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Despotisme (thème littéraire)

Pouvoir absolu et arbitraire.

Critiques et satires du despotisme : Rabelais, Gargantua (Picrochole) ; Fénelon, Aventures de Télémaque (Salente); Montesquieu, Lettres persanes (histoire des troglodytes), De l'esprit des lois; Rousseau, Du contrat social; Stendhal, La Chartreuse de Parme; Hugo, Châtiments (contre Napoléon III); Jarry, Ubu roi. Voltaire n'a envisagé le despotisme éclairé que pour accélérer le progrès. Tocqueville (De la démocratie en Amérique) exprime la crainte que ne se développe dans les démocraties un despotisme nouveau, celui de l'État et de l'administration.

DESPOTISME nom masc. - Système politique dans lequel le pouvoir est exercé arbitrairement par un seul. ETYM. : du grec despotês = « maître ». Le mot despotisme est toujours connoté négativement en français, comme le sont ses équivalents « tyrannie » ou « dictature ». La philosophie française du XVIIIe siècle a placé le problème du despotisme au centre de sa réflexion sur le fait politique. Montesquieu, par le biais de la fiction, et de manière plus directe dans L'Esprit des lois (1748), se livre à une vigoureuse dénonciation du despotisme oriental : un système particulièrement instable et pervers, reposant tout entier sur la crainte que le despote inspire à ses sujets. Pour reprendre une formule de Louis Althusser (1918-1990), le despotisme est chez Montesquieu à la fois « illusion géographique » et « allusion historique ». « Illusion géographique » parce qu’il ne correspond ni en Perse ni ailleurs à aucune réalité politique observable. « Allusion historique » car, à travers la dénonciation du despotisme oriental, Montesquieu vise en fait la monarchie absolue de Louis XIV. Après Montesquieu, la réflexion sur le despotisme a pris dans la philosophie française une forme différente. Des écrivains comme Diderot ou Voltaire ont oeuvré, auprès de monarques comme Frédéric II de Prusse ou Catherine de Russie, en faveur de ce qu’on nomme le « despotisme éclairé ». Il s’agissait de convertir ces monarques aux valeurs de la philosophie des Lumières et de permettre ainsi, sous la conduite positive du despote, d’engager un véritable processus de réforme de la société. On n’est pas très loin de la conception platonicienne selon laquelle les rois doivent être philosophes ou les philosophes être rois. Sur le plan historique, l’expérience du « despotisme éclairé » est loin d’être convaincante. Dans la ligne des idées de Rousseau, la Révolution française allait apporter au problème de l’autorité politique une solution plus radicale.

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