainsi, au lieu que l'angoisse résulte du refoulement, comme c'était le cas dans la première théorie, c'est le refoulement qui résulte de l'angoisse.
Pour Lacan, l'angoisse est toujours liée à l'objet a qui représente le manque, nécessaire au désir. L'angoisse est, dans cette perspective, liée à la manifestation d'un défaut du manque, elle est le manque du manque.
ANNULATION (RÉTROACTIVE)
Comportement par lequel le sujet fait comme si des comportements, des actes, des gestes ou des paroles effectivement advenus dans le passé ne s'étaient jamais produits.
L'annulation rétroactive est un mécanisme particulièrement présent dans la névrose obsessionnelle.
ANOREXIE
Trouble psychique dont le symptôme est un refus plus ou moins systématique de s'alimenter. Sa conséquence est donc un amaigrissement qui peut être très important et entraîner des troubles biologiques graves. L'anorexie peut alterner avec des phases de boulimie (ingestion massive de nourriture), on parlera dans ce cas d'anorexie-boulimie.
L'anorexie est un trouble de l'identité, le plus souvent lié à une problématique des rapports familiaux, en particulier du rapport à la mère. On distingue l'anorexie mentale du nourrisson de l'anorexie de l'adolescent.
APPAREIL PSYCHIQUE
La formalisation par Freud du psychisme humain a conduit à l'élaboration de deux théories de l'appareil psychique, ou topiques, qui décrivent ce psychisme selon une organisation pour ainsi dire spatiale.
La première, en 1895, distingue trois systèmes: l'inconscient, siège de ce qui est refoulé, le préconscient, accessible à la conscience, mais non présent en permanence dans le champ de la conscience, et enfin le conscient par lequel l'appareil psychique est en contact avec le monde extérieur. Le conscient est le siège des perceptions, c'est pourquoi on l'appelle aussi « système perception-conscience ». Les frontières entre ces trois instances sont régies par la censure.
La seconde de ces théories, en 1923, remplace ces trois systèmes par trois instances : le ça"", qui est le siège des pulsions, le surmoi, qui remplit une fonction de surveillance, et enfin le moi qui est chargé d'intégrer les contraintes issues des deux autres instances et de la réalité et d'assurer la cohésion et l'équilibre du sujet. Dans cette seconde théorie, le ça est inconscient, une partie seulement du surmoi et du moi (les défenses') sont inconscientes.
APRÈS-COUP
Le sujet remanie a posteriori, « après-coup », des événements, des expériences passés, en donne une interprétation nouvelle, liée à son expérience et à son développement. Leur sens s'en trouvant modifié, leur fonction psychique n'est plus la même. C'est ce qui fait l'efficacité thérapeutique du processus de remémoration, de formulation et d'interprétation de la cure psychanalytique.
ASSOCIATIONS LIBRES
La technique psychanalytique se fonde, entre autres, sur la méthode de l'association libre, qui consiste, pour l'analysant, à exprimer à haute voix tout ce qui lui passe par l'esprit. C'est parce que cette règle est impossible à tenir qu'elle est révélatrice : les silences, les résistances sont autant de signes de la censure qui s'exerce sur le sujet de parole.
Freud justifie l'emploi de cette technique dans Ma vie et la psychanalyse : « Il peut sembler surprenant que cette méthode de la libre association [...] soit capable d'accomplir ce qu'on attend d'elle, c'est-à-dire de ramener à la conscience le matériel refoulé et maintenu tel par des résistances. Mais il faut considérer que l'association libre n'est en réalité pas libre. Le patient demeure sous l'influence, de la situation analytique, même lorsqu'il ne dirige pas son activité mentale sur un thème déterminé. »
ASSOCIATION PSYCHANALYTIQUE INTERNATIONALE (API)
Fondée en 1910 à Nuremberg lors du deuxième congrès international de psychanalyse. ► Mouvements psychanalytiques.
ASSOCIATION PSYCHANALYTIQUE
DE FRANCE
Association fondée en 1964, et qui résulte d'une scission au sein de la Société française de psychanalyse. Les membres fondateurs de l'Association psychanalytique de France rompent avec Lacan et rejoignent l'Association psychanalytique internationale, qui contestait la façon dont Lacan menait ses analyses et formait les analystes.
ATTENTION FLOTTANTE
Elle est le corrélât de la méthode d'associations libres et consiste, pour le psychanalyste, à prêter la même attention à tous les éléments du discours de l'analysant, sans en privilégier a priori aucun. Cette technique permet à l'analyste de laisser son inconscient entrer en résonance avec l'inconscient de l'analysant.
AUTISME
Repliement du sujet sur lui-même, et perte de contact avec le monde extérieur. L'autisme est un symptôme, ou un ensemble de symptômes, qui a longtemps fait partie des critères de définition de la schizophrénie''. Aujourd'hui, le terme est plutôt réservé à un état pathologique infantile particulier "souvent symptomatique de la psychose''. Bettelheim lie l'autisme de l'enfant à une très forte angoisse de mort, contre laquelle celui-ci se défend en s'isolant affectivement du monde extérieur.
AUTOANALYSE
Analyse du sujet par lui-même, recourant à la technique psychanalytique des associations'' libres et de l'interprétation des rêves, l'autoanalyse est au fond une forme d'introspection qui utilise une connaissance des outils psychanalytiques.
On peut supposer que Freud'' n'a pas eu d'autre choix que de pratiquer l'autoanalyse, puisqu'il est l'inventeur de la psychanalyse, mais il la considère comme moins aboutie que la psychanalyse.
L'autoanalyse peut être considérée comme une résistance'' à l'analyse elle-même, parce qu'elle permet d'éviter la relation qu'instaure la cure psychanalytique. Elle est cependant pratiquée et conseillée à ceux qui ont déjà fait une cure analytique et en particulier aux analystes.
AUTOÉROTISME
C'est un type de sexualité où la satisfaction est obtenue par le sujet sans recourir à un objet extérieur, mais par le seul usage de son propre corps, comme dans la masturbation.
Dans un sens plus spécifique, on parlera d'autoérotisme lorsque la satisfaction est obtenue par l'excitation d'une zone érogène isolée.
L'autoérotisme est un des stades du développement sexuel humain: la libido de l'enfant trouve à se décharger par investissement de zones de son propre corps ( ► Stade oral, Stade anal, Pulsion partielle). Une telle organisation libidinale, chez l'adulte, est considérée comme une perversion (étymologiquement un renversement) de la fonction sexuelle normale.
Autre, autre
L'autre est ce par quoi le sujet se constitue comme sujet d'une relation, et en particulier comme sujet désirant. Mais l'autre est d'abord ce par quoi l'individu se constitue, par identification. C'est dans cette première acception que Lacan définit le concept de l'autre, avec un a minuscule.
L'autre est aussi ce qui confronte le sujet avec l'extérieur, avec une dimension dont il dépend sans pouvoir aucunement la maîtriser. C'est dans ce sens que Lacan définit l'Autre, avec un A majuscule cette fois.
Cet Autre, selon Lacan, existe dans l'ordre du langage, se confond pratiquement avec l'ordre du langage, le symbolique. L'inconscient, dans cette perspective lacanienne, est constitué, dans la psyché du sujet, par le discours de l'Autre.
BÉNÉFICE (PRIMAIRE ET SECONDAIRE
DE LA MALADIE)
Le symptôme est un compromis entre un désir et une défense : il est le moyen que le désir a trouvé pour se satisfaire, compte tenu de la défense. C'est pourquoi le symptôme, même s'il entraîne un désagrément ou une souffrance, entraîne une satisfaction du désir. Cette satisfaction, éprouvée par le sujet dans son symptôme et à l'origine même de la formation de ce symptôme, est appelée bénéfice primaire.
On appelle bénéfice secondaire la satisfaction éprouvée, de façon secondaire, dans les conséquences de la maladie. Par exemple, une maladie psychosomatique apporte au sujet le bénéfice primaire d'une jouissance inconsciente de son symptôme, et le bénéfice secondaire d'être choyé par son entourage, ou de ne pas aller travailler.
BESOIN DE PUNITION
Certains sujets manifestent le besoin de se punir de toute satisfaction éprouvée. Selon Freud, l'autopunition est une manifestation de la pulsion de mort. ► Masochisme, Sentiment de culpabilité.
BETTELHEIM (BRUNO)
Psychanalyste américain d'origine autrichienne, né en 1903 et mort en 1990. Après avoir subi l'internement en camps de concentration, dès 1938, à Dachau puis à Buchenwald, Bettelheim se rend aux États-Unis. Il témoigne de cette expérience dans une étude intitulée Comportement individuel et comportement de masse en situations extrêmes que le général Eisenhower fera lire à tous les officiers américains. A Chicago, à partir de 1939, il enseigne la psychologie et la psychiatrie, et s'occupe d'un centre spécialisé pour les enfants.
Il a publié plusieurs ouvrages sur cette expérience, en particulier en 1967 La Forteresse vide, où il relate le cas de plusieurs enfants autistes. ► Autisme.
BISEXUALITÉ
Existence, chez les deux sexes, d'éléments biologiques, psychologiques et sociaux qui appartiennent au sexe opposé.
Tendance constitutive de l'être humain à être attiré sexuellement par un individu de même sexe et par un individu de sexe opposé.
BLEULER (EUGEN)
Psychiatre suisse, né en 1857 et mort en 1939. Un moment proche de Freud, qu'il soutient dans ses découvertes alors critiquées par la plupart des médecins, il publie avec lui une bibliographie annuelle des recherches en psychopathologie et en psychanalyse, le Jahrbuch fur psychopathologische und psychoanalytische Forschungen. Il se sépare de Freud en 1912, à la suite de la rupture entre celui-ci et Jung qui était l'assistant de Bleuler. Bleuler fonde alors avec Jung l'école de psychologie analytique de Zurich.
Bleuler est surtout connu pour la notion d'ambivalence, qu'il utilise pour l'étude et la compréhension de la schizophrénie. Mais la réflexion de Bleuler sur la schizophrénie le conduit à affirmer le primat des causes organiques de cette maladie, et à les déclarer, de ce fait, inaccessibles à la psychanalyse.
BONAPARTE (MARIE)
Née en 1882, elle fut analysée par Freud à partir de 1920, et devint la principale représentante de la psychanalyse à Paris. Elle y fonda en 1926 la Société psychanalytique de Paris et en 1927 la Revue française de psychanalyse. Fervent soutien de Freud, c'est par ses relations diplomatiques et son influence que Anna Freud évite, à la fin des années 1930, l'internement en camps de concentration. On raconte aussi que c'est en vendant ses bijoux pour donner une rançon aux nazis qu'elle est parvenue à faire sortir Freud et une partie de sa famille de Vienne, en 1938. Promotrice de l'œuvre de Freud, elle est sa première traductrice en français. C'est également à elle que l'on doit la sauvegarde des lettres de Freud à Fliess, qu'elle avait rachetées à un libraire de Berlin et que Freud voulait détruire. Elle décède en 1962.
BREUER (JOSEF)
Médecin autrichien (1842-1925), ami de Freud', il est l'inventeur, avec ce dernier, de la méthode cathartique pour l'étude de l'hystérie. Il pratique cette méthode en particulier avec une des ses patientes, Bertha Pappenheim, rebaptisée par Freud Anna O, dans les Études sur l3hystérie (1895), pour préserver le secret professionnel. Il est de ce fait, et de l'aveu même de Freud, le cofondateur d'un des principaux concepts de base de la psychanalyse'. Au terme de sa cure avec Breuer, Anna O raconta qu'elle était enceinte de son thérapeute. Troublé, le médecin interrompit tout contact avec sa malade. Cette étrange réaction n'était rien d'autre qu'une manifestation du transfert, découvert par Freud à cette occasion.
BUT (PULSIONNEL)
But poursuivi pour la satisfaction de la pulsion', permettant de réduire la tension provoquée par la pulsion.
ÇA
Terme inventé par Groddeck, et devenu un des concepts clés de la psychanalyse, le ça est une des trois instances qui composent la seconde topique freudienne, avec le moi et le surmoi. Le ça est le siège des pulsions de la personnalité, en partie
innées, en partie acquises et refoulées, toujours inconscientes. Il est la plus ancienne et la plus inaccessible des trois instances, les deux autres (moi et surmoi) se constituant à partir de lui, par différenciation et par ajouts. Le ça est le réservoir de l'énergie psychique où s'affrontent en particulier les pulsions de vie et les pulsions" de mort.
Le ça est totalement inconscient, à la différence du moi et du surmoi, qui ne le sont que partiellement. Il ne saurait pour autant se confondre tout à fait avec l'inconscient de la première topique. Selon une phrase célèbre de Freud", la psychanalyse viserait la conquête progressive du ça par le moi: « Wo es war soll ich werden » (Là où était le ça, le moi doit advenir). « La lutte contre toutes les résistances du ça est la tâche principale de la cure psychanalytique », écrit-il dans Ma vie et la psychanalyse.
CAS LIMITE
Désigne, dans la typologie des pathologies psychologiques, les états intermédiaires entre la névrose" et la psychose, dont le diagnostic est indécidable ou dont la structure relève pour partie de traits névrotiques, pour partie de traits psychotiques.
CASTRATION
Ce concept fondamental dans la théorie psychanalytique est lié au complexe d'Œdipe et revêt deux formulations différentes chez Freud" et Lacan".
Chez Freud, l'angoisse de castration est consécutive à la découverte de la différence des sexes par l'enfant. Elle se manifeste par la peur d'être castré chez le garçon, et par la peur de l'avoir été chez la fille qui cherche une réparation, principalement par un désir d'enfant. Chez le garçon, l'angoisse de castration marque la fin du complexe" d'Œdipe, chez la fille, il le précède. Il faut cependant noter que de nombreux psychanalystes (en particulier des femmes, dont M. Klein") ont contesté le référent unique du phallus" pour expliquer ce stade de développement chez les enfants des deux sexes.
Pour Lacan, la castration est un événement symbolique, ordonnant le sujet à l'ordre de la loi, ce qui lui permet d'accéder à la maturité génitale. Elle est marquée par la renonciation de l'enfant à être le phallus de la mère. Renonciation au phallus, la castration
crée le manque qui permet au désir d'advenir : « Mais en fin de compte, je le souligne, le pivot, le point de concours de la dialectique libidinale auquel se réfèrent chez Freud le mécanisme et le développement de la névrose, est le thème de la castration. C'est la castration qui conditionne la crainte narcissique. C'est l'acceptation de la castration que le sujet doit payer d'un prix aussi lourd que ce remaniement de toute la réalité. Cette prévalence, Freud n'en démord pas. C'est dans l'ordre matériel, explicatif, de la théorie freudienne, d'un bout à l'autre, une invariante, une invariante prévalente. » (Lacan, Séminaire III, « Les psychoses ».)
CATHARTIQUE (MÉTHODE)
Méthode thérapeutique inventée et inaugurée par Freud et Breuer dans le traitement de l'hystérie. Elle libère le sujet de son symptôme par la remémoration et la représentation de l'origine traumatique du symptôme, et permet au patient de libérer l'affect originellement lié à cette représentation.
Le nom de cette méthode est calqué sur celui de la catharsis aristotélicienne (théorie d'Aristote, philosophe grec du IVe siècle av. J.-C., selon laquelle la représentation des passions sur la scène du théâtre tragique opérait sur le spectateur une purgation, ou « catharsis » de ces mêmes passions). Elle est l'ancêtre de la technique psychanalytique.
CENSURE
Opération psychique qui empêche les désirs et les formations inconscientes de parvenir à la conscience sous leur forme originaire. Dans la première topique, la censure règle l'accès des représentations de l'inconscient au préconscient et, dans une moindre mesure, du préconscient au conscient.
« Le but de l'élaboration du rêve est d'obtenir une expression qui échappe à la censure. » « L'oubli des rêves ne s'explique que par l'action de la censure. Le sentiment d'avoir beaucoup rêvé pendant une nuit et de n'en avoir retenu que peu de chose peut bien signifier dans de nombreux cas que le travail du rêve a bien fonctionné pendant toute la nuit, mais n'a laissé passer en fin de compte qu'un très court rêve. On l'oublie souvent en dépit de toute la peine que l'on se donne pour le retenir.» (Freud, L'Interprétation des rêves.)
CHOIX D'OBJET
On parle de choix d'objet pour qualifier le type de relation que le sujet établit avec l'extérieur. On parlera par exemple de choix d'objet par étayage quand le choix d'objet se fait par référence aux objets qui ont protégé le sujet dans l'enfance (le père, la mère), ou de choix d'objet narcissique pour décrire un choix d'objet par ressemblance au moi du sujet.
CLIVAGE
Dans l'œuvre de M. Klein, la notion de clivage de l'objet décrit l'attitude qui consiste, chez l'enfant, à scinder l'objet de la pulsion (en l'occurrence le sein maternel) en un bon et un mauvais objet, de façon à éviter l'angoisse que génère chez lui le sentiment de haine provoqué par le manque. C'est un mécanisme de défense. « Certains, parmi nos patients, croient savoir que leur allaitement a été satisfaisant; ils ont pu éliminer par un clivage leurs ressentiments, leur envie et leur haine qui, cependant, s'inscrivent dans le développement de leur caractère. » (M. Klein, Envie et Gratitude.}
Le clivage du moi consiste en une scission du jugement à l'égard de la réalité en deux attitudes opposées et néanmoins coexistentes. Freud étudie le phénomène du clivage dans le fétichisme : le fétichiste, tout en sachant que la femme n'a pas de pénis, maintient, par le fétiche, la croyance qu'elle en a un.
Déni.
COMPLEXE
Terme introduit dans le champ psychanalytique par Jung et l'école de Zurich, il désigne un ensemble cohérent de traits psychiques, de sentiments et de représentations, partiellement ou totalement inconscients, et qui orientent le comportement et les actes de l'individu. On parlera de complexe d'infériorité, par exemple, pour décrire un ensemble de comportements qui répondent manifestement au besoin de lutter contre un sentiment d'infériorité.
COMPLEXE D'CEDIPE
La théorie du complexe d'Œdipe a été élaborée par Freud'1'. C'est l'un des éléments essentiels de la théorie psychanalytique, en référence au personnage mythologique d'Œdipe, et en particulier à la pièce de Sophocle, Œdipe roi, qui a servi de point de départ à Freud.
La légende grecque d'Œdipe raconte que le roi de Thèbes, Laïos, apprit par un oracle que le fils qu'il aurait de sa femme Jocaste le tuerait. C'est pourquoi, après la naissance de son fils, Laïos perça le pied de l'enfant et chargea un serviteur de l'abandonner. Mais le serviteur décida de sauver Œdipe et le confia à un berger, qui le fit adopter par le roi et la reine de Corinthe. Devenu adulte, Œdipe consulta l'oracle de Delphes, et l'oracle lui prédit qu'il tuerait son père et qu'il épouserait sa mère. Pour échapper à son destin, et se pensant le fils du roi de Corinthe, Œdipe fuit la ville. Il rencontre en chemin le roi Laïos et le tue. Arrivé à Thèbes, il libère la ville du fameux sphinx, et, en récompense, reçoit la main de la reine Jocaste. Ainsi, sans le savoir, Œdipe a-t-il réalisé le destin que lui prédisait l'oracle. Plus tard, pour se punir, il se crèvera les yeux et sera banni de Thèbes...
Selon ses propres dires, la lecture de la pièce de Sophocle devait être pour Freud la révélation du complexe d'Œdipe : « La légende grecque a su saisir des sentiments que tous les hommes reconnaissent, parce qu'ils les ont tous éprouvés. Chaque spectateur fut un jour Œdipe en germe, en imagination, il s'épouvante de voir la réalisation de son rêve transportée dans la vie, il frémit à proportion du refoulement qui sépare son état infantile de son état actuel », écrit-il dans une lettre à Fliess, en 1897.
Le complexe d'Œdipe est un ensemble d'investissements positifs et négatifs dirigés par l'enfant vers ses parents, et intervenant au cours de la phase phallique, c'est-à-dire vers l'âge de trois ans. En d'autres termes, il s'agit, chez le garçon, d'une attitude amoureuse envers la mère et d'une rivalité vis-à-vis du père. La forme complète du complexe d'Œdipe fait coexister cette première structure, qu'on appelle aussi forme positive du complexe d'Œdipe, et la structure inverse, appelée forme négative : la présence de sentiments amoureux envers le père et d'hostilité envers la mère.
La résolution du complexe d'Œdipe intervient avec le complexe de castration. L'enfant renonce alors à l'investissement amoureux de la mère et, par identification au père, intériorise l'obstacle que celui-ci représentait à la satisfaction du désir œdipien. La résolution plus ou moins achevée du complexe d'Œdipe, qui détermine la possibilité d'accéder à une vie adulte, sexuellement, mais aussi socialement, est, de façon pratiquement systématique, le noyau de chaque névrose'. Voici comment Freud fait du surmoi l'héritier du complexe d'Œdipe : « Le "surmoi" est le dépositaire du phénomène que nous nommons conscience morale. Il importe fort à la santé psychique que le "surmoi" se soit développé normalement, c'est-à-dire soit devenu suffisamment impersonnel. Ce n'est justement pas le cas chez le névrosé, chez qui le complexe d'Œdipe n'a pas subi la métamorphose voulue. Son "surmoi" est demeuré, en face du "moi", tel un père sévère pour son enfant, et sa moralité s'exerce de cette façon primitive : le "moi" doit se laisser punir par le "surmoi". » (Ma vie et la psychanalyse.)
Chez la fille, dont le premier objet d'amour est également la mère, donc une personne du même sexe, le processus ne peut pas être identique. L'angoisse de castration, contrairement à ce qui se passe chez le garçon, précède le complexe d'Œdipe. L'envie du pénis qu'elle n'a pas se convertit en envie d'avoir un enfant du père, en identification avec la mère, en sentiment de rivalité avec elle et en amour pour le père.
La sortie du complexe d'Œdipe marque l'entrée dans la période de latence.
Pour Lacan, l'attitude envers le père est le point fondamental du complexe d'Œdipe. La castration est pour lui une fonction symbolique, permettant l'entrée dans l'ordre du langage. ► Nom- du-père.
Pour M. Klein et l'école kleinienne, le complexe d'Œdipe est très précoce. Il commence à produire des effets dès la deuxième moitié de la première année, lors de la position dépressive.
COMPLEXE DE CASTRATION
CASTRATION)
COMPORTEMENTALISME
Courant de la psychologie et pratique thérapeutique visant à comprendre et à agir directement sur le comportement sans passer par une théorie de l'inconscient. Le comportementalisme est également appelé behaviorisme en raison de son origine américaine.
COMPROMIS (FORMATION DE)
Le refoulement interdit à la représentation ou à l'affect de prendre place en tant que tel dans la conscience. Mais, sous la pression de l'inconscient, se forment des rêves, des symptômes, des actes manqués, qui permettent à ce qui est refoulé de s'exprimer, sous une forme déguisée. C'est ce qu'on appelle les formations de compromis : « Les actes manqués résultent d'un compromis ; ils signifient que le refoulement est à moitié manqué, à moitié réussi, que l'intention menacée, si elle n'est pas complètement supprimée, est suffisamment refoulée pour ne pas pouvoir se manifester, abstraction faite de certains cas isolés, telle quelle, sans modifications. » (Freud, Introduction à la psychanalyse. )
Dans une lettre à Fliess, Freud assimile compromis et symptôme : « Les trois névroses, l'hystérie, la névrose obsessionnelle et la paranoïa [la paranoïa est encore à cette époque appelée névrose; Freud la rangera plus tard parmi les névroses narcissiques, c'est-à-dire les psychoses], comportent les mêmes éléments (la même étiologie), c'est-à-dire des fragments mnémoniques, des impulsions (dérivant des souvenirs) et des fabulations protectrices. Mais l'irruption dans le conscient, les formations de compromis, c'est-à-dire de symptômes, sont différentes dans chaque cas. Dans l'hystérie, ce sont des souvenirs; dans la névrose obsessionnelle, les pulsions perverses [cette qualification des symptômes de la névrose obsessionnelle sera abandonnée par Freud par la suite], et dans la paranoïa, les fabulations défensives (fantasmes) qui, déformées du fait des compromis, s'insinuent jusqu'au comportement habituel. »
COMPULSION
Tendance inconsciente à exécuter certains actes ou à avoir certaines pensées alors même que, consciemment, on se l'interdit. Le non-accomplissement d'un comportement ou d'une pensée compulsionnels est générateur d'angoisse.
COMPULSION DE RÉPÉTITION
Tendance inconsciente à répéter un événement passé à travers des situations présentes, douloureuses. Dans la névrose, la répétition du refoulé comme expérience vécue se. substitue à une remémoration de l'événement en tant qu'élément du passé. « Le patient n'a aucun souvenir de ce qu'il a oublié ou refoulé; . il ne fait que le traduire en actes. Ce n'est pas sous forme de souvenir que le fait oublié reparaît, mais sous forme d'action. Le malade répète évidemment cet acte, sans savoir qu'il s'agit d'une répétition. » (Freud, La Technique psychanalytique.)
Remettant en cause la prévalence absolue du principe de plaisir, la compulsion de répétition a permis de mettre en évidence l'existence de la pulsion de mort comme tendance conservatrice poussant l'individu à retourner à l'état originaire de non-vie, c'est-à-dire à la mort. C'est un concept majeur de la dernière partie de l'œuvre de Freud (voir Au-Delà du principe de plaisir, 1920) et un des quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse pour Lacan, avec l'inconscient, le transfert et la pulsion.
CONDENSATION
Les représentations de l'inconscient' sont, le plus souvent, le résultat de processus .de condensation par lesquels des représentations', des pensées de provenances diverses s'additionnent et se combinent en un terme unique.
C'est à propos du rêvé que le mécanisme de la condensation se laisse le mieux saisir. Un élément manifeste ( ► Contenu manifeste /contenu latent) peut y renvoyer à plusieurs éléments latents distincts, chacun ayant un rapport spécifique avec l'élément manifeste: « Le matériel des pensées oniriques subit, au cours de l'élaboration du rêve, une compression extrêmement forte, une condensation. Les points d'où part la condensation sont les facteurs communs que recèlent les pensées oniriques, soit par l'effet du hasard, soit en raison de leur propre fond. » (Freud, Le Mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient.)
La condensation, comme la dénégation, l'isolation, le déplacement, est un mécanisme à l'œuvre dans le processus. de refoulement d'une représentation.
Lacan a donné à ce mécanisme de la condensation une acception essentiellement langagière qui la rapproche de la métaphore.
CONFLIT PSYCHIQUE
Dans une conception dynamique de l'appareil psychique, on dira que les désirs, les représentations, les pulsions ou les instances antagonistes au sein d'un individu provoquent des conflits psychiques. Ainsi, le complexe d'Œdipe représente un conflit entre des tendances contraires chez l'enfant : amour et haine du père, désir de la mère et crainte de la colère paternelle, etc.
Le modèle fondamental du conflit psychique est celui du conflit entre le désir et la défense. Le symptôme névrotique est le résultat d'un conflit pulsionnel mal résolu : une pulsion indésirable est refoulée, mais fait retour sous la forme du symptôme. La première théorie freudienne des pulsions voyait dans le conflit entre les pulsions sexuelles et les pulsions du moi la base de l'ambivalence pulsionnelle, mais la dernière théorie des pulsions ramène l'ensemble des conflits psychiques dans le cadre de l'opposition entre pulsions de vie et pulsions de mort.
La psychanalyse est clairement une tentative de reconnaître et de régler au maximum les conflits psychiques : « Il nous faut rechercher les refoulements anciens, inciter le "moi" à les corriger, grâce à notre aide, et à résoudre ces conflits autrement et mieux qu'en tentant de prendre devant eux la fuite. » (Freud, Psychanalyse et Médecine. )
CONSCIENT
C'est l'un des trois éléments de la première théorie freudienne de l'appareil psychique, avec l'inconscient et le préconscient. Le conscient se définit par opposition à l'inconscient, le préconscient représentant en quelque sorte un lieu de transition entre les deux autres.
Le conscient, dans la première topique, est le lieu où s'opère le contact avec le monde extérieur. Comme le préconscient, auquel il est associé en un système qu'on appelle « précons- cient-conscient », le conscient est régi par le processus secondaire. Il est chargé de recevoir d'une part les perceptions en provenance de l'extérieur, d'où l'appellation fréquente de « système perception-conscience » ; d'autre part, il abrite les processus de pensée, c'est-à-dire aussi bien les processus réflexifs que les souvenirs.
CONTENU MANIFESTE, CONTENU LATENT
Les éléments du rêve, pris dans leur sens littéral (c'est le récit qui en est fait par le dormeur), constituent ce qu'on appelle son contenu manifeste. Le contenu latent est révélé par l'analyse du rêve, faisant apparaître la signification du rêve, qui est toujours l'expression d'un désir inconscient. La transformation du contenu latent en contenu manifeste est le résultat de différents processus (condensation, déplacement), sous l'effet de la censure. Elle vise à protéger le sommeil du dormeur de la menace des représentations inconscientes.
De même, la forme prise par un symptôme ou toute autre production de l'inconscient comporte un contenu manifeste et un contenu latent.
CONTRE-INVESTISSEMENT
Mécanisme qui entre en jeu dans le processus du refoulement. Le moi investit dans des représentations inoffensives la quantité d'énergie désinvestie des représentations qu'il juge dangereuses. Ce mécanisme a pour fonction d'empêcher l'accès des représentations et des désirs inconscients à la conscience.
CONTRE-TRANSFERT
Le contre-transfert est la réaction du psychanalyste dans le cadre de la cure psychanalytique. Il peut s'exprimer de façon manifeste (par des gestes, des intonations, des phrases), mais le contre-transfert désigne plus largement l'ensemble des réactions inconscientes de l'analyste au transfert de l'analysant.
C'est la raison pour laquelle un psychanalyste est tenu d'avoir mené une analyse personnelle, mais aussi de pratiquer des contrôles et d'effectuer de nouvelles tranches d'analyse au cours desquelles il analyse ses contre-transferts, de façon à dégager en quoi ils opèrent dans la relation thérapeutique avec ses propres patients.
CONTRÔLE
Travail effectué par un analyste auprès d'un autre analyste, généralement pendant plusieurs années. Au cours de ce contrôle, il analyse les contre-transferts survenus au cours du travail accompli avec ses patients. ► Analyse didactique.
CONVERSION
C'est l'un des modes du refoulement et de la formation du symptôme, comme le déplacement' ou la transformation en angoisse. La conversion vise à résoudre un conflit psychique par transformation de l'énergie libidinale attachée à une représentation indésirable en énergie somatique. Elle concourt alors à la formation d'un symptôme qui s'exprime par le corps et qui traduit, symboliquement, la représentation refoulée. ► Hystérie de conversion.
CURE PSYCHANALYTIQUE
Travail effectué par un patient, en relation avec un psychanalyste, et qui consiste essentiellement en une relation de parole. La règle fondamentale de la cure est d'appliquer systématiquement la technique de l'association libre : le patient doit exprimer à l'analyste tout ce qui se présente à son esprit, idées, émotions, images, sans rien sélectionner. C'est le respect de cette règle qui permet aux formations inconscientes de se faire jour. Le deuxième élément essentiel de la cure psychanalytique est le transfert, c'est-à-dire un phénomène de projection affective du patient en direction de l'analyste. Ce transfert, dans lequel l'analyste se garde d'intervenir, mais qu'il interprète, est ce qui permet au patient, après-coup, de comprendre le sens de ses réactions et de ses affects, et de progresser.
La finalité d'une cure psychanalytique est, comme son nom l'indique, thérapeutique : il s'agit d'obtenir un mieux-être. Mais, en tant qu'elle amène à une meilleure connaissance de l'inconscient et de ses mécanismes, la cure peut être considérée aussi comme une aventure de la connaissance.
DÉCHARGE
Dans la théorie freudienne, le point de vue économique postule le principe de constance qui veut que la quantité d'excitation contenue dans l'appareil psychique soit aussi réduite que possible. Pour la maintenir au niveau le plus bas possible, le sujet dispose de deux moyens : la décharge de l'énergie déjà présente, la défense contre toute augmentation de cette énergie.
DÉFENSE
Réaction par laquelle le sujet réagit à une pulsion, refoule une représentation insupportable ou réprime un affect qui lui semble menacer son équilibre psychique. Les défenses sont en partie inconscientes.
Les défenses font partie des mécanismes courants dans la formation de la personnalité et l'évolution, tout au long de la vie. Elles ne deviennent pathologiques que quand elles entraînent un conflit au sein de l'appareil psychique. ► Conflit psychique. Les principales défenses sont l'annulation rétroactive, la condensation, le contre-investissement, le clivage, la dénégation, le déni, l'isolation, le déplacement, la formation de compromis, la formation réactionnelle, la formation substitutive, l'identification, l'introjection, la projection, le refoulement et la sublimation.
« [...] le [...] concept de défense [...] doit désigner de façon générale toutes les techniques dont se sert le moi dans ses conflits, qui peuvent éventuellement mener à la névrose, tandis que nous gardons le terme de refoulement pour l'une de ces méthodes de défense en particulier [...]. » (Freud, Inhibition, Symptôme et Angoisse.)
DÉFORMATION
Le rêvé se présente sous la forme d'un contenu manifeste qui est représenté par le récit qu'en fait le dormeur. L'analyse de ce contenu manifeste permet de dégager son contenu latent qui est toujours, en dernier ressort, l'expression d'un désir censuré. Le contenu latent n'est accessible que par un travail d'analyse. Mais, dans le processus de formation du rêve, le contenu latent est premier. Il est transformé sous l'effet de la censure, parce que le désir qui y est exprimé apparaît comme dangereux pour le sujet. La transformation du contenu latent en contenu manifeste est l'effet de ce qu'on appelle la déformation.
DÉLIRE
Terme de psychiatrie concernant surtout les psychoses. Il désigne toute production psychique transformant ou remplaçant la réalité extérieure par ce qu'on appelle une « néoréalité », c'est-à-dire une réalité fictive. Le délire est le plus souvent une
production verbale (délire d'interprétation paranoïaque, par exemple), mais peut être aussi purement perceptif (hallucinations sensorielles, auditives en général).
En psychanalyse, Freud a souligné que les délires psychotiques étaient en quelque sorte l'expression directe des contenus inconscients, et que, comme tels, ils avaient un grand intérêt pour la compréhension des névroses, où ces mêmes contenus inconscients ont été traités par les mécanismes de défense, le refoulement en particulier.
DÉNÉGATION
Formulation qui consiste, chez un individu, à exprimer une pensée, un affect, tout en les niant, pour les écarter. La dénégation permet au sujet d'énoncer ce qui est refoulé en le niant, c'est-à- dire en refusant de l'assumer comme tel. La dénégation est un des modes par lesquels le refoulé peut accéder à la conscience.
DÉNI
Mode de défense qui consiste à refuser la réalité d'une représentation. Le déni est plus radical que le refoulement, puisque c'est la perception de la réalité elle-même qui est niée et non pas sa représentation qui est refoulée.
Ce terme est employé par Freud en particulier pour désigner le déni de la castration, qui consiste pour l'enfant à ne pas reconnaître l'absence de pénis chez la femme. Le déni est un mode habituel de défense chez l'enfant, sans danger pour lui. Chez l'adulte, le déni de la réalité est surtout présent dans la psychose. Alors que le névrosé ne veut rien savoir de la réalité, le psychotique la dénie et cherche à la remplacer par autre chose.
Fétichisme.
DÉPLACEMENT
Mécanisme du refoulement par lequel un affect est détaché de la représentation inconsciente à laquelle il se rapportait d'abord, pour être lié à une autre représentation qui n'entretient avec la première qu'un rapport indirect. La seconde représentation se trouve ainsi liée à un affect qui est sans mesure avec celui qu'on y attendrait, tandis que la première représentation se
trouve refoulée ( ► Refoulement). L'exemple le plus célèbre se trouve dans une des Cinq Psychanalyses de Freud"", celle du petit Hans. La haine de son père déclenche un affect de peur, qui, par déplacement, se fixe sur le cheval. Le lien entre père et cheval est le fait qu'ils ont tous les deux ce que le petit Hans appelle un gros « fait-pipi ».
Le déplacement est un des mécanismes à l'œuvre dans le travail du rêvé. Il est aussi un des modes privilégiés de formation de symptômes' dans la névrose obsessionnelle.
DÉPRESSION
Affection psychologique se traduisant par un sentiment durable de tristesse et de souffrance morale, par une sensation d'impuissance et un ralentissement général de l'activité psychique et physique, parfois par des troubles du sommeil.
On peut distinguer deux grands types de dépression, l'une endogène ( ► Psychose maniaco-dépressive), l'autre exogène, c'est-à-dire d'origine extérieure : affection somatique, choc, etc.
DÉPRESSIVE ( ► POSITION DÉPRESSIVE)
DÉSINVESTISSEMENT
Phase du refoulement qui précède le contre-investissement : la représentation refoulée est d'abord désinvestie, et c'est la quantité d'énergie pulsionnelle rendue disponible par le désinvestissement qui va se fixer, par contre-investissement, sur une autre représentation et qui va provoquer l'angoisse.
DÉSIR
Ce terme dont la définition ne pose pas de problème majeur dans une acception courante (tendance qui pousse l'individu vers un objet, réel ou fantasmé) recouvre une notion complexe dans la théorie psychanalytique, en particulier dans l'œuvre de Lacan, qui lui fait une place importante.
Pour Freud"", le désir, lié au besoin, cherche à reproduire les premières expériences de satisfaction. Chez l'enfant, le besoin fondamental de la nourriture crée une tension qui n'est réduite
que par la satisfaction qui résulte de l'obtention du sein maternel. Cette satisfaction, qui est aussi de nature sexuelle ( ► Etayage), nécessite un objet. Que cet objet vienne à manquer et le désir naît.
Mais, à la différence du besoin qui trouve à se satisfaire dans l'obtention d'un objet spécifique (la nourriture pour la faim, par exemple), le désir trouve sa satisfaction dans la reproduction hallucinatoire de signes liés aux premières expériences de la satisfaction et ces signes sont les véritables déterminants du désir.
Lacan a insisté sur la distinction à faire entre le besoin, le désir et la demande. Le besoin naturel de manger chez le nourrisson s'exprime par des manifestations telles que cris, pleurs, que la mère interprète comme une demande, impliquant par là même le sujet dans le registre du langage et de la communication ( ► Autre). Le désir proprement dit n'est possible que si l'objet cause de la satisfaction (en l'occurrence, le sein maternel) manque. C'est parce qu'il en est frustré que l'enfant peut isoler cet objet, l'identifier comme la cause de son désir. Ainsi le désir est-il lié à l'objet manquant. ► Objet a.
Inscription d'un manque dans une demande, le désir de l'enfant est constitué par l'autre qui le reçoit. C'est pourquoi, pour reprendre une formule de Lacan, le désir est toujours le désir de l'autre. Inscrit nécessairement dans l'ordre du signifiant, le désir est par essence aliéné et doit en passer par la castration. Ainsi, le névrosé entretient-il son insatisfaction parce qu'il ne peut articuler son désir à la loi symbolique qui en autoriserait une certaine réalisation.
DÉTRESSE
Pour Freud, l'état de détresse désigne la condition du nourrisson qui dépend entièrement des autres pour satisfaire ses besoins, n'ayant aucune possibilité de les satisfaire par ses propres moyens.
DEUIL
On parle en psychanalyse d'un travail du deuil pour désigner le processus psychique qui permet au sujet de renoncer à un objet qu'il a perdu. Au cours de ce processus, le sujet se détache des
investissements liés à l'objet perdu en l'intériorisant. Les notions de bon et de mauvais objet, dans l'œuvre de M. Klein, permettent de comprendre le travail du deuil comme le rétablissement d'un bon objet interne suite à la perte d'un objet externe. C'est ainsi que la mort d'une personne chère entraîne un travail douloureux d'intériorisation. Mais la psychanalyse donne à ce terme de deuil un sens plus large que le sens courant. Le deuil ne concerne pas seulement la mort; il désigne le travail consécutif à toute perte d'objet: une rupture amoureuse, 'un échec aux examens, par exemple.
DISCOURS
Lacan''" a insisté sur le fait que tout sujet parlant est déterminé, sinon aliéné par le discours qu'on tient sur lui (qu'on pense par exemple à l'influence que la rumeur, les on-dit, peuvent avoir sur quelqu'un). Dès sa naissance et même avant, le sujet est déterminé comme objet de discours : par ses parents, d'abord, et par d'autres personnes ensuite. La psychanalyse vise, entre autres, à permettre au sujet d'assumer les déterminations dans lesquelles il est pris. C'est pourquoi Lacan s'est intéressé ' à la notion de discours.
A partir de la constatation que tout sujet est déterminé par un signifiant qui le représente auprès des autres, Lacan a élaboré la « théorie des quatre discours », sous forme d'un algorithme. Aux quatre places de la vérité, de l'agent, de l'autre et de la production s'inscrivent respectivement le sujet, le signifiant, le savoir et l'objet a, configurant le discours du maître. Par permutation, ce qui vient s'inscrire à la place de l'agent configure un discours de l'université, un discours de l'hystérique, un discours du psychanalyste.
DOLTO (FRANÇOISE)
Née en 1908 et décédée en 1988, F. Dolto a essentiellement consacré son œuvre et sa carrière aux enfants. Parmi ses livres, on peut citer Psychanalyse et Pédiatrie (1939), Le Cas Dominique (1971) et L'Évangile au risque de la psychanalyse (1978). Sa faculté exceptionnelle de se faire entendre par le public lui a assuré une importante notoriété.
DYNAMIQUE
Un des apports de la psychanalyse a été de considérer la vie psychique comme le lieu de forces antagonistes, c'est-à-dire selon un point de vue dynamique. C'est dans cette perspective qu'on parlera de poussée de la pulsion pour désigner la force qui la pousse à se satisfaire, de conflit psychique pour parler de l'opposition de pulsions entre elles, de formation de compromis et de formation du symptôme. Freud a fondé sa conception du conflit psychique fondamental sur l'opposition entre libido et défense du moi (ou autoconservation), puis, dans un second temps, sur l'opposition entre pulsion de vie ( Eros) et pulsion de mort.
ÉCOLE FREUDIENNE DE PARIS
Groupe fondé en 1964 par Lacan, après la dissolution de la Société française de psychanalyse. En 1969, une nouvelle scission se produisit au sein de l'école freudienne de Paris, à cause de désaccords concernant la question de l'analyse didactique et entraîna la fondation, autour de Piera Aulagnier, du Quatrième groupe.
ÉCONOMIQUE
Le point de vue économique consiste à envisager la vie intrapsychique sous l'angle de la quantité d'énergie qui s'y investit. Complétant le point de vue dynamique, qui envisage les oppositions des différentes forces du psychisme d'un point de vue « directionnel », il envisage ces mêmes forces d'un point de vue quantitatif. La quantité d'énergie psychique d'origine pulsionnelle est également appelée quantum d'affect.
ÉLABORATION PSYCHIQUE
Opération par laquelle l'appareil psychique intègre les quantités d'énergie que lui apportent les excitations et qui risqueraient de devenir pathogènes si elles n'étaient pas intégrées. On appelle aussi ce phénomène le pare-excitation.
ÉLABORATION SECONDAIRE
Deuxième phase du travail du rêvé, qui consiste à rendre le rêve à peu près cohérent et intelligible pour le dormeur lui-même. Comme le déplacement'' et la condensation' - qui appartiennent au processus' primaire-, l'élaboration secondaire est un effet de la censure"", puisque cette sorte de «lissage» du rêve permet de masquer le désir inconscient dont le rêve est l'expression voilée.
Le cauchemar, qui se caractérise par l'angoisse qui lui est liée, est un rêve dont l'élaboration secondaire a échoué.
ÉNERGIE PULSIONNELLE
Le point de vue économique envisage la dimension quantitative de la vie psychique, sous l'angle de la quantité d'énergie qui y circule. Cette quantité d'énergie - issue des pulsions - est également appelée quantum d'affect. ► Affect.
On parle d'énergie libre dans le processus primaire, pour désigner l'état initial de l'énergie pulsionnelle, telle qu'elle peut circuler librement vers la déchargé, et d'énergie liée dans le processus'' secondaire pour désigner un état ou l énergie est contrôlée.
ENVIE
Terme spécifique, dans le champ psychanalytique, de l'œuvre de M. Klein. Il s'agit d'une propension à acquérir l'objet"", ou à le détruire s'il s'avère impossible de l'acquérir. Le prototype de l'envie est l'envie du sein maternel.
ENVIE DU PÉNIS
Concept freudien développé pour décrire la sexualité féminine, l'envie du pénis résulte, chez l'enfant de sexe féminin, de la découverte de la différence des sexes. Se sentant privée de cet organe qu'elle n'a pas, la petite fille désire l'obtenir ( ► Complexe de castration). Cette envie du pénis prendra deux formes majeures au moment du complexe"" d'Œdipe : celle du désir du pénis et celle du désir d'avoir un enfant. A l'âge adulte, elle se traduira par le désir de jouir du pénis dans le coït.
ÉROGÈNE
Se dit de toute activité ou zone corporelle susceptible de produire une excitation sexuelle. ► Pulsion partielle.
ÉROS
Dans la dernière théorie freudienne des pulsions, l'Éros désigne l'ensemble des pulsions de vie, opposées aux pulsions de mort. Le terme d'Eros, emprunté à la mythologie et à la philosophie grecque, permet de considérer la sexualité dans l'acception la plus large d'énergie vitale, par opposition à celui de libido qui désigne plus spécifiquement l'énergie issue de la pulsion sexuelle.
ÉTAT LIMITE
Depuis Freud, psychanalyse et psychiatrie n'ont cessé de s'interroger sur des états pathologiques ne correspondant ni à la catégorie des névroses, ni à la catégorie des psychoses. On appelle état limite les personnalités qui ne relèvent ni d'une structure névrotique, ni d'une structure psychotique.
Les états limites sont des états beaucoup plus instables psychiquement que la névrose ou la psychose. Leur évolution peut mener le sujet à une décompensation psychotique, cependant la très grande majorité des cas parvient à éviter la psychose, grâce à la mise en oeuvre de mécanismes de défense mixtes : névrotiques et de caractère psychotique.
ÉTAYAGE
Désigne toute mise en relation des pulsions sexuelles et des pulsions d'autoconservation. Primitivement, les pulsions sexuelles s'étayent sur les pulsions vitales qui leur désignent leur mode et leur objet (c'est le cas par exemple du sein maternel, objet indifférencié de la pulsion sexuelle aussi bien que de la pulsion vitale du nourrisson).
Les pulsions sexuelles ne deviennent indépendantes que secondairement. Elles peuvent alors entrer en conflit avec les intérêts du moi. ► Pulsions.
C'est ainsi que l'on parlera de choix d'objet par étayage pour désigner un choix d'objet par référence aux pulsions d'auto-
conservation, c'est-à-dire aux objets qui ont permis, dans le passé, la satisfaction de ces pulsions (les parents, par exemple). ► Pulsion partielle.
FANTASME
Production imaginaire, scénario où le sujet met en scène son désir, de façon plus ou moins inconsciente selon l'effet de la censure'". Sorte de rêve éveillé, le fantasme est en quelque sorte un stade intermédiaire • dans la formation du symptôme; il apporte au sujet une satisfaction imaginaire, régie par la censure et représentant conjointement le désir et la défense.
L'importance des fantasmes dans la vie du sujet, telle qu'elle se fait jour dans la cure psychanalytique, par exemple, montre à quel point la névrose est constituée en partie d'une réalité purement psychique. Certains conflits ou traumatismes à l'origine des névroses seraient ainsi essentiellement psychiques, d'ordre fantasmatique.
Les fantasmes infantiles viennent apporter à l'enfant une réponse, imaginaire, à des questions qu'il se pose (sur son origine, sur la sexualité, celle de ses parents en particulier). Certains ont un caractère universel, comme le fantasme de la scène'" primitive.
FERENCZI (SANDOR)
Ferenczi (1873-1933) est un des disciples les plus fidèles de Freud". D'origine hongroise, il contribue au développement des idées freudiennes dans son pays. La psychanalyse lui doit l'introduction des notions d'introjection" et de projection'". A partir de 1923, il s'éloigne des conceptions de Freud, en particulier en ce qui concerne la technique de la cure analytique. Il est l'auteur du Développement de la- psychanalyse (1923), avec Rank", et de Thalassa, psychanalyse des origines de la- vie sexuelle (1924).
FÉTICHISME
Le fétichisme est une déviation sexuelle consistant à associer dans l'acte sexuel ce qu'on appelle un fétiche, qui peut être un objet, une partie du corps (cheveux, main, pied), ou même une odeur, un son, etc.
Pour Freud, le fétiche représente le pénis manquant de la mère, dont il est le signifiant, dira Lacan. Le fétichisme suppose un déni de la castration en ce que le fétiche représente ce dont le sujet n'a jamais voulu admettre l'absence, le pénis de la femme.
Complexe de castration.
FIXATION
Dans la théorie freudienne, la libido passe par des étapes successives qui conduisent le sujet à l'état adulte (stade oral, stade anal, stade phallique, complexe d'Œdipe, période de latence, puberté). Il arrive que la libido, dans son développement, se fixe à un des stades normaux de son évolution, ou qu'elle régresse à un stade antérieur ( ► Régression) : échouant en partie à changer de mode de satisfaction, le sujet retourne à un mode de satisfaction qu'il a connu dans le passé, et refuse de s'en détacher.
« Un développement incomplet de la libido, écrit Freud, comporte des fixations nombreuses et variées de la libido à des phases antérieures de l'organisation et à des objets antérieurs, phases et objets qui, le plus souvent, ne sont plus capables de procurer une satisfaction réelle. [...] la fixation de la libido constitue, après la privation, le plus puissant facteur étiologique des névroses. » {Introduction à la psychanalyse.}
FLIESS (WILHELM)
Oto-rhino-laryngologiste berlinois, Fliess (1858-1928) rencontre Freud en 1885. Tous les deux juifs et fils de commerçant, les deux hommes s'éprennent d'amitié, et, pendant près de vingt ans, échangent une correspondance abondante, où Freud fait part à son ami de ses réflexions, de ses espoirs et de ses doutes. La correspondance avec Fliess, qui a fait l'objet d'une édition et de traductions, est d'une importance capitale pour comprendre la genèse des principaux concepts de la psychanalyse (refoulement, pulsions, rêve, complexe d'Œdipe), et les étapes de l'autoanalyse de Freud.
FORCLUSION
Notion spécifique de la pensée de Lacan (ce terme est le produit de sa lecture du terme allemand de Verwerfung, «rejet» dans l'œuvre de Freud'"), la forclusion désigne chez lui un mécanisme psychique caractéristique de la psychose. Elle désigne le rejet, par le sujet, d'un signifiant hors de ce que Lacan appelle le symbolique. Selon l'expression du psychanalyste Daniel Lagache, la forclusion opère un« trou dans le langage ».
La forclusion appelle une comparaison avec le mécanisme du refoulement'. Tandis que le refoulement empêche ce qui est refoulé dans l'inconscient' de faire retour dans le champ de la conscience en tant que tel, la forclusion consiste, plus radicalement, à ne pas intégrer symboliquement ce qui aurait dû l'être: un signifiant forclos est un signifiant qui ne s'est pas inscrit dans la psyché du sujet, même de façon inconsciente. Voici ce qu'en dit Lacan :
« A propos de la Verwerfung [c'est le terme allemand de Verwerfung, que Lacan traduit par celui de forclusion], Freud, dit que le sujet ne voulait rien savoir de la castration, même au sens du refoulement. En effet, au sens du refoulement, on sait encore quelque chose de ce dont même on ne veut, d'une certaine façon, rien savoir, et c'est toute l'analyse de nous avoir montré qu'on le sait fort bien. S'il y a des choses dont le patient ne veut rien savoir, même au sens du refoulement, cela suppose un autre mécanisme. [...] De quoi s'agit-il quand je parle de Verwerfung ? Il s'agit du rejet d'un signifiant primordial dans des ténèbres extérieures, signifiant qui manquera dès lors à ce niveau. Voilà le mécanisme fondamental que je suppose à la base de la paranoïa. » (Le Séminaire III, « Les psychoses ».) ► Nom-du-père.
FORMATION RÉACTIONNELLE
Une démarche de contre-investissement' peut mener le sujet à une attitude, ou à un comportement opposé à celui qui correspondrait à son désir refoulé ( ► Refoulement), par réaction. Par exemple, une attitude systématique de douceur peut être une formation réactionnelle chez quelqu'un qui refoule ses tendances agressives.
Constitutives de la personnalité, les formations réactionnelles, parce qu'elles sont compulsionnelles et qu'elles peuvent entraîner des conflits' psychiques, sont assimilables à des symptômes'.
FORMATION SUBSTITUTIVE
Formation qui vient prendre la place d'une représentation refoulée ( Refoulement). Alors que la formation de compromis permet à la représentation refoulée de resurgir, mais déformée par la censure, et que la formation réactionnelle est une opposition à la pulsion refoulée, la formation substitutive vient remplacer ce qui a été refoulé.
FREUD (ANNA)
Fille cadette de Freud, Anna Freud (1895-1982) est la seule des six enfants de Freud à être devenue psychanalyste. Réfugiée à Londres à partir de 1938, elle y passa le reste de sa vie. Spécialiste des psychanalyses d'enfants, elle a publié notamment Introduction aux techniques de la psychanalyse d'enfants (1927), Le Moi et les mécanismes de défense (1937), Le Normal et le Pathologique chez l'enfant (1965).
FREUD (SIGMUND)
Rien ne semblait prédisposer particulièrement Freud à élaborer une théorie, la psychanalyse, qui marqua une rupture épistémologique majeure dans l'histoire de la connaissance de l'homme. Né en 1856 en Moravie, aîné des huit enfants du deuxième mariage de son père, Freud s'oriente vers la médecine. Après trois ans d'études médicales, il s'engage dans la voie de la recherche en neurophysiologie, et entre à l'institut de physiologie de Vienne en 1876. Il y poursuit son activité de chercheur pendant une vingtaine d'années, avant de l'abandonner, celle-ci ne lui apportant pas le succès qu'il espérait.
Parallèlement, et pour subvenir aux besoins de sa famille, il s'installe, en 1886, comme neurologue clinicien. La période des années 1880 est marquée par deux rencontres. Celle avec Charcot, à Paris, dont il suit en 1885 et 1886 le travail sur l'hystérie, et celle avec Breuer avec qui il entame, à partir de 1882, une collaboration qui dure jusqu'en 1895, et qui donne lieu à la publication des Etudes sur l'hystérie (1895). Après cette date, leurs divergences théoriques sur l'origine de la névrose met fin à leur collaboration. La première des Etudes sur l'hystérie expose le célèbre cas d'Anna O, traité par Breuer, et où celui-ci avait expérimenté pour la première fois la méthode cathartique.
C'est pendant la période 1895-1900 que se forment les premiers principes de la psychanalyse freudienne : découverte du transfert, de l'origine sexuelle des névroses, abandon de la technique de la suggestion et de l'hypnose'" au profit de celle de l'association libre, théorie du refoulement" et de la nécessité de lever celui-ci pour faire disparaître le symptôme, et, surtout, découverte du complexe d'Œdipe, dont la première formulation intervient en 1897.
En 1900, c'est la publication de L'Interprétation des rêves, où se trouve formalisée la première théorie de l'appareil psychique ou première topique. En 1901, avec la Psychopathologie de la vie quotidienne, en 1905, avec Le Mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient, et les Trois Essais sur la théorie de la- sexualité, Freud formule les découvertes successives de la psychanalyse, l'absence de frontière nette entre le normal et le pathologique, l'importance de la sexualité" infantile dans la formation de la sexualité. Au cours de ces années, l'audience de Freud s'élargit. La Société psychanalytique de Vienne est fondée en 1906, l'Association psychanalytique internationale en 1910.
Son œuvre ne cesse alors de se développer selon deux axes principaux : aspect clinique avec, en particulier, les études qui seront regroupées en France sous le titre de Cinq Psychanalyses (19051918), axe « théorique» avec Totem et Tabou en 1913, Au-Delà du principe de plaisir en 1920, ou des articles comme « Pour introduire le narcissisme», en 1914, et « L'inquiétante étrangeté», en 1919.
La reconnaissance, le succès, l'audience de Freud ont acquis une portée internationale lorsque, bien qu'il ait refusé pendant longtemps de quitter l'Autriche, il se voit contraint, en 1938, d'émigrer en Grande-Bretagne, devant le danger du nazisme. Il meurt à Londres le 23 septembre 1939.
FRUSTRATION
État du sujet quand il se trouve dans l'impossibilité de satisfaire une pulsion", soit qu'il en soit empêché par un élément extérieur, soit qu'il se l'interdise.
La frustration entraîne plusieurs conséquences possibles: soit la substitution d'un objet à un autre, soit la sublimation" de la pulsion, soit encore, dans le cas des névroses, la fixation" et la régression" comme seule solution de satisfaction.
GÉNITAL
On appelle stades prégénitaux le stade oral, le stade anal et le stade"" phallique, et l'on appelle stades génitaux le complexe d'Œdipe, la période de latence, la puberté. Le complexe d'Œdipe marque donc, dans le développement psychosexuel de l'individu, l'entrée dans un mode de sexualité proprement génitale, c'est-à-dire où les organes génitaux sont appelés à jouer le rôle principal, par opposition aux stades antérieurs, caractérisés par le primat de la zone buccale ou anale comme sources des pulsions érotiques.
Par extension, on parlera de choix d'objet génital, ou d'amour génital, pour désigner les relations accessibles au sujet parvenu au terme de son développement psychosexuel.
GRODDECK (GEORG)
Ce médecin allemand (1866-1934), qui a expérimenté dès 1900 des méthodes postulant une dimension psychique des maladies organiques, s'intéresse dès les années 1910 à l'œuvre de Freud. Son ouvrage Le Livre du ça, publié en 1923, est dans la mouvance de la psychanalyse freudienne. Il publia également Détermination psychique et traitement psychanalytique des affections organiques (1917), et L'Etre humain comme symbole (1933).
HYPNOSE
Technique de suggestion découverte à la fin du XVIIIe siècle et utilisée par Freud au début de son expérience de clinicien. C'est d'abord par la pratique de l'hypnose que Freud a eu accès à l'inconscient de ses patients. Mais il abandonna cette technique au profit de celle de l'association libre, plus conforme à l'éthique de la psychanalyse parce qu'elle ne force pas la volonté du patient. Cette technique s'est également révélée plus efficace, car elle permet d'analyser les résistances du patient.
« [l'hypnose] ne nous permet pas [...] de reconnaître la résistance qui fait que le malade s'accroche à sa maladie et, par là, lutte contre son rétablissement ; pourtant c'est le phénomène de la résistance qui, seul, nous permet de comprendre le comportement du patient. » (Freud, La Technique psychanalytique.)
HYSTÉRIE
Dans la psychanalyse freudienne, l'hystérie est, avec la névrose obsessionnelle, un des deux types principaux de névrose. Historiquement, c'est par l'hystérie que Freud a découvert un grand nombre des principes essentiels de la psychanalyse (la notion d'inconscient, le transfert", le refoulement).
L'hystérie se caractérise par la grande variété possible de ses manifestations. On la décrit le plus souvent par des traits comme le théâtralisme ou l'intensité de l'expression affective. Il existe deux types principaux d'hystérie: l'hystérie de conversion, qui se manifeste par des symptômes corporels variés, et l'hystérie d'angoisse (appelée aussi névrose phobique), qui se manifeste par l'angoisse.
Comme la névrose obsessionnelle, l'hystérie peut se définir par un mécanisme propre d'échec du refoulement'-. Schématiquement, on peut dire que le sort de l'affect séparé de sa représentation, dans le cas de l'hystérie, est la transformation.
Dans le cas de l'hystérie d'angoisse, qu'on appelle aujourd'hui plutôt névrosé phobique, l'affect refoulé, détaché de la représentation, est libéré sous forme d'une angoisse qui se fixe sur tel ou tel objet extérieur.
Dans le cas de l'hystérie de conversion, l'affect, sous l'effet du refoulement'-, subit une transformation qui le convertit en énergie physique, formant un symptôme somatique qui représente, symboliquement, le conflit psychique : « La psychanalyse peut faire disparaître les symptômes de l'hystérie s'ils sont l'équivalent, pour ainsi dire la transposition, d'une série d'événements psychiques, de désirs et de tendances qui, par un certain processus (le refoulement), n'ont pu arriver à leur terme en des actes qui s'intégreraient dans la vie consciente. Ces complexes psychiques, retenus dans l'inconscient, tendent à trouver une expression qui correspondrait à leur valeur affective, une sorte de décharge. C'est ce qui se passe chez l'hystérique, sous la forme de conversion en phénomènes somatiques qui ne sont autres que les symptômes de l'hystérie. » (Freud, Trois Essais sur la. théorie de la sexualité.')
Dans l'hystérie de conversion, lorsque l'affect est converti somatiquement, le sujet n'éprouve plus aucune angoisse. C'est ce qu'on appelle la « belle indifférence de l'hystérique à son symptôme».
IDÉAL DU MOI
Instance psychique constituée dans le cadre de la seconde topique ( ► Appareil psychique), issue du narcissisme et des identifications parentales. L'idéal du moi, modèle que le sujet cherche à imiter, joue un rôle analogue à celui du surmoi, dont on peut considérer qu'il est une des composantes. Mais par rapport au surmoi, l'idéal du moi joue moins un rôle d'interdiction qu'un rôle de modèle. ► Moi idéal.
IDÉALISATION
Processus psychique par lequel un objet est paré de toutes les perfections.
Ce processus entre en jeu dans la formation des instances idéales de la personne ( ► Idéal du moi, Moi idéal), par identification à l'objet idéalisé, les parents, par exemple.
Freud oppose le processus d'idéalisation au processus de sublimation, qui détourne la pulsion de son but sexuel pour l'investir dans un autre but.
M. Klein a particulièrement insisté sur la dimension de défense que revêt l'idéalisation, qui est liée au clivage entre un bon objet, idéalisé, et un mauvais objet, persécuteur.
IDENTIFICATION
Mécanisme psychologique par lequel le sujet intègre un aspect de la personnalité de l'autre, imite une de ses attitudes et modifie son caractère ou son comportement par imitation.
L'identification est le mécanisme central à l'œuvre dans la formation de la personnalité : le processus d'identification aux parents est une des étapes de la résolution du complexe d'Œdipe et du choix de l'objet sexuel ; c'est par identifications successives que se constituent le moi et le surmoi, par différenciation du ça, dans la seconde topique de Freud ( ► Appareil psychique). « La psychanalyse voit dans l'identification la première manifestation d'un attachement affectif à une autre personne. Cette identification joue un rôle important dans le complexe d'Œdipe aux premières phases de sa formation. Le petit garçon manifeste un grand intérêt pour son père : il voudrait devenir et être ce qu'il est, le remplacer à tous égards. [...] L'identification est d'ailleurs ambivalente dès le début ; elle peut être orientée aussi bien vers l'expression de la tendresse que vers le désir de suppression. » (Freud, Essais de psychanalyse.)
IDENTIFICATION PRIMAIRE
Type d'identification primitive, avant même que l'individu ait opéré la distinction entre lui-même et l'autre. Freud y voyait la forme la plus originaire de la relation à un objet.
IDENTIFICATION PROJECTIVE
Terme introduit par M. Klein pour désigner une projection fantasmatique par le sujet de sa propre personne ou de parties de son moi global à l'intérieur de l'objet (la mère) dans un but de le posséder et de le contrôler. Ce mécanisme est lié à la position paranoïde et s'accompagne d'angoisse.
IDENTITÉ SEXUELLE
Cette notion peut se définir selon plusieurs critères, parmi lesquels les critères biologiques qui, pour être globalement indiscutables, ne sont cependant pas suffisants. Pour la première fois en 1905, dans les Trois Essais sur la théorie de la sexualité, Freud distingue nettement caractères biologiques et caractères psychiques de la sexualité.
IMAGINAIRE
Dans la terminologie de Lacan, l'imaginaire se conçoit par rapport aux termes de réel et de symbolique : il désigne, dans le champ psychanalytique, le registre des images, de la projection, des identifications et, en quelque sorte, de l'illusion.
Ce terme fait référence au travail réalisé par Lacan sur le stade du miroir. L'expérience que fait l'enfant de son image dans le miroir lui permet de se reconnaître d'abord comme une image, donc sur un mode imaginaire. L'imaginaire serait donc, ainsi que le montre cette expérience originelle, de l'ordre du reflet, de la relation duelle, de type narcissique ; l'imaginaire serait également de l'ordre de l'aliénation, puisque la première (et seule) perception de son propre moi, le sujet ne peut la réaliser que sous les espèces de l'autre, l'image dans le miroir.
IMAGE DU CORPS
Concept formé par E Dolto et qui désigne l'incarnation symbolique inconsciente du sujet désirant. Elle se distingue du schéma corporel, inconscient seulement en partie, et qui renvoie à l'individu en tant que représentant d'une espèce. Alors que le schéma corporel, plus objectif, est à peu près le même pour tous, l'image du corps est liée à l'histoire individuelle du sujet.
IMAGO
C'est un archétype inconscient qui sert au sujet dans son appréhension des situations et des relations à autrui. Ce terme, d'abord employé par Jung, est peu employé par Freud et M. Klein. On parle d'imago paternelle et d'imago maternelle pour désigner les représentations inconscientes du sujet.
Ces représentations inconscientes ne sont pas formées d'après des modèles réels. C'est ainsi que l'imago d'un père effrayant et redoutable peut très bien correspondre dans la réalité à un père doux et bienveillant.
INCESTE
La définition de l'inceste varie selon les sociétés dans lesquelles on l'envisage. La culture occidentale a une définition assez restrictive de l'inceste, puisqu'elle désigne par ce terme la relation sexuelle entre parents du premier degré, c'est-à-dire père-fille, mère-fils, frère-sœur, oncle-nièce, tante-neveu. Certaines sociétés en ont une définition plus large, incluant des degrés de parenté plus éloignés. L'élément commun, celui qui intéresse la psychanalyse, est la notion d'interdit.
Pour Freud, l'inceste est l'interdit fondamental dont la reconnaissance signe la fin du complexe d'Œdipe.
Pour Lacan, l'interdit de l'inceste fonde la loi du père, permettant au sujet l'accès au symbolique.
INCONSCIENT
Ensemble des représentations qui échappent à la conscience du sujet à un moment donné ou de façon permanente.
L'inconscient est au centre de la théorie et de la pratique psychanalytiques. Il représente la part la plus cachée de la personnalité, le point de contact du somatique et du psychique.
Dans la première topique de Freud'' ( ► Appareil psychique), l'inconscient représente l'instance des représentants refoulés qui n'ont pas accès au système préconscient'' -conscient'' ...
Dans la seconde topique freudienne, le terme «inconscient » qualifie le ça'', qui est totalement inconscient, le moi'" et le sur- moi'', qui le sont en partie seulement.
L'inconscient est donc le lieu des représentations refoulées et du processus primaire. Le principe de plaisir y prédomine et les représentants pulsionnels y coexistent de façon libre. « En résumé: absence de contradiction, processus primaire (mobilité des investissements), intemporalité et remplacement de la réalité extérieure par la réalité psychique, tels sont les caractères que nous pouvons nous attendre à trouver dans les processus du système ICS [abréviation d'inconscient]. » (Freud, Métapsychologie.) Pour Lacan, l'inconscient est « structuré comme un langage » et se compose d'éléments signifiants qui déterminent le sujet ( ► Discours). L'inconscient est le lieu de l'Autre.
A propos du terme même d'inconscient, Lacan répondait dans une interview : « Freud n'en a pas trouvé de meilleur, et il n'y a pas à y revenir. Ce mot a l'inconvénient d'être négatif, ce qui permet d'y supposer n'importe quoi au monde, sans compter le reste. Pourquoi pas ? A chose inaperçue, le nom de "partout" convient aussi bien que de"nulle part". C'est pourtantchose précise. Il n'y a d'inconscient que chez l'être parlant. Chez les autres [...] il y a de l'instinct, soit le savoir qu'implique leur survie. »
INCORPORATION
Tendance, au moins fantasmatique, à intégrer un objet à son propre corps. L'expérience majeure liée au fantasme d'incorporation est celle de la succion, mais elle n'est pas la seule. L'incorporation est liée à l'oralité ( ► Stade oral), et donc au processus d'ingestion de nourriture. Elle est le modèle corporel des processus d'introjection et d'identification'.
INHIBITION
En psychanalyse, ce terme a le sens spécifique de limitation de la pulsion dans sa recherche de satisfaction.
« [Le sentiment de culpabilité] est alors l'expression immédiate de la peur devant l'autorité extérieure, la reconnaissance de la tension entre le moi et cette dernière, le dérivé immédiat du conflit surgissant entre le besoin de l'amour de cette autorité et l'urgence des satisfactions des instincts (pulsions) dont l'inhibition engendre l'agressivité. » (Freud, Malaise dans la civilisation.')
INSTANCE
Terme générique désignant en particulier le moi, le surmoi et le ça dans la seconde topique freudienne, même si, dans la première topique, ce terme existe déjà, en concurrence avec celui de système, ou pour désigner par exemple l'instance de la censure. Le terme d'instance s'oppose néanmoins globalement à celui de système dans la première topique freudienne. Il correspond à une conception plus dynamique et plus anthropomorphique de l'appareil psychique. Dans le terme de système, au contraire, prédomine la notion de structure de l'appareil psychique envisagé selon un point de vue topique.
INSTINCT
Terme employé concurremment avec celui de pulsion, mais qui s'en distingue néanmoins : contrairement à la pulsion, l'instinct désigne plutôt les tendances invariables de la vie humaine et en particulier de la sexualité. Plus que la pulsion, l'instinct est spécifié dans son but et dans ses modalités.
INSTITUT DE PSYCHANALYSE DE PARIS
Fondé en 1933 au sein de la Société psychanalytique de Paris, pour former les analystes postulants. C'est à propos de la séparation de l'institut et de la Société psychanalytique de Paris que Lacan et d'autres font scission et fondent la Société française de psychanalyse.
INTÉRIORISATION
Tendance du sujet à vivre de façon interne des relations ou des conflits produits à l'origine avec le monde extérieur. Par exemple, la résolution du complexe d'Œdipe s'accompagne d'une intériorisation de l'interdiction paternelle. ► Introjection.
INTERPRÉTATION
Mise à jour, au cours de la cure psychanalytique, des contenus latents présents dans le discours du sujet, et dans ses actes. L'interprétation concerne aussi les rêves, dont le contenu' manifeste est l'expression codée du contenu latent qui n'est accessible et exprimé que grâce à un travail d'association' et d'interprétation.
INTROJECTION
Processus par lequel le sujet intègre des objets ou des qualités liés à ces objets pour constituer les caractères ou les composantes de sa personnalité et de son psychisme. Le modèle corporel de l'introjection est l'incorporation'.
INVESTISSEMENT
L'investissement consiste à lier une certaine quantité d'énergie' pulsionnelle à une représentation' ou à un objet réel. ► Désinvestissement, Contre-investissement.
On appelle investissement soit cette opération de liaison d'énergie pulsionnelle à une représentation, soit le résultat, c'est-à-dire l'énergie attachée à une représentation elle-même: « Le noyau de l'ics [abréviation1 d'inconscient] est formé de représentants des pulsions qui veulent décharger leur investissement, c'est-à- dire d'émois, de désirs. » (Freud, Métapsychologie.)
ISOLATION
Mécanisme de défense' caractéristique de la névrosé obsessionnelle consistant en particulier à détacher l'affect de la représentation', de façon à isoler celle-ci.
Cette défense est à l'œuvre dans la cure psychanalytique quand le patient interrompt le processus associatif, par exemple dans le cas où celui-ci fait surgir des éléments générateurs d'angoissé.
JONES (ERNEST)
Psychanalyste britannique, Jones (1879-1958) est l'un des disciples les plus fidèles de Freud. Il a notamment contribué à la diffusion de la psychanalyse sur le continent nord-américain et
à la fondation, d'une société de psychanalyse britannique. Il est l'auteur d'une biographie de Freud, qui est aussi une histoire du mouvement psychanalytique, La Vie et l'Œuvre de Sigmund Freud, 1953-1958.
JOUISSANCE
Concept plus spécialement développé par Lacan, la jouissance est, conformément à son sens courant, le résultat de la satisfaction d'un désir. C'est dans ce sens qu'on peut dire que le névrosé jouit de son symptôme, puisque le symptôme est la réalisation d'un désir inconscient. C'est pour cette raison que la jouissance se distingue du plaisir dans la mesure où elle peut être, comme on le voit dans l'exemple du symptôme, une jouissance inconsciente, et qu'elle peut être source de souffrance, puisque le symptôme est une formation de compromis.
JUNG (CARL GUSTAV)
Ce psychiatre suisse (1875-1961), assistant de Bleuler, rencontra Freud à Vienne en 1907. Il travailla étroitement avec lui pendant six années au cours desquelles il devint président de l'Association psychanalytique internationale (1910). En 1913, rompant avec Freud, Jung inaugura ce qu'on appelle la « psychologie analytique ».
Jung diffère de Freud sur la conception de la libido : pour lui, c'est une énergie vitale, dans un sens plus large que pour Freud qui y voit une énergie plus spécifiquement sexuelle. D'autre part, Jung développe une conception de l'inconscient collectif comme ensemble de représentations et de symboles millénaires, les archétypes, que l'on retrouve par exemple dans les mythes et dans les contes.
KLEIN (MELANIE)
Psychanalyste britannique d'origine autrichienne, M. Klein (1882-1960) fut analysée par Ferenczi, puis par Abraham. Elle s'installa à Londres en 1927, où elle fonda une école pour y enseigner sa propre conception de la psychanalyse.
Elle s'intéressa en particulier à la psychanalyse des enfants et développa, à la suite de Abraham, l'étude des stades prégéni-
taux. Pour M. Klein, les enfants ont une vie fantasmatique précoce, riche et variée, marquée par la haine et des mouvements défensifs. Le complexe d'Œdipe apparaît selon elle dès la deuxième moitié de la première année.
Les concepts les plus marquants de ce qu'on appelle l'école klei- nienne sont la position paranoïde, la position dépressive, le clivage de l'objet, et l'identification projective, l'envie.
LACAN (JACQUES)
Le nom de Lacan est, en France mais également dans d'autres pays, presque aussi célèbre que celui de Freud. Ses conceptions en matière de psychanalyse, pour originales qu'elles soient, sont, et il les revendique comme telles, dans la droite ligne de la pensée freudienne.
Né en 1901 à Paris, Lacan fait des études de médecine et de psychiatrie et publie, en 1932, sa thèse de doctorat sous le titre De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la-personnalité. Les réactions contrastées du milieu psychiatrique français à cette parution préfigurent ce que seront, sa vie durant, les relations de Lacan avec l'institution.
En 1936, Lacan présente au congrès international de psychanalyse son interprétation du stade du miroir qui consiste à dire que le moi se constitue d'abord à partir de son propre reflet, image de soi-même, altérité. Ces deux textes et quelques autres sont réunis sous le titre suivant, Écrits. L'ensemble du reste de son œuvre est constitué d'un enseignement oral, dispensé par lui à partir de 1945, sous forme d'un séminaire qu'il tient jusqu'à sa mort, et • qui est édité sous le titre Le Séminaire.
LAPSUS
Acte manqué ayant trait à la parole (lapsus linguae) ou à l'écriture (lapsus calami), le lapsus consiste à remplacer un mot par un autre. L'interprétation psychanalytique cherche à mettre au jour le sens révélé par le mot substitutif, d'apparition soi-disant accidentelle, et qui révèle un désir inconscient.
Freud' donne un exemple de lapsus dans son Introduction à la psychanalyse: « Lorsqu'une dame connue pour son énergie raconte: "Mon mari a consulté un médecin au sujet du régime qu'il devait suivre; le médecin lui a dit qu'il n'avait pas besoin de
régime, qu'il pouvait manger et boire ce que je voulais", il y a là un lapsus, certes, mais qui apparaît comme l'expression irrécusable d'un programme bien arrêté. »
LATENCE (PÉRIODE DE)
Période comprise environ entre l'âge de cinq ans et la puberté, au cours de laquelle les acquis de la sexualité infantile sont normalement refoulés.
LIBIDO
C'est un peu rapidement qu'on définit souvent la libido comme la pulsion sexuelle. Plus exactement, le terme désigne l'énergie psychique de la pulsion sexuelle : « Libido est un terme emprunté à la théorie de l'affectivité. Nous désignons ainsi l'énergie (considérée comme une grandeur quantitative, mais non encore mesurable) des tendances se rattachant à ce que nous résumons dans le mot amour. » (Freud, Essais de psychanalyse.') La pensée de Freud a évolué en ce qui concerne la théorie des pulsions, si bien que la définition de la libido et le rôle qui lui est prêté ont également varié au cours des écrits successifs de celui- ci. Dans un premier temps, Freud a tenté de montrer qu'un conflit psychique fondamental opposait la libido, l'ensemble des pulsions sexuelles et les pulsions du moi, lesquelles ont globalement une fonction d'autoconservation. Dans un second temps, l'introduction du concept de narcissisme dans la théorie freudienne est venue infirmer ce dualisme, dans la mesure où la libido investit le moi, et que, dans cette perspective, les pulsions d'autoconservation seraient la résultante de l'investissement libidinal du moi (à ce sujet, Narcissisme). Dans un troisième temps, Freud met en évidence l'existence d'une pulsion de mort, qu'il oppose aux pulsions de vie, Eros.
MASOCHISME
Ce terme, formé à partir du nom de l'écrivain autrichien Sacher Masoch, désigne la tendance à rechercher le plaisir sexuel en subissant punitions, châtiments, humiliations et sévices.
Le masochisme est catalogué par Freud comme une perversion sexuelle où le plaisir est lié à la douleur. Il distingue cependant du masochisme érotique le masochisme moral, qu'on peut définir par le besoin de s'abaisser, de se déprécier et de se punir, et qu'on explique le plus souvent par un sentiment de culpabilité inconscient.
Freud distingue le masochisme primaire, lié à la pulsion'1' de mort, et le masochisme secondaire, qui est le renversement sur la personne propre du sadisme.
MATÉRIEL
On parle en psychanalyse de matériel pour désigner, dans le cadre de la cure, tout ce qui s'offre au travail d'analyse et d'interprétation, à savoir, rêves, paroles, comportements.
MÉLANCOLIE
Affection grave de l'humeur caractéristique dans la description des pathologies psychiatriques, de la psychose maniaco- dépressive, ou maladie bipolaire. La mélancolie, état pathologique recensé depuis le Moyen Age, reçoit de Freud une élaboration théorique spécifique :«[...] nous pouvons toujours postuler qu'il doit y avoir des affections reposant sur un conflit entre le moi et le surmoi. L'analyse nous autorise à admettre que la mélancolie est un cas exemplaire de ce groupe ; nous aimerions pouvoir donner à ce genre de trouble le nom de "psychonévroses narcissiques". » (Freud, Névrose, Psychose et Perversion.) La mélancolie résulte d'une régression de la libido au stade du narcissisme primaire où le moi est l'objet de celle-ci, et d'une sorte de destruction du moi, par conflit avec le surmoi, entraînant ce que Freud qualifie d'« hémorragie libidinale ». La perte du moi, tout comme dans le deuil, oblige le sujet à renoncer à l'objet perdu, c'est-à-dire au moi lui-même, entraînant un renoncement à toute chose, et pouvant entraîner le passage à l'acte par le suicide.
MÉTAPSYCHOLOGIE
Terme formé et utilisé par Freud pour désigner la théorie qu'il était en train d'élaborer, nécessaire selon lui à l'exercice de la psychologie. Formé sur psychologie par adjonction du suffixe « méta- » qui signifie « ce qui dépasse, ce qui englobe », il traduit bien l'intention de Freud de dépasser la psychologie traditionnelle, psychologie du conscient, et annonce la découverte de l'inconscient, décisive pour la psychanalyse naissante.
La métapsychologie désigne donc une science de la psyché, fondée sur un certain nombre de concepts tels que celui de l'appareil psychique, et la théorie des pulsions, et décrivant les faits psychiques selon le triple point de vue dynamique', économique et topique.
«J'appelle ainsi un mode d'observation d'après lequel chaque processus psychique est envisagé d'après les trois coordonnées de la dynamique de la topique et de l'économie, et j'y vois le but suprême qui soit accessible à la psychologie. » (Freud, Ma vie et la psychanalyse.)
MOI
Une des trois instances de la seconde topique freudienne, ou seconde théorie de l'appareil psychique, le moi a une fonction de médiateur. Il est chargé de la cohérence de la totalité du sujet divisé par les exigences du ça et les pulsions, celles du surmoi et la contrainte de la réalité. Il assure donc l'identité et l'équilibre de la personnalité, dont il représente en quelque sorte le pôle défensif.
Dans le développement de la psyché du sujet, le moi se forme par différenciation progressive du ça, au contact avec la réalité extérieure. Freud décrit également sa formation comme le produit d'identifications successives à des objets extérieurs par les mécanismes de l'identification et de l'introjection.
Le moi a une fonction de conscience, et d'autoconservation. Il exerce une fonction de contrôle sur les pulsions du ça. Mais le moi est pour une grande part inconscient, en particulier dans les mécanismes de défense.
Voici comment Freud décrit chez le névrosé les rapports du moi, du ça et du surmoi : « Le moi névrotique [est] un moi incapable d'assumer les tâches que lui imposent le monde extérieur, la société humaine. Toutes ses expériences passées lui échappent ainsi qu'une grande partie de son trésor en souvenirs. Son activité est entravée par les sévères interdictions du surmoi, son énergie s'épuise en vains efforts de défense contre les exigences du ça, en outre, d'incessantes attaques de ce dernier ont nui à son organisation. Incapable de réaliser une véritable synthèse, il est
déchiré par des tendances contradictoires, par des conflits non liquidés, par des doutes non levés. » (Abrégé de psychanalyse.)
MOI IDÉAL
Instance à ne pas confondre avec l'idéal du moi, le moi idéal est une formation'' très archaïque qui renvoie à un idéal de puissance attribué originairement à la mère et qu'on peut considérer comme une sorte de précurseur du surmoi.
MOT D'ESPRIT
Freud a étudié dans un ouvrage demeuré célèbre le mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient. Il y analyse la part d'inconscient à l'œuvre dans l'humour, l'ironie, etc.
Les mécanismes à l'œuvre dans le mot d'esprit, polysémie, condensation, déplacement, sont ceux-là mêmes, remarque Freud", qui régissent l'inconscient. Il voit, dans le plaisir relatif au mot d'esprit, la décharge conséquente à une levée de censure.
MOUVEMENTS PSYCHANALYTIQUES
Le premier regroupement de personnes autour de la psychanalyse est né à Vienne, dans le salon de Freud, en 1902. Ces « soirées psychologiques du mercredi » deviennent, en 1908, l'Association viennoise de psychanalyse. Celle-ci regroupe alors, autour de Freud", quelques disciples qui s'intéressent à la psychanalyse naissante''. Parmi eux, Adler", au tout début, puis Rank\ Ferenczi", plus tard Abraham'', Jung''et Jones".
Cette société, lieu de rencontre, d'échange d'idées, de confrontation de points de vue et d'expériences cliniques, fut très vite aussi un lieu de désaccords, de scissions, de ruptures. Parmi elles, les plus célèbres sont celles qui interviennent entre Freud et Adler, en 1910, et entre Freud et Jung, en 1913.
Très tôt, Freud ressentit la nécessité de prévoir un cadre international pour « prévenir les abus » qui pourraient survenir dans la pratique de la psychanalyse. En 1910, au deuxième congrès international de psychanalyse de Nuremberg, fut donc fondée l'Association psychanalytique internationale (API).
La Grande-Bretagne fut assez vite une terre d'élection pour la psychanalyse avec notamment A. Freud", M. Klein" puis
Winnicott, qui s'intéressèrent particulièrement à cette discipline et élaborèrent une réflexion théorique sur la période préœdipienne .
En revanche, la France fut au départ peu favorable à la psychanalyse. Il faut attendre les années 1920 pour qu'une partie des œuvres de Freud soient traduites en français, et que soit fondée, en 1926, la Société' psychanalytique de Paris, autour de M. Bonaparte, Laforgue et Loewenstein. Lacan' y adhéra en 1934. En 1953, il fut à l'origine de la première scission au sein du mouvement psychanalytique français, en créant la Société' française de psychanalyse. Cette dernière se scinda elle-même en deux en 1964 : d'une part l'école freudienne de Paris, fondée par Lacan, de l'autre l'Association psychanalytique de France, de nouveau affiliée à l'API. Enfin, une troisième scission se produisit en 1969, au sein de l'école freudienne de Paris, avec la fondation du Quatrième Groupe, autour de Piera Aulagnier.
NAISSANCE
Il paraît aujourd'hui indubitable que l'acte de la naissance, séparation d'avec la mère et confrontation brutale avec une quantité importante d'excitation provenant du monde extérieur, constitue pour le nouveau-né un traumatisme majeur et fondateur. Cette expérience originelle, la matrice des sentiments d'angoisse ultérieurs, a été diversement appréciée des psychanalystes. Freud a récusé que le traumatisme de la naissance puisse être doté de contenu psychique spécifique. A l'opposé, Rank a développé une théorie du traumatisme de la naissance et de ses conséquences psychologiques sur le développement de la personnalité.
NARCISSISME
Ce terme revêt en psychanalyse une acception différente, presque inverse de son sens courant puisqu'on parlera d'un sujet narcissique pour désigner quelqu'un souffrant d'un défaut de narcissisme.
Le narcissisme désigne l'investissement du sujet lui-même par sa libido. Ce stade normal du développement psychique est appelé narcissisme primaire, ou autoérotisme; il prélude à un investissement objectai. Le désinvestissement, par régression, des objets au profit du moi correspond au narcissisme psychotique.
La découverte du narcissisme et la formulation par Freud d'une théorie sur le narcissisme s'inscrit dans une remise en cause de la première théorie des pulsions, qui affirmait un dualisme des pulsions réparties entre libido sexuelle et libido du moi. Le narcissisme, qui est un investissement libidinal du moi, remet en cause ce dualisme dans la mesure où il montre que la libido objectale, tournée vers l'extérieur, et la libido du moi sont de même nature. Il y a même, ajoute Freud, une proportion inverse entre la libido du moi et la libido d'objet.
Freud distingue entre le narcissisme primaire et le narcissisme secondaire. Le narcissisme primaire désigne chez Freud l'époque très archaïque (la vie intra-utérine et les premiers mois de la vie) où la libido du sujet est entièrement tournée vers lui-même. C'est le moment où le moi, le ça et le monde extérieur sont encore indifférenciés. D'autres auteurs, notamment M. Klein", défendent une conception selon laquelle le narcissisme primaire intervient un peu plus tard, au moment de la constitution d'un moi différencié. Le narcissisme secondaire désigne plus largement les cas où la libido se retire des objets extérieurs pour se diriger vers le moi. C'est le cas de la dépression", par exemple, ou encore de la mélancolie.
NEUTRALITÉ
Attitude que doit adopter l'analyste pendant la cure, et qui lui interdit d'orienter le travail analytique en fonction de valeurs personnelles, d'intervenir dans les décisions concernant la vie du patient, ou de privilégier tel ou tel élément dans les paroles de l'analysé.
NÉVROSE
Ce terme, qui désignait au XIX' siècle toutes sortes de maladies nerveuses et de troubles du comportement, a pris, depuis Freud et la psychanalyse, un sens spécifique.
On peut définir la névrose comme une structure de la personnalité résultant de conflits intrapsychiques survenus pendant le développement du sujet, et dont les symptômes sont la résultante d'un compromis entre le désir'1, et la défense''". Cette définition met en valeur deux éléments fondamentaux : d'une part la névrose est une structuré, d'autre part, il est difficile en théorie
d'établir une frontière nette, en matière de névrose, entre le normal et le pathologique.
« La genèse des névroses, écrit Freud dans Ma vie et la psychanalyse, nous apparaît sous cette formule simple : le "moi" a tenté d'étouffer certaines parties du "ça" d3une manière impropre, il a échoué et le "ça" se venge. La névrose est donc la conséquence d'un conflit entre le "moi" et le "ça" [..[...] ce n'est pas le fait de ce conflit qui conditionne la maladie [...] mais ce qui cause le mal est ceci : le "moi" se sert, pour résoudre le conflit, d'un moyen insuffisant : le refoulement. »
Freud a d'abord opposé les névroses actuelles (neurasthénie, névrose d'angoisse) aux psychonévroses de défense, qui, contrairement aux précédentes, font intervenir un mécanisme psychique de défense et dont l'origine serait un traumatisme infantile d'origine sexuelle. Plus tard, il oppose les névroses narcissiques (qu'on appelle aujourd'hui psychoses) aux névroses de transfert (hystérie, névrose obsessionnelle, hystérie d'angoisse, appelée depuis névrose phobique).
On peut schématiser le mécanisme de la névrose dans la théorie freudienne de la façon suivante : la névrose naît du refoulement de la représentation d'une pulsion dont la satisfaction amènerait un déplaisir. L'affect de la pulsion est transformé selon trois modes possibles, déterminant respectivement trois types de symptômes névrotiques : conversion somatique (symptôme hystérique), déplacement (symptôme obsessionnel), transformation en angoisse (symptôme phobique). Naturellement, ces trois types de névroses que sont l'hystérie, la névrose obsessionnelle et la névrose phobique n'apparaissent pas à l'état pur. Bien souvent un névrosé présentera différents types de symptômes, à la fois hystériques et obsessionnels par exemple.
Les névroses, qui sont toujours de nature sexuelle, trouvent en général leur origine dans le complexe d'Œdipe. Les investissements libidinaux du complexe d'Œdipe ne sont pas dépassés, l'angoisse de castration entraînant le refoulement de ces investissements. Selon Lacan, le névrosé est celui qui, après la phase du complexe d'Œdipe, refuse de renoncer totalement à l'objet a et de se reconnaître castré. Refusant de reconnaître cette castration symbolique, le névrosé ne cesse de la redouter.
NÉVROSE ACTUELLE
Par opposition aux psychonévroses de défense, Freud a défini les névroses actuelles comme des névroses dont la cause n'est pas un conflit infantile, mais la situation présente du sujet.
NÉVROSE NARCISSIQUE
Par ce terme qui désigne une structure caractérisée par le repli de la libido sur le moi, Freud voulait montrer la différence de nature entre les névroses et les psychoses : les premières conservent leurs liens avec les objets, les secondes les abandonnent au profit de l'investissement narcissique du moi. Freud opposait les névroses narcissiques (psychoses) aux névroses de transfert (névroses).
NÉVROSE OBSESSIONNELLE
Comme l'hystérie, la névrose obsessionnelle s'exprime par des symptômes nés du refoulement de la représentation d'une pulsion dont la satisfaction amènerait un déplaisir. Elle se distingue de l'hystérie par cette caractéristique majeure que l'hystérie est liée à des symptômes possiblement somatiques, tandis que ceux de la névrose obsessionnelle sont essentiellement mentaux. On peut ajouter que Freud voyait dans la névrose obsessionnelle une névrose plutôt masculine. Voici comment Freud en décrit les principaux symptômes dans Inhibition, Symptôme et Angoisse: « La névrose obsessionnelle se manifeste en ce que les malades sont préoccupés par des idées auxquelles ils ne s'intéressent pas, éprouvent des impulsions qui leur paraissent tout à fait bizarres, et sont poussés à des actions dont l'exécution ne leur procure aucun plaisir, mais auxquelles ils ne peuvent pas échapper. »
Le mécanisme de défense le plus caractéristique de la névrose obsessionnelle est le déplacement. Au cours du refoulement, l'affect est détaché de la pulsion à laquelle il est originellement lié et est déplacé sur une représentation plus ou moins distante de la représentation' originelle.
Mais l'isolation, par laquelle le sujet isole une pensée ou un acte, l'annulation rétroactive, par laquelle le sujet nie une pensée ou un acte par son contraire, sont également caractéristiques de la névrose obsessionnelle. Dans la réalité clinique, les manifestations concrètes de ces symptômes peuvent être des compulsions, des idées obsédantes, la folie du doute, un fort sentiment de culpabilité, etc. L'archétype de la névrose obsessionnelle dans l'œuvre de Freud est « l'homme aux rats », un des cas des Cinq Psychanalyses.
NÉVROSE PHOBIQUE
Anciennement appelée par Freud hystérie d'angoisse.
L'échec du refoulement et la formation du symptôme se traduisent par la libération de l'affect sous forme d'angoisse, laquelle se lie à un objet extérieur.
« La formation substitutive de la partie représentation s'est établie par la voie du déplacement, le long d'un enchaînement déterminé d'une certaine manière. La partie quantitative n'a pas disparu, mais s'est transformée en angoisse. » (Freud, Métapsychologie. )
NÉVROSE TRAUMATIQUE
Névrose réactionnelle, survenue après un traumatisme du type choc affectif ou somatique : guerre, accident, catastrophe, attentat, etc.
NOM-DU-PÉRE
Concept introduit par Lacan pour désigner la dimension symbolique de la loi en tant qu'elle est supportée par le père. Cette métaphore désigne dans la fonction paternelle ce qu'elle peut avoir de purement signifiant. Il faut rappeler que, chez Lacan, l'ordre de la loi équivaut à l'ordre du langage, qui fait la spécificité même de l'être humain par opposition à l'animal.
Le père symbolique est une fonction signifiante : il est le représentant de la loi, le signifiant de la loi qu'il représente par sa fonction symbolique.
Le nom-du-père est, nous dit Lacan, ce qui permet à l'homme de vivre en tant qu'homme, c'est-à-dire dans l'ordre du symbolique (du langage). Lors de la phase du complexe' d'Œdipe, le sujet est attiré hors de la sphère maternelle. Le père symbolique, c'est-à-dire surtout tel qu'il existe en tant que signifiant dans le discours de la mère, permet cette attraction. Il place le sujet sous
le coup du refoulement' originaire et de la castration symbolique, l'inscrivant dans le même temps dans l'ordre du langage. Lacan, dans une de ses formules provocatrices et suggestives, déclare: « Avant qu'il y ait le nom-du-père, il n'y avait pas de père, il y avait toutes sortes d'autres choses. » (Lacan, Le Séminaire III, « Les psychoses ».)
OBJET
L'objet est ce vers quoi se dirigent le besoin, la pulsion', l'amour, le désir' du sujet. La notion d'objet en psychanalyse est à prendre dans le sens que lui donnait la langue classique, c'est-à-dire désignant aussi bien une personne qu'un objet, comme dans les expressions « objet de ma haine », « objet de ma flamme »,« objet de mon ressentiment ».
On parle d'objet de la pulsion pour désigner ce par quoi elle peut atteindre son but'.
On parlera d'objet partiel pour décrire les étapes successives du développement psychosexuel. L'objet partiel est représenté par une partie du corps et est objet d'une pulsion' partielle. Le sein maternel, objet de la pulsion orale, les fèces, objets de la pulsion anale, sont des objets partiels.
Selon la théorie du désir, l'objet est par nature objet perdu, créant un manque à la place duquel vont s'inscrire des objets de substitution.
OBJET A
Le désir est pour Lacan' le manque de l'objet perdu. Dans cette perspective, l'objet a est l'objet manquant par excellence. Ce concept a été introduit par lui pour désigner ce qu'il appelle la « cause inconsciente » du désir. Objet radicalement perdu, il « n'est pas une chose réelle », dit Lacan, « ni même le fantasme imaginé de quelqu'un, mais une représentation fantasmatique inconsciente ». L'objet a est créé par l'au-delà que constitue le langage (la demande) par rapport au besoin.
« Cet objet a, dit encore Lacan, je l'ai appelé petit a parce que c'est l'initiale en français de ce qu'on appelle l'autre : à ceci près que justement ce n'est pas l'autre, ce n'est pas l'autre sexe, c'est l'autre du désir. » (Écrits.)
OBJET PARTIEL PULSION PARTIELLE)
OBJET TRANSITIONNEL
Notion développée par Winnicott, l'objet transitionnel est un objet matériel auquel s'attache le nourrisson ou l'enfant (morceau de tissu, animal en peluche, jouet) et qui lui sert à passer de la relation fusionnelle au sein maternel à la relation d'objet.
PARANOÏA
Ce terme de psychiatrie a d'abord désigné toutes sortes de délires, jusqu'à ce que le psychiatre Kraepelin d'abord, puis Freud, désignent plus spécifiquement par ce terme une forme de délire organisé ne remettant pas en cause l'ordre de la pensée, de la volonté et de l'action, ce qui l'opposait à la schizophrénie. Pour eux, la paranoïa se caractérise avant tout par le délire de persécution, l'érotomanie et le délire de grandeur.
C'est à travers les mémoires d'un magistrat allemand, le président Schreber, que Freud va étudier la paranoïa, qui lui fournit le modèle théorique de la psychose. Freud montre dans cette étude de cas que le sentiment d'une mission divine chez le président Schreber et le délire de persécution étaient une construction destinée à refouler des sentiments homosexuels envers le père. Le mécanisme de défense à l'œuvre dans la paranoïa consisterait en un double mouvement de négation et d'inversion par rapport à une homosexualité refoulée. Le paranoïaque transformerait ainsi un « je l'aime » en un « je le hais », puis en un « il me hait». La haine projetée à l'extérieur est retournée ensuite contre soi-même, dans un délire de persécution.
La paranoïa est un retour de la libido au stade narcissique : « Le détachement de la libido ne saurait être en lui-même un facteur pathogène de la paranoïa, il faut qu'il présente en outre un caractère spécial permettant de différencier le "détachement paranoïaque" de la libido [...] dans la paranoïa, la libido, devenue libre, se fixe sur le moi, [...] elle est employée à l'amplification du moi. » (Freud, Cinq Psychanalyses.)
Les continuateurs de Freud, en particulier Lacan, sont revenus sur ce point de la paranoïa et de la psychose. Chez Lacan, la psychose se distingue de la névrose par un trouble de la fonction paternelle symbolique, que Lacan appelle la forclusion du
nom;;'-du-père. Cette fonction paternelle symbolique faisant défaut, le sujet occupe la béance qu'elle laisse par un délire. Pour Lacan, la structure de la paranoïa ne se distingue pas de celle de la schizophrénie, les deux définissent celle de la psychose.
PARANOÏDE ( ► POSITION PARANOÏDE)
PARAPHRÉNIE
Délire imaginai ou « fantastique », non schizophrénique et non paranoïaque, n'empêchant pas le maintien d'une bonne adaptation à la réalité extérieure et de l'intégrité des fonctions cognitives. Freud utilise ce terme à la place de schizophrénie dans son article sur le narcissisme (1914).
PASSAGE À L'ACTE
Parfois considéré à tort comme l'équivalent de l'acting-out", le passage à l'acte relève plutôt de la clinique psychiatrique et désigne un acte le plus souvent autoagressif (comme le suicide) ou hétéroagressif. Ne visant aucune interprétation, le passage à l'acte peut être lié à une demande d'amour ou de reconnaissance.
PÈRE
Lacan a distingué trois figures du père en psychanalyse, selon celui des trois registres dans lequel cette figure est envisagée. Les trois registres en question sont le réel', l'imaginaire et le symbolique.
Le père réel, père de chair et de sang, géniteur de l'enfant, agit peu en tant que tel dans le complexe" d'Œdipe. Pour Lacan, le père réel semble, dans bien des cas, ne pas correspondre à l'image qu'on se fait de la fonction paternelle. C'est parce que le père n'existe, en psychanalyse, que comme construction langagière. Le père imaginaire est celui que se donne fantasmatiquement chaque enfant. Père idéal, même s'il peut aussi être craint, haï, etc.
Le père symbolique, enfin, c'est le père tel qu'il existe dans le langage, dans le langage de la mère, dans le patronyme, dans le nom. Le nom"-du-père, c'est la fonction paternelle en tant
qu'elle est support de la loi, qui se confond, pour Lacan, avec l'ordre du symbolique.
PERLABORATION
Processus par lequel une résistance rencontrée au cours de la cure psychanalytique est interprétée jusqu'à ce qu'elle puisse être dépassée. La perlaboration permet au sujet de se libérer des processus de répétition.
PERVERSION
Si l'on considère comme « normal » l'acte sexuel comme rapport génital entre individus de sexes opposés, toute déviation quant à l'objet (homosexualité, zoophilie, pédophilie, fétichisme), quant à l'acte (coït anal ou bucco-génital), ou quant aux circonstances (exhibitionnisme, voyeurisme, sadomasochisme) apparaîtra comme une perversion.
Historiquement, c'est par l'étude de la perversion ainsi entendue que Freud a été amené à porter un regard nouveau sur la sexualité. En effet, la fréquence de comportements qu'on pourrait appeler pervers selon la définition proposée plus haut l'a conduit à remettre en question une telle définition de la perversion. De tels comportements se produisent par exemple dans les préliminaires à la relation génitale proprement dite, dans la dimension ludique possible de la sexualité, enfin dans la sexualité infantile que Freud lui-même a décrite comme une sexualité « perverse polymorphe ».
La perversion, dont une des caractéristiques serait l'absence de refoulement, a été opposée par Freud à la névrose, dans une formule célèbre : « La névrose est le négatif de la perversion. » La perversion résulterait en effet d'un déni de la castration et d'un clivage du moi.
PHALLUS
Terme employé pour désigner la fonction symbolique de l'organe sexuel mâle (par opposition au terme de pénis qui désigne l'organe dans sa réalité physique). Le phallus est, selon la formule de Lacan, un « signifiant de désir ».
Le phallus occupe dans la formulation lacanienne du complexe d'Œdipe une place importante, comme quatrième terme: le père, la mère, l'enfant et le phallus. Au départ, l'enfant, représentant ce qui manque à la mère, s'identifie au phallus de la mère. Le père intervient alors comme porteur du phallus, ce qui a pour effet de dissocier l'enfant du phallus et de le séparer de la mère.
PLAISIR D'ORGANE
Plaisir apporté par une zone érogène dans la satisfaction d'une pulsion partielle.
POSITION DÉPRESSIVE
Expression formée par M. Klein pour désigner un type de relation à l'objet. La position dépressive désigne la période consécutive à la position' paranoïde. Elle se caractérise par le fait que le nourrisson appréhende l'objet comme objet total. Il n'y a plus de clivage de l'objet en un bon et un mauvais objet: les tendances d'amour et les tendances agressives tendent à se rapprocher et à coexister, dirigées vers un seul et même objet, la mère. C'est la première expérience de ce qu'on appelle l'ambivalence. De ce fait, les pulsions agressives entraînent une angoisse de perte de l'objet. Les processus à l'œuvre dans cette position sont l'identification projective, l'inhibition de l'agressivité et la réparation de l'objet.
La position dépressive fournit le modèle de certains mécanismes du deuil et de la dépression.
POSITION PARANOÏDE
Formule inventée par M. Klein' pour décrire la situation du nourrisson les premiers mois de la vie. Elle se définit par la prédominance de pulsions agressives, par une relation d'objet partiel (le sein maternel), par le clivage de l'objet en un bon et un mauvais objet, par les mécanismes d'introjection et de projection.
La paranoïa et la schizophrénie, selon l'école kleinienne, relèveraient de processus archaïques liés à ce stade de la vie - infantile. M. Klein emploie également l'expression de « position paranoïde-schizoïde» pour désigner la période des premiers mois
de la vie. Cette expérience fait référence aux fantasmes originaires du corps morcelé, conséquences selon elle de l'immaturité du système nerveux du nouveau-né qui est, de ce point de vue, un animal prématuré.
PRÉCONSCIENT
Une des trois instances de la première théorie de l'appareil psychique, ou première topique de Freud, avec le conscient et l'inconscient. Le préconscient se distingue de l'inconscient dans la mesure où les représentations qui s'y trouvent sont accessibles à la conscience. Il est séparé de l'inconscient par la barrière de la censure. En toute rigueur, il est également séparé du conscient, bien qu'on associe ces deux instances en un système préconscient-conscient.
Le préconscient est le lieu du processus secondaire, régi par le principe de réalité. Il est fait de représentations de mots, à l'opposé de l'inconscient qui est fait de représentations de choses, c'est-à-dire d'images visuelles, en quelque sorte, comme dans le rêve.
Le concept de préconscient en tant que tel disparaît avec la seconde topique.
PRÊGÉNITAL
Ensemble des stades précédant le stade génital, et ensemble des manifestations ou des organisations libidinales résultant d'une fixation ou d'une régression à l'un de ces stades, notamment dans la névrose ou la psychose.
PRÊCEDIPIEN
Désigne la période et les stades antérieurs au complexe d'Œdipe, à savoir stade oral, stade anal, stade phallique. Chez M. Klein, l'Œdipe étant très précoce (deuxième partie de la première année), on parle plutôt de stades prégénitaux.
PRINCIPE DE CONSTANCE
Relevant du point de vue économique, qui considère le psychisme comme un réservoir d'énergie, le principe de constance
énonce la loi selon laquelle l'appareil psychique tendrait à garder constante la quantité d'énergie qu'il contient. Dans cette perspective, toute tension perçue appelle une recherche de réduction de la tension. ► Principe de plaisir, Principe de réalité.
PRINCIPE DE PLAISIR
Le plaisir étant défini comme une réduction au minimum de la tension énergétique, le principe de plaisir veut que l'activité psychique soit commandée par la recherche du plaisir, c'est-à-dire vise à diminuer les tensions, et en particulier les tensions dues aux pulsions, et ce de la façon la plus immédiate. ► Principe de constance, Principe de réalité.
PRINCIPE DE RÉALITÉ
Opposé au principe de plaisir en ce qu'il retarde la satisfaction de la pulsion, ou la décharge énergétique liée à la réduction d'une pulsion, le principe de réalité exprime la nécessité de prendre en compte la réalité extérieure. Il est donc finalement un accommodement nécessaire du principe de plaisir au monde extérieur. ► Principe de constance.
PROCESSUS PRIMAIRE ET SECONDAIRE
Relevant du point de vue économique le processus primaire se caractérise par un état dit « libre » de l'énergie psychique. Cet état libre de l'énergie psychique permet différents processus. Le processus de déplacement est celui par lequel une quantité d'énergie est déplacée d'une représentation à une autre. Le processus de condensation est celui par lequel une représentation concentre sur elle les énergies originellement attachées à plusieurs autres représentations qui lui sont liées par une relation d'association. L'inconscient est par excellence le lieu du processus primaire.
Au contraire, le processus secondaire se caractérise par un état lié de l'énergie psychique. L'énergie est contrôlée, les représentations sont liées entre elles. Le processus secondaire est celui de la pensée réflexive et organisée. Il est régi par le principe de réalité.
PROJECTION
Processus par lequel le sujet attribue au monde extérieur des pensées, des désirs ou des sentiments qu'il ne peut reconnaître comme siens. La projection est un mécanisme de défense à l'œuvre en particulier dans la paranoïa et dans la phobie.
PSYCHANALYSE
Le terme de psychanalyse, apparu pour la première fois en 1896, est né avec Freud. Ce terme revêt trois acceptions qui sont liées entre elles :
un moyen d'investigation des significations et des mécanismes de l'inconscient tel qu'il a été défini et théorisé par l'œuvre de Freud et de ses continuateurs ;
une méthode thérapeutique fondée sur le principe de l'association libre et le transfert ;
une théorie de la psyché humaine, qui intègre et organise les données fournies par la pratique thérapeutique. L'application de cette théorie à d'autres fins que thérapeutiques (analyse d'une œuvre d'art ou d'un texte, critique historique, etc.) est un secteur d'investigation de la réflexion et de la recherche, dont la validité est d'ailleurs parfois contestée.
« La méthode psychothérapique de la psychanalyse ne se borne pas à ces deux points : le retour à la conscience du refoulé et la simultanéité de l'élucidation et de la guérison. Elle s'étend aussi à ce qui apparaît comme l'essentiel de toute la métamorphose, au réveil des sentiments. [...] Toute cure psychanalytique est une tentative de libérer l'amour refoulé, amour refoulé ayant trouvé, dans un symptôme, pour pauvre issue, un compromis. » (Freud, Délire et rêves dans la Gradiva de Jensen.)
PSYCHANALYSE CONTRÔLÉE OU SUPERVISÉE
Psychanalyse qui fait l'objet de la part du psychanalyste d'un contrôle, c'est-à-dire d'un compte rendu auprès d'un autre analyste : ce dernier peut en particulier mettre en évidence le contre-transfert de l'analyste au transfert du patient.
PSYCHANALYSE SAUVAGE
Pratique de la psychanalyse par des personnes non analysées, en dehors du cadre spécifique de la cure psychanalytique, c'est-à-dire sans tenir compte des résistances, du principe d'attention flottante et de la règle de non-intervention.
PSYCHANALYSTE
Celui qui propose un travail thérapeutique dans le cadre de cures' psychanalytiques.
La seule condition unanimement reconnue pour devenir psychanalyste est d'avoir soi-même mené une psychanalyse approfondie. Le plus généralement, il est demandé à l'apprenti psychanalyste de faire une analyse didactique et de poursuivre son travail personnel d'analyse par des contrôles.
PSYCHONÉVROSE
Nom originellement donné par Freud à certaines névroses pour les distinguer des névroses actuelles. Les psychonévroses étaient elles-mêmes divisées en deux catégories : les psychonévroses de transfert et les psychonévroses narcissiques (qui recouvrent ce qu'on appelle aujourd'hui couramment psychoses).
PSYCHOSE
La notion de psychose, comme celle de névrose, a beaucoup évolué dans le temps. Au XIXe siècle, ce terme désignait toute affection mentale. A partir de Freud et de la psychanalysé, il a été employé, par opposition aux termes de névrose et de perversion', pour désigner les affections mentales les plus graves, les plus invalidantes.
S'il fallait parler d'une structure commune à toutes les psychoses (ce qui est discutable), on pourrait dire avec Freud que la psychose résulte d'une altération très archaïque de la relation du sujet avec le monde extérieur. Lacan voit dans la psychose l'effet de la forclusion du nom-du-père.
Aujourd'hui, les progrès considérables des neurosciences' intègrent des données nouvelles importantes sur certaines psychoses, en particulier la maladie bipolaire (ou psychose maniacodépressive), dont une explication exclusivement neurobiologique
permet sinon de saisir tous les mécanismes et toutes les significations, du moins de traiter les symptômes d'une manière relativement satisfaisante.
Pour la psychanalyse, la psychose est une structure spécifique qui se distingue de la névrose et de la perversion'. Elle est un désinvestissement libidinal du monde extérieur, suivi de la reconstruction d'un monde imaginaire où la libido va pouvoir s'investir. Cette reconstruction est souvent établie, remarque Freud, sur le refus de l'homosexualité (la psychose serait une fixation au stade de l'autoérotisme et du narcissisme, repli de la libido sur le sujet propre). On distingue classiquement en psychanalyse deux types de psychoses, la paranoïa' et la schizophrénie d'une part, la mélancolie d'autre part.
Dans la deuxième théorie de l'appareil psychique et la deuxième théorie des pulsions, Freud décrit la psychose comme une rupture entre le moi et la réalité entraînant la construction d'une nouvelle réalité, conforme aux désirs du ça. « La névrose serait le résultat d'un conflit entre le moi et son ça, la psychose, elle, l'issue analogue d'un trouble équivalent dans les relations entre le moi et le monde extérieur. » (Freud, Névrose, Psychose et Perversion.)
En 1927, Freud introduit la notion de déni et de clivage du moi dans l'explication des psychoses.
M. Klein, et à sa suite Winnicott, font plutôt résider les causes de la psychose dans la relation à la mère, au tout début de l'existence, lors de la position paranoïde du bébé. La psychose résulterait, pour l'une comme pour l'autre, d'un repli sur soi du sujet faute d'un soutien maternel suffisant dans les premiers mois de la vie.
Pour Lacan, la psychose résulte de la forclusion du nom-du- père, c'est-à-dire de l'échec de la symbolisation primordiale qui permet au sujet d'accéder au désir, grâce à la médiation de la loi. « Freud [...] apporte une révision essentielle à la distinction qu'il a faite entre névrose et psychose, en disant que, dans les psychoses, la réalité est remaniée, qu'une partie de la réalité est supprimée, et que la réalité n'est jamais véritablement scotomisée. C'est en fin de compte [...] à une déficience, à un trou du symbolique qu'il se rapporte, même si, dans le texte allemand, c'est le terme de réalité qui est employé. » (Lacan, Le Séminaire III, « Les psychoses ».) ► Paranoïa, Schizophrénie.
PSYCHOSE MANIACO-DÉPRESSIVE
Entité psychiatrique appelée aussi maladie bipolaire ou monopolaire, la PMD se définit cliniquement par la survenue intermittente de phases de dépression profonde (mélancolie), de phases d'excitation débridée (manie) et de phases libres. La forme monopolaire de cette maladie ne présente qu'une des deux phases de la maladie (mélancolie ou manie).
PSYCHOTHÉRAPIE
Il existe deux types principaux de prise en charge des pathologies mentales, les thérapies médicamenteuses et les psychothérapies. Ce dernier terme désigne, d'une façon très large, tout type de prise en charge des pathologies mentales, ou des troubles psychiques, par des moyens spécifiquement psychologiques.
On trouve de nombreuses formes de psychothérapie (thérapie comportementale, thérapie familiale, thérapie de groupe, hypnose, etc.), parmi lesquelles un bon nombre sont inspirées de la psychanalyse. On. parlera pour celles-ci de thérapies d'inspiration psychanalytique, c'est-à-dire de psychothérapies fondées sur le même socle théorique que la .psychanalyse (travail sur l'inconscient, transfert, interprétation).
Les données matérielles de la psychothérapie d'inspiration analytique peuvent être un peu différentes de celles de la cure psychanalytique (position en face à face, rôle moins exclusif de la technique des associations libres), mais la différence tient plutôt à ce que la régression du patient est moindre et à ce que ses défenses demeurent plus solides.
PULSION
Située à la limite du psychique et du somatique, la pulsion exerce sur l'individu une poussée, une excitation interne, qu'on pourrait comparer à un besoin ou à un instinct. Elle est le représentant psychique des excitations corporelles. « Nous donnons aux forces qui agissent à l'arrière-plan des besoins impérieux du ça et qui représentent dans le psychisme les exigences d'ordre somatique le nom de pulsions. Bien que constituant la cause ultime de toute activité, elles sont, par nature, conservatrices. » (Freud, Abrégé de psychanalyse.)
On définit la pulsion selon quatre termes : la poussée, la source, le but, l'objet.
La poussée de la pulsion désigne le caractère actif, dynamique de la pulsion.
La source de la pulsion est pour ainsi dire la zone corporelle où se déclenche la pulsion. Par exemple, la source d'une pulsion sexuelle peut se situer à l'endroit des organes génitaux, mais aussi dans une zone érogène.
Le but de la pulsion est d'atteindre la résolution de l'état de tension par un processus de décharge, conformément au principe de constance.
Enfin, l'objet de la pulsion est ce par quoi elle peut atteindre son but. C'est l'élément le plus variable de la pulsion, ce qui veut dire que, pour Freud, il n'existe pas d'objet « préformé » pour satisfaire la pulsion. En effet, dès lors qu'une pulsion a obtenu une satisfaction par un objet, la représentation de cet objet sera fortement investie, et orientera les recherches de satisfaction pulsionnelle futures vers un objet identique.
Lorsque la pulsion ne peut atteindre son but, elle subit une transformation selon quatre modalités possibles, le refoulement, le retournement sur la personne propre, le renversement dans le contraire et la sublimation.
On distingue plusieurs types de pulsions : les pulsions sexuelles, les pulsions du moi, les pulsions de vie - ou Eros -, la pulsion de mort.
PULSIONS (THÉORIE DES PULSIONS)
La théorie des pulsions est un des éléments centraux de la théorie freudienne. Freud est revenu à plusieurs reprises sur cette théorie, qu'il a remaniée, et dont il a modifié les concepts.
Dans un premier temps, il expose un dualisme fondamental qui oppose les pulsions sexuelles aux pulsions d'autoconservation. On peut voir ici l'opposition d'un principe tendant à la conservation de l'espèce (les pulsions sexuelles) et d'un principe tendant à la conservation de l'individu.
Dans un second temps, l'introduction du concept de narcissisme amène Freud à reconsidérer la pulsion sexuelle quant à son objet. En effet, le narcissisme fait apparaître un investissement global du moi par la libido d'où celui-ci tirerait l'énergie qu'il investit sur des objets extérieurs. Dans cette perspective, les pulsions d'autoconservation ne sont pas d'une nature différente des pulsions sexuelles.
Enfin, et dans un troisième temps, la compulsion' de répétition permet à Freud de mettre en évidence l'existence de pulsions de mort dans la psyché humaine, à laquelle s'opposeraient les pulsions de vie ou Eros qui regroupent à la fois les pulsions d'autoconservation et les pulsions du moi.
PULSIONS D'AUTOCONSERVATION
Opposées aux pulsions sexuelles dans le cadre de la première théorie des pulsions, les pulsions d'autoconservation tendent à satisfaire les besoins nécessaires à la survie de l'individu. La faim et la soif en sont le prototype. Elles sont également appelées « pulsions du moi ».
PULSIONS DE MORT
La. compulsion de répétition, à l'œuvre dans des situations qui peuvent être pénibles ou désagréables, a permis de mettre en évidence une pulsion plus forte que le principe de plaisir et qui se manifeste par la tendance à reproduire une expérience ou un état antérieur. L'état antérieur absolu étant la mort, la théorie freudienne en est venue à postuler l'existence d'une pulsion qui tend à ramener l'organisme vers l'inorganique, c'est-à-dire vers la mort.
L'opposition des pulsions de vie (Eros) et des pulsions de mort fait l'objet de la dernière théorie freudienne des pulsions. Pulsions (théorie des pulsions).
PULSIONS DE VIE (> ÉROS)
PULSIONS DU MOI
Dans la première théorie des pulsions, Freud opposait les pulsions sexuelles et les pulsions d'autoconservation, appelées aussi pulsions du moi dans la mesure où elles tendent à défendre les intérêts du moi dans le conflit qui les oppose aux pulsions sexuelles.
PULSION PARTIELLE
La notion d'étayage définit une mise en relation des pulsions sexuelles et des pulsions d'autoconservation. C'est ainsi que le désir de téter manifeste, chez le nourrisson, une pulsion d'autoconservation, la faim, et une pulsion sexuelle dans la mesure où téter est un plaisir. Dès l'instant où l'enfant, pour reprendre ce même exemple, va faire le geste de la succion sans chercher à satisfaire sa faim (en suçant son pouce, par exemple), et que le plaisir sera donc recherché indépendamment de tout besoin physiologique, on parlera de pulsion partielle. ► Plaisir d'organe.
PULSION SEXUELLE
Pulsion dont le but est une satisfaction d'ordre sexuel. La psychanalyse fait des pulsions sexuelles le prototype même des pulsions dans un dualisme où s'opposent d'abord les pulsions sexuelles et les pulsions d'autoconservation (première théorie des pulsions), et ensuite les pulsions de vie et les pulsions de mort (seconde théorie des pulsions).
La pulsion sexuelle se différencie de l'instinct dans la mesure où son objet, n'étant pas immuablement fixé, peut varier.
A la suite de Freud, on appelle libido l'énergie attachée à la vie sexuelle.
PUNITION (BESOIN DE)
Tendance du sujet à rechercher des situations qui entraînent une souffrance. On peut observer cette tendance dans la névrose obsessionnelle, dans la mélancolie. Freud la fait dépendre, en dernier ressort, de la pulsion de mort.
QUANTUM D'AFFECT
(> ÉNERGIE PULSIONNELLE)
QUATRIÈME GROUPE
Groupe de psychanalystes français ayant fait scission, en 1969, suivant Piera Aulagnier, avec l'école freudienne de Paris, dont Lacan était le chef de file.
RANK (OTTO)
Psychiatre et psychanalyste autrichien (1884-1939), Rank fut un des proches de Freud. Membre de la Société psychanalytique de Vienne, il rompit avec Freud et la Société en 1924, en raison de divergences concernant les théories, développées par Rank, dans le livre qu'il publie cette année-là: Le Traumatisme de la naissance, et de leurs conséquences pratiques. Rank était en effet partisan d'une cure de durée très limitée, de telle façon que l'angoisse de la séparation fasse revivre au patient l'angoisse de la séparation originelle d'avec la mère.
RATIONALISATION
Tendance à expliquer selon une logique extérieure un acte, une pensée, une parole dont la signification ou les implications véritables sont ainsi occultées.
Dans le cadre de la cure, le processus de rationalisation peut être considéré comme une défense.
RÉACTION THÉRAPEUTIQUE NÉGATIVE
Le travail analytique peut entraîner une attitude de résistance du sujet, qui se traduit par une aggravation de ses symptômes. On appelle cette attitude réaction thérapeutique négative.
M. Klein explique cette réaction par le phénomène du clivage : « Le désir initial de faire plaisir à la mère, le désir ardent d'être aimé, ainsi que le besoin d'être protégé contre les conséquences de leurs propres pulsions destructives, se retrouvent dans l'analyse de certains patients : ils favorisent la coopération; mais leur envie et la haine, détachées par clivage, sont alors partie intégrante de la réaction thérapeutique négative. » (Envie et Gratitude.)
RÉALISATION SYMBOLIQUE
Terme introduit dans le vocabulaire psychanalytique par la psychanalyste suisse M. A. Sechehaye pour décrire une méthode qu'elle préconisait dans la cure des schizophrènes. La réalisation symbolique consistait à satisfaire symboliquement les besoins du schizophrène, frustrés dans la plus petite enfance, de façon à créer pour lui une réalité supportable, préalable nécessaire à tout espoir de guérison.
RÉALITÉ PSYCHIQUE
Expression qui met l'accent sur le caractère cohérent et, à certains égards, irréductible du désir et des fantasmes du sujet''1'. Cette formule, qu'on retrouve souvent sous la plume de Freud, permet de faire sentir que les faits psychiques sont parfois aussi résistants, exigent parfois la même prise en considération par le sujet que la réalité elle-même.
RÉEL
Terme fondamental de la théorie lacanienne, le réel ne se définit qu'en rapport avec le symbolique et l'imaginaire. Il désigne, pour le sujet, ce qui échappe à l'ordre du symbolique. Il n'est donc en aucun cas synonyme de réalité, dans la mesure où la réalité est précisément ce qui est représenté par l'ordre symbolique du langage, et ordonné par lui. Le réel, c'est justement l'irreprésentable, l'innommable, l'impossible.
Le réel forme avec l'imaginaire et le symbolique une structure. La castration symbolique, assomption selon Lacan du sujet dans l'ordre du langage, permet de tenir le réel « en lisière » du symbolique. En un sens, on pourrait dire que la mère incarne ce réel que la fonction paternelle du nom-du-père vient ordonner à la loi du symbolique.
La forclusion du nom-du-père, impossibilité du sujet à accéder à ce registre du symbolique, entraîne le retour proprement hallucinatoire du réel, c'est-à-dire la psychose. Ce qui est forclos du symbolique, dit Lacan, fait retour dans le réel.
REFOULEMENT
« Le refoulement, écrit Freud, est une sorte d'oubli. Il est une sorte d'oubli qui se distingue des autres par la difficulté avec laquelle le souvenir est évoqué, même au prix des sollicitations extérieures les plus impérieuses, comme si une résistance interne s'opposait à cette reviviscence. Un tel oubli a reçu, en psychopathologie, le nom de refoulement. » (Métapsychologie.)
C'est le principal mécanisme de défense dans les conflits psychiques. A ce titre, comme les autres mécanismes de défense, il n'est pas, en soi, quelque chose de pathologique, mais peut simplement contribuer à maintenir l'équilibre psychique du sujet. Le refoulement consiste à interdire l'accès à la conscience d'une représentation'1' gênante ou insupportable, et à la cantonner dans l'inconscient. Il est l'effet de la censure dans la première topique, du moi dans la seconde topique.
On distingue deux types de refoulement : le refoulement originaire (ou refoulement primaire) et le refoulement proprement dit (ou refoulement secondaire). Le refoulement originaire correspond à des représentations qui ne parviennent jamais à la conscience, et qui se trouvent d'emblée refoulées dans l'inconscient en produisant une fixation. Le refoulement proprement dit correspond à des représentations qui sont refoulées « après- coup » du champ de la conscience par le surmoi ou le moi.
Le mécanisme du refoulement touche essentiellement les représentations des pulsions, par le double processus du désinvestissement (la représentation est désinvestie) et du contre- investissement (la quantité d'énergie pulsionnelle rendue disponible par le désinvestissement se fixe sur une autre représentation).
Les symptômes ne sont pas la conséquence nécessaire du refoulement. Ils sont au contraire la marque de son échec, et du retour du refoulé.
REFOULEMENT ORIGINAIRE OU PRIMAIRE Ensemble des représentations qui se sont vu d'emblée interdire l'accès à la conscience et se sont fixées dans l'inconscient, où elles sont devenues des pôles d'attraction pour les pulsions subissant le refoulement proprement dit.
RÈGLE FONDAMENTALE
La règle de base dans le processus de la cure psychanalytique consiste pour le sujet à dire absolument tout ce qui lui vient à l'esprit, sans exercer de censure, et sans passer sous silence ce qui lui paraîtrait sans importance, choquant ou ridicule.
Il est évident que cette règle est impossible à respecter totalement pour le patient. Mais c'est précisément de ce qui n'est pas dit, de l'ordre dans lequel les paroles s'enchaînent que l'analyste pourra tirer un matériel à analyser. Associations libres.
RÉGRESSION
Retour, total ou partiel, du sujet à un stade antérieur de son développement psychique ( ► Stade oral, Stade anal, Stade phallique, Complexe d'Œdipe, Période de latence) et à un mode d'investissement libidinal dépassé.
REICH (WILHELM)
Psychiatre et psychanalyste viennois, Reich (1897-1957) rejoint en 1920 la Société psychanalytique de Vienne, où il se montre intéressé en particulier par les conceptions psychanalytiques sur la sexualité. Adhérent du parti communiste, il cherche à concilier la théorie psychanalytique et le marxisme, en s'interrogeant sur les rapports entre les conditions de la vie collective et le psychisme, ce qui lui vaut d'être exclu en 1934 de l'Association psychanalytique internationale.
Émigré aux États-Unis pendant le nazisme, il y mène des recherches sur l'énergie vitale cosmique. Il finira ses jours en prison, où il meurt en 1957.
REJETONS DE L'INCONSCIENT
Productions (actes, paroles, comportements) issues de l'inconscient.
RELATION D'OBJET
Formule utilisée en psychanalyse pour décrire le sujet dans son rapport avec le monde extérieur. Peu utilisée par Freud, au point qu'on a pu dire que la psychanalyse freudienne s'intéressait plus à l'individu qu'à son interaction avec le monde extérieur, la relation d'objet est devenue un des centres d'intérêt majeur de la psychanalyse. Le développement psychique de l'individu ( ► Stade oral, Stade anal, Stade phallique, Complexe d'Œdipe, Période de latence), par exemple, est aujourd'hui couramment décrit sous l'angle des transformations successives de la relation d'objet.
RENVERSEMENT DANS LE CONTRAIRE
C'est, avec le refoulement'", le retournement sur la personne propre et la sublimation, l'une des quatre modalités possibles de transformation de la pulsion lorsqu'elle ne peut atteindre son but.
Par exemple, la pulsion qui pousse l'enfant à s'intéresser aux matières fécales, caractéristique du stade'" anal, se retourne en dégoût une fois dépassé ce stade.
RÉPARATION
Terme employé surtout par M. Klein pour décrire l'attitude qui consiste . à réparer fantasmatiquement la destruction de l'objet d'amour. La réparation intervient lors de la position dépressive qui succède à la position'" paranoïde chez l'enfant.
RÉPÉTITION ( ► COMPULSION
DE RÉPÉTITION)
REPRÉSENTATION
Contenu de pensée, image, mémoire d'une perception, la représentation est, avec l'affect, ce par quoi une pulsion'" se manifeste. Elle est l'image qui supporte l'affect.
De la pulsion, seule la représentation'" peut subir le processus du refoulement. L'affect ne devient jamais inconscient, mais il peut subir différentes transformations ( ► Déplacement, Investissement, Hystérie, Isolation, Répression).
REPRÉSENTATION DE CHOSE, REPRÉSENTATION DE MOT
On distingue deux types de représentation dans la théorie de l'appareil psychique. La représentation de chose est pour ainsi dire une représentation visuelle, comme dans le rêve ; la représentation de mot est une représentation verbale.
Les représentations de choses sont seules présentes dans l'inconscient. Les représentations conscientes sont formées de représentations de choses associées aux représentations de mots qui leur correspondent.
RÉPRESSION
Mise à l'écart de la conscience de représentations ou d'affects gênants pour le sujet, la répression se distingue nettement du refoulement dans la mesure où elle est un acte conscient. Dans le cas de l'affect, la répression s'apparente à l'inhibition. Dans le cas d'une représentation, la répression fait passer le contenu de la représentation du conscient au préconscient.
RÉSISTANCE
Désigne les moyens mis en œuvre par le sujet pour empêcher son désir inconscient de se faire reconnaître : « Chaque fois que l'investigation analytique découvre une des cachettes de la libido, un conflit surgit : toutes les forces qui ont provoqué la régression se muent en "résistances" contre nos efforts, pour maintenir le nouvel état des choses. » (Freud, La Technique psychanalytique.}
Le mécanisme de la résistance, qu'il ne faut pas confondre avec le refoulement ni avec la défense, est en particulier à l'œuvre dans la cure analytique. Il fournit alors un matériel à analyser.
RESTES DIURNES
Le rêve est composé à la fois d'éléments inconscients et d'éléments qui appartiennent à l'activité consciente. Les restes diurnes sont faits d'images ou d'idées de la veille qui se sont associées à un souvenir infantile pour former le rêve.
RETOUR DU REFOULÉ
Ce sont toutes les manifestations par lesquelles les contenus inconscients font retour à la conscience. On peut donc parler de retour du refoulé pour les actes manqués, les lapsus, les formations de compromis ou les symptômes.
RETOURNEMENT SUR LA PERSONNE PROPRE
Processus par lequel le sujet se substitue lui-même à l'objet de sa pulsion. C'est, avec le refoulement, le renversement dans le contraire et enfin la sublimation, l'une des quatre modalités possibles de transformation de la pulsion lorsqu'elle ne peut atteindre son but.
RÊVE
Le sommeil est un état réparateur par lequel le dormeur se soustrait à un état de tension en se protégeant des excitations du monde extérieur. On a pu dire ainsi que le sommeil était un état proche de la vie intra-utérine. Mais cet abaissement des tensions s'accompagne d'une baisse des défenses et d'une irruption des représentants pulsionnels, des désirs inconscients.
La fonction du rêve est de protéger le dormeur et d'apporter à ses désirs inconscients une réalisation sur le mode hallucinatoire. Le rêve est donc un gardien du sommeil et représente toujours la satisfaction d'un désir. C'est pourquoi, pour reprendre les termes de Freud lui-même, il est la voie royale d'accès à l'inconscient.
Mais cet accomplissement de désir auquel tend le rêve ne réussit pas toujours entièrement, dans la mesure où la censure, si elle est affaiblie pendant l'état de sommeil, ne disparaît pas complètement. C'est pourquoi le contenu manifeste du rêve apparaît souvent incompréhensible. Il est en fait le résultat d'un processus de transformation du contenu latent sous l'effet de la censure. Ce processus, appelé travail du rêve, est opéré principalement par les mécanismes de la condensation et du déplacement, et de l'élaboration secondaire. En cela, le rêve est une formation de compromis.
« Si le rêve est une réalisation de désir, écrit Freud dans Introduction à lapsychanalyse^ il ne devrait pas y avoir dans le rêve de sensation pénible. » Les cauchemars ne contredisent pas la fonction du rêve. Un cauchemar est un rêve qui échoue, dans la mesure où la censure n'a pas réussi à voiler suffisamment le désir refoulé, et l'angoisse prend alors la place de la censure.
« Alors qu'on peut dire du rêve infantile qu'il est la réalisation franche d'un désir admis, et du rêve déformé ordinaire qu'il est la réalisation voilée d'un désir refoulé, le cauchemar, lui, ne peut être défini que comme la réalisation franche d'un désir repoussé. » (Freud, op. cit.)
ROMAN FAMILIAL
L'expression « roman familial » a été employée par Freud pour parler des scénarios formés par le sujet se créant une filiation imaginaire, s'inventant une famille fictive. Ces fantasmes tirent leur origine du complexe d'Œdipe.
SADISME
Substantif formé sur le nom du marquis de Sade, pour désigner une perversion ou une composante de la sexualité infantile, qui consiste à associer la souffrance (physique ou morale) de l'autre au plaisir sexuel.
En psychanalyse, le sadisme suppose le rôle de pulsions agressives qui sont la manifestation de la pulsion de mort dans la sexualité.
SADOMASOCHISME
Terme qui désigne l'association de tendances sadiques ( Sadisme) et de tendances masochistes. Masochisme.
Le sadomasochisme est un bon exemple du dualisme des pulsions, de leur capacité à coexister avec leur contraire dans les tendances d'un même individu.
SCÈNE PRIMITIVE
Spectacle, réel ou fantasmé, des parents se livrant au coït. La scène primitive se trouve sous le coup du refoulement originaire.
SCHIZOÏDE (> POSITION PARANOÏDE)
SCHIZOPHRÉNIE
Terme formé par Bleuler, et dont l'étymologie grecque renvoie assez à l'idée de morcellement, de clivage. La schizophrénie, étudiée par Bleuler, est marquée par le processus de dissociation de la pensée.
Freud, qui n'a pas consacré autant de travaux théoriques à la schizophrénie qu'à la paranoïa, par exemple, la range avec celle-ci dans la classe des névroses narcissiques (c'est-à-dire des
psychoses). Comme la paranoïa, la schizophrénie résulterait d'un repli de la libido sur le moi", dans une organisation autoérotique cependant plus archaïque que celle de la paranoïa. Lacan insiste sur le rôle de la forclusion du nom-du-père\ sur la carence de la métaphore originelle dans le délire hallucinatoire du schizophrène.
Actuellement divisée par la psychiatrie en deux sous-groupes peut-être totalement hétérogènes - la schizophrénie délirante et la schizophrénie déficitaire-, cette maladie présente un tableau clinique qui n'est pas toujours très clair. Y prédominent l'incohérence de l'action, de la pensée et de l'affectivité, la perte de contact avec la réalité, le délire (le délire schizophrénique est sans logique apparente, contrairement au délire paranoïaque) et la chronicité de la maladie.
SÉDUCTION
Au point de départ de la théorie psychanalytique, entre 1895 et 1897, Freud avait postulé l'existence de scènes de séduction d'un enfant par un adulte jouant un rôle primordial dans la cause du refoulement et des névroses. Cette théorie fut abandonnée en 1897 au profit de celle d'une dimension fantasmatique de telles scènes de séduction, liées à la sexualité infantile.
Certains auteurs ont insisté sur le fondement réel de la séduction adulte/enfant, même si la dimension fantasmatique n'est pas à exclure.
SELF
Notion introduite par Winnicott dans le champ théorique psychanalytique et qui se distingue globalement du moi"" freudien par une dimension plus existentielle et non plus seulement structurale. Winnicott distingue le vrai self du faux self, lequel résulterait d'un soutien insuffisant de la mère ou du milieu dans le développement de l'enfant.
SENTIMENT DE CULPABILITÉ
Manifestation du surmoi par laquelle se mesurent les relations de contrôle entre celui-ci et le moi.
SEXUALITÉ
Au sens restreint, la sexualité recouvre tout ce qui touche à l'appareil génital, à son activité et à son fonctionnement. Il revient à la psychanalyse d'en avoir considérablement élargi l'acception.
En premier lieu, la découverte et l'étude de la sexualité infantile regroupent, dans la théorie de la libido, aussi bien les activités masturbatoires de la phase phallique que l'activité orale du nourrisson.
Ensuite, toutes les activités dites « perverses » (comme les rapports oraux-génitaux, par exemple), présentes dans les préliminaires de l'activité sexuelle dite « normale », font partie du champ de la sexualité tel qu'il est entendu par la psychanalyse. Enfin, la conception psychanalytique des symptômes' névrotiques fait de ces symptômes des compromis résultant de conflits où entre en jeu la recherche de satisfactions originairement sexuelles.
SEXUALITÉ INFANTILE
La psychanalyse a montré (c'est une de ses découvertes majeures) que la sexualité infantile est d'une grande importance dans le développement de la personnalité. Freud en a systématisé l'étude, décrivant un certain nombre d'étapes dans le développement sexuel de l'enfant conduisant à la génitalité (c'est-à- dire à une sexualité génitale). Il s'agit du stade oral, du stade anal, et du stade phallique au cours duquel intervient le complexe d'Œdipe.
C'est par l'étude clinique auprès d'adultes que Freud a d'abord analysé et théorisé les stades du développement sexuel infantile. Selon lui, la sexualité infantile se caractérise par trois éléments principaux : le primat du phallus, chez l'un et l'autre sexes ( Castration) ; une disposition « perverse polymorphe », dans le sens où la satisfaction sexuelle est recherchée et obtenue dans l'enfance par des voies qui seraient qualifiées de perverses pour une sexualité adulte; enfin, dans une certaine mesure, par l'autoérotisme.
« L'enfant a, dès le début, une vie sexuelle très riche, qui diffère sous plusieurs rapports de la vie sexuelle ultérieure, considérée comme normale. Ce que nous qualifierons de pervers dans la vie de l'adulte s'écarte de l'être normal par les particularités sui-
vantes: méconnaissance des barrières spécifiques (de l'abîme qui sépare l'homme de la bête) [...]. Toutes ces barrières, [...] se sont édifiées peu à peu, au cours du développement et de l'éducation progressive de l'humanité. Le petit enfant ne les connaît pas. [...] L'enfant peut donc présenter ce que nous appellerons une "perversité polymorphe". » (Freud, Introduction à la psychanalyse.)
SEXUATION
Terme introduit par Lacan'" dans le champ psychanalytique pour désigner ce par quoi s'opère, dans l'inconscient", la différenciation des sexes.
SIGNIFIANT
Référant à la fonction symbolique du langage et à son importance dans la théorie psychanalytique, ce terme, fréquemment utilisé par Lacan, atteste l'apport déterminant de la linguistique à la pensée de celui-ci. La parole et le langage occupaient certes une place déterminante dans la psychanalyse depuis Freud. L'expérience de la cure est en effet une relation de parole : le symptôme" est l'expression d'un conflit qui n'a pas pu se dire verbalement; les formations de l'inconscient sont régies par des enchaînements relevant des règles du langage ( ► Rêve, Lapsus, Condensation, Déplacement). Mais Lacan a systématisé les questions relatives à la place du langage dans la psyché humaine telle que la conçoit la psychanalyse, et les a recentrées autour de la notion de signifiant.
Dans la linguistique saussurienne, le signe est un composé à deux faces, comportant un signifiant (par exemple le mot chaise) et un signifié (l'idée d'une chaise). Lacan a insisté sur la valeur du signifiant en tant que tel dans l'inconscient du sujet, et sur les jeux sur les phonèmes, ou même sur la forme des lettres qui peuvent s'y produire. Un mot ou une chaîne de signifiants peuvent ainsi faire peser leurs déterminations chez le sujet, sans que soit assumé le signifié - la signification associée à ces signifiants. L'exemple de « l'homme aux loups», dans les Cinq Psychanalyses, fournit de nombreux exemples de la manière dont les relations entre signifiants peuvent déterminer les contenus symboliques des fantasmes du patient.
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PSYCHANALYSE Société fondée en 1953 par Lacan, avec entre autres, F. Dolto, après une scission au sein de la Société psychanalytique de Paris au sujet de l'institution d'une réglementation destinée à régir la formation des analystes postulants. La SFP est elle-même dissoute en 1963 pour donner naissance à l'école freudienne de Paris, fondée par Lacan, et à l'Association psychanalytique de France.
SOCIÉTÉ PSYCHANALYTIQUE DE PARIS
Société fondée à Paris, en 1926, par M. Bonaparte et d'autres psychanalystes français et qui offre un cadre à ceux qui veulent adopter le métier d'analyste. Elle se scinde en 1953, avec le départ de Lacan qui fonde la Société française de psychanalyse.
SOUVENIR-ÉCRAN
Souvenir infantile particulièrement net issu d'un compromis entre éléments infantiles refoulés et défense ; ce souvenir fait donc écran à la pulsion qu'en même temps il exprime.
« Ce qu'on trouve dans les prétendus souvenirs de la première enfance, ce n'est pas la trace véritable d'événements réels, mais une élaboration ultérieure de ces traces, laquelle a dû s'effectuer sous l'influence de différentes forces psychiques intervenues ultérieurement. C'est ainsi que les "souvenirs d'enfance" acquièrent, d'une manière générale, la signification de "souvenirs de couverture". » (Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne.')
STADE
On appelle stade les différentes phases du développement psychosexuel de l'individu. Chaque stade (stade oral, stade anal, stade phallique) correspond à une certaine période de la vie, mais, en réalité, les différents stades se chevauchent, et certains aspects du développement de la libido peuvent rester fixés à un stade donné, ou même régresser à un stade antérieur, tandis que d'autres éléments évoluent. ► Fixation, Régression.
C'est ainsi que dans chaque personnalité on peut retrouver des traces de l'organisation libidinale propre à un stade donné. La névrose obsessionnelle, par exemple, se définit par un certain nombre de caractéristiques qui relèvent du stade anal.
STADE ANAL
Deuxième stade du développement psychosexuel, il intervient au cours de la deuxième année. La pulsion prend naissance dans le besoin physiologique de déféquer. Elle se caractérise par la prévalence du boudin fécal comme objet libidinal, de l'anus et de la zone anale comme zone érogène principale, de l'expulsion et de la rétention comme activités érotiques.
Partie de son propre corps, le boudin fécal constitue pour l'enfant une monnaie d'échange avec les autres, d'autant plus que les adultes accordent un intérêt certain aux fèces de l'enfant. C'est lors du stade anal que se structure, dans la vie psychique de l'individu, l'opposition entre tendance active et tendance passive de la pulsion. On parlera d'activité pour décrire la tendance de l'enfant à expulser son boudin fécal, et de passivité dans le cas de la rétention des excréments.
Expulser le boudin fécal comporte un aspect sadique dans la mesure où cet acte s'assimile à une destruction, tandis que le retenir peut être assimilé à un comportement masochiste, dans la mesure où le plaisir de la rétention s'accompagne d'une certaine douleur. C'est pourquoi on parle d'ambivalence pour qualifier la libido du stade anal.
STADE DU MIROIR
Ce concept célèbre formé par Lacan en 1936 intervient dans l'explication de la formation du moi, du narcissisme primaire et des identifications secondaires.
Le stade du miroir correspond, dans le développement psychique de l'enfant, à la période comprise entre six et dix-huit mois. Il se manifeste par une jubilation de l'enfant à se reconnaître au milieu des autres (dans les bras de la mère), et comme distinct (avant le stade du miroir, l'enfant ne fait pas de distinction entre son corps et le corps de sa mère). Sorte d'identification de l'enfant à sa propre image, mais par le relais nécessaire du regard d'un autre (que Lacan appelle le grand Autre, en l'occurrence la mère) qui, par ses mots (« c'est toi », « c'est Laurent » ou « c'est Sarah »), réalisera l'identification du sujet à l'image regardée.
Le stade du miroir joue un rôle important dans la formation de l'identité, qui est fondamentalement aliénée, dans l'agressivité (nécessité de gagner sa place au milieu des autres), dans le désir, puisque l'objet du désir y est toujours l'objet du désir de l'autre.
STADE ORAL
Premier stade du développement psychosexuel, il intervient environ la première année, de la naissance jusqu'au sevrage.
Le stade oral, où la pulsion prend naissance dans le besoin physiologique de se nourrir, se caractérise par la prévalence du sein comme objet libidinal, des lèvres et de la zone buccale au sens large comme zone érogène principale, et de la succion comme activité érotique.
Le but de la pulsion est l'incorporation, et les objets du monde extérieur ne se distinguent pas encore du moi. La satisfaction libidinale étayée par le besoin d'être nourri va progressivement s'en détacher, et va pouvoir être obtenue indépendamment du processus de la nutrition, par exemple par le suçage du pouce. L'objet de la pulsion est naturellement le sein maternel, objet originel, prototype de tous les objets de désir à venir.
STADE PHALLIQUE
Troisième stade du développement psychosexuel, il intervient après la troisième année et représente la résolution des stades oral et anal.
Le stade phallique se définit par l'unification relative des pulsions et leur organisation sous le primat des organes génitaux, à savoir le phallus. A ce stade, en effet, il apparaît que le phallus est le seul représentant sexuel pour les individus des deux sexes (ce référent unique du phallus pour les deux sexes est contesté par certains auteurs [ ► Castration]).
Cette phase se caractérise par l'apparition de la masturbation (ce en quoi certains auteurs voient une des causes de l'amnésie infantile), par l'apparition du fantasme de la scène primitive et de l'instinct de voyeurisme, et enfin par la découverte de la différence des sexes, entraînant le complexe de castration. C'est au terme de la phase phallique que survient, selon Freud, le complexe d'Œdipe.
STASE LIBIDINALE
Expression employée par Freud pour désigner l'état de la libido quand elle ne peut plus se décharger et qu'elle s'accumule sur des formations intrapsychiques.
STRUCTURE
Freud parle de structure psychique par métaphore, en référence au monde minéral. Si nous laissons tomber à terre un bloc de minéral, il se brisera selon des lignes de fracture invisibles jusqu'alors, mais déterminées par la structure du minéral en question. Il en irait de même pour la structure psychique individuelle qui se structurerait en fonction des expériences des premiers moments de la vie, selon des modes de défense spécifique déterminant une structure psychique immuable. Les deux modèles spécifiques de structure psychique sont la structure névrotique et la structure psychotique. La décompensation d'une structure, qu'elle soit névrotique ou psychotique, n'est pas obligatoire. Mais en cas de conflit amenant le sujet à décompenser, un individu de structure psychotique ne pourra développer qu'une psychose, et un individu de structure névrotique ne pourra développer qu'une névrose. On appelle état limité toute position intermédiaire entre ces deux structures.
SUBLIMATION
C'est, avec le refoulement, le retournement sur la personne propre et le renversement dans le contraire un des modes possibles de transformation de la pulsion'' quand elle ne peut atteindre son but.
Le mécanisme proprement dit de la sublimation n'est pas décrit par Freud de façon très développée. Il désigne par ce terme l'investissement de la pulsion sexuelle vers un but qui n'est pas sexuel, un but visant un objet socialement valorisé - comme l'activité intellectuelle ou artistique, la méditation religieuse.
« La pulsion sexuelle, écrit Freud, met à la disposition du travail culturel [culture est à prendre ici au sens large qu'il a en allemand, le sens de civilisation] des quantités de forces extraordinairement importantes, et cela par suite de cette particularité, spécialement marquée chez elle, de pouvoir déplacer son but sans perdre, pour l'essentiel, de son intensité. On nomme cette capacité d'échanger le but sexuel originaire contre un autre but, qui n'est plus sexuel mais qui lui est psychiquement apparenté, capacité de sublimation. » (Introduction à la psychanalyse.)
SUJET
Terme emprunté à la philosophie et utilisé en psychanalyse, en particulier par Lacan, pour désigner le sujet du désir inconscient. « Wo es war soll ich werden » (Là où était le ça, le moi doit advenir) dit la célèbre formule de Freud. La psychanalyse vise à faire reconnaître au sujet son désir, et à faire advenir le sujet du désir.
SURDÉTERMINATION
Pris dans plusieurs chaînes de déterminations signifiantes, les faits psychiques sont surdéterminés. Chaque fait psychique est donc la conséquence de plusieurs causes différentes et est susceptible de plusieurs interprétations.
SURINTERPRÉTATION
Conséquence de la surdétermination des faits psychiques, la surinterprétation consiste à donner d'un même fait plusieurs interprétations qui, en quelque sorte, se superposent.
SURINVESTISSEMENT
Renforcement de l'investissement d'énergie psychique sur une représentation. On parle de surinvestissement en psychanalyse pour décrire par exemple le processus de l'attention.
SURMOI
La meilleure définition qu'on puisse donner du surmoi est sans doute exprimée par une formule résumant la théorie freudienne sur ce point : le surmoi est l'héritier du complexe d'Œdipe. Le surmoi résulte en effet d'un processus d'identification aux parents, à l'issue du complexe d'Œdipe.
Formant avec le moi et le ça les trois instances de la seconde théorie de l'appareil psychique, ou seconde topique, le surmoi a globalement trois fonctions : une fonction d'auto-observation, une fonction de censure, une fonction de modèle idéal, pour laquelle on emploie également le terme d'idéal du moi.
« Le surmoi est une instance découverte par nous, la conscience une fonction que nous lui attribuons parmi d'autres, et qui
consiste à surveiller et à juger les actes et intentions du moi et à exercer une activité de censure. Le sentiment de culpabilité (la dureté du surmoi) est donc la même chose que la sévérité de la conscience morale; il est la perception, impartie au moi, de la surveillance dont ce dernier est ainsi l'objet. » (Freud, Malaise dans la civilisation.)
En tant qu'instance de conscience morale, le surmoi joue un rôle important dans le phénomène du sentiment'" de culpabilité ou dans la mélancolie.
SYMBOLIQUE
Terme fondamental de la terminologie et de la théorie lacaniennes, le symbolique forme avec le réel et l'imaginaire une triade indissociable. L'introduction et l'utilisation par Lacan en psychanalyse du registre du symbolique font référence aux acquis de la linguistique saussurienne dans l'étude du signifiant. L'ordre symbolique est l'ordre du langage. Représenté par le nom-du-père, le symbolique est ce qui permet au sujet l'accession au désir.
Le symbolique serait dans cette perspective un ordre préétabli, à quoi le sujet accède par la castration symbolique qui l'ordonne au registre du signifiant, c'est-à-dire du langage.
Le symptôme, selon Lacan, serait précisément ce qui, faute d'avoir pu trouver son inscription dans le registre du symbolique, fait retour dans le réel. Il est, d'une certaine façon, l'expression de quelque chose qui n'a pas été symbolisé.
SYMPTÔME
Le refoulement" est l'action du moi, qui vise à interdire l'accès à la conscience d'une représentation pulsionnelle jugée par lui dangereuse ou insupportable. Mais la pulsion, phénomène interne, cherchera alors, si elle est trop forte ou si elle est réactivée par une circonstance extérieure, à se décharger d'une autre manière, formant un symptôme. « Elle se fraye quelque part, en un point mal défendu, un autre accès vers une soi-disant satisfaction substitutive qui apparaît sous la forme d'un symptôme, et ceci sans l'assentiment ni la compréhension du moi. » (Freud, Moïse et le Monothéisme.)
« [...] la théorie qui englobe tous les symptômes pathologiques
aboutit à cette simple proposition ; ils doivent tous être considérés comme des accomplissements de désirs inconscients. » (Freud, L'Interprétation des rêves.)
THÉRAPEUTIQUE
La question de l'efficacité thérapeutique de la psychanalyse est difficile dans la mesure où elle engage la question de sa finalité. Voici comment Freud présente, dans Cinq Leçons sur la psychanalyse, la thérapeutique psychanalytique :
« Si l'on parvient à ramener le refoulé dans le plein jour de l'âme - ce qui suppose que des résistances considérables aient été surmontées - alors, le conflit psychique né de cette réintégration, et que le malade voulait éviter, peut, sous la direction du médecin, trouver une meilleure solution que celle qu'offrait le refoulement. Une telle méthode parvient à faire évanouir conflits et névroses. Tantôt le malade convient qu'il a eu tort de repousser le désir pathogène, et il accepte totalement ou partiellement ce désir ; tantôt le désir lui-même est aiguillé vers un but plus élevé et, pour cette raison, moins sujet à objection (c'est ce que je nomme la sublimation du désir) ; tantôt, on reconnaît qu'il était juste de rejeter le désir, mais on remplace le mécanisme automatique, donc insuffisant, du refoulement, par un jugement de condamnation morale rendu avec l'aide des plus hautes instances spirituelles de l'homme; c'est en pleine lumière qu'on triomphe du désir. »
TOPIQUE
La conception freudienne du psychisme humain selon une métaphore spatiale a donné lieu à deux théories de l'appareil psychique, ou topiques. La première topique, en 1895, distingue trois systèmes : l'inconscient, le préconscient et le conscient. La seconde topique, en 1923, remplace ces trois systèmes par trois instances : le ça, le moi et le surmoi. ► Appareil psychique.
On parle aussi du point de vue topique, par opposition aux points de vue économique et dynamique, pour désigner les processus psychiques selon cette organisation spatiale. Le point de vue dynamique les envisage sous l'angle des conflits psychiques, le point de vue économique sous l'angle énergétique.
TRANSFERT
Ensemble des réactions de l'analysant envers la personne de l'analyste dans le processus de la cure psychanalytique. Le transfert vient actualiser, dans la relation analyste-patient, toutes sortes de situations conflictuelles refoulées. Le transfert implique le déplacement et la projection sur l'analyste d'images du passé du patient. Il fournit donc un matériel'' important au travail de l'analyse. « Que sont [les] transferts ? Ce sont de nouvelles éditions, des copies des tendances et des fantasmes qui doivent être éveillés et rendus conscients par les progrès de l'analyse, et dont le trait caractéristique est de remplacer une personne antérieurement connue par la personne du médecin. Autrement dit, un nombre considérable d'états psychiques antérieurs revivent, non pas comme états passés, mais comme rapports actuels avec la personne du médecin. [...] Le transfert, destiné à être le plus grand obstacle de la psychanalyse, . devient son plus puissant auxiliaire, si l'on réussit à le deviner chaque fois et à en traduire le sens au malade. » (Freud, Cinq Psychanalyses.)
TRAUMATISME PSYCHIQUE
Événement de la vie du sujet, qui déclenche un afflux émotionnel provoquant une quantité d'excitations qu'il ne peut traiter psychiquement.
WINNICOTT (DONALD WOODS)
Psychanalyste britannique, Winnicott (1896-1971) fut profondément influencé, dans son œuvre comme dans sa pratique, par le fait qu'il a d'abord été pédiatre. Sa conception du développement de l'enfant s'appuie sur l'idée que le rôle de la mère, qui peut être suffisamment ou insuffisamment bonne, est primordial dans la constitution du self' de l'enfant. Il invente la notion d'objet transitionnel, objet à mi-chemin entre le sujet et l'objet, entre le dedans et le dehors. Son apport à la compréhension du développement infantile fait de son œuvre un élément important des développements de la théorie psychanalytique postfreudienne.
ZONE ÉROGÈNE
Zone corporelle considérée comme source possible d'une pulsion sexuelle. La bouche et la zone buccale, par exemple, constituent une zone érogène liée à l'organisation libidinale du stade oral.