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DESNOS Robert

DESNOS Robert 1900-1945
Né à Paris, dans le quartier de la Bastille, il vient très tôt habiter en face du cloître Saint Merri, dans un quartier qu'il aimera toujours. En 1917, après s'être embauché comme commis chez un droguiste, il publie ses premiers poèmes dans une revue et commence à noter ses rêves. Travaillant ensuite dans l'édition, il publie d'autres poèmes, fait la connaissance de Benjamin Péret, qui, lorsque Desnos rentrera du service militaire, en 1922, le présentera aux autres futurs surréalistes. Très vite il prend dans le groupe une importance particulière par la capacité qu'il a à s'endormir et à dicter des poèmes pendant son sommeil. C'est de cette époque que datent les textes surréalistes de Rrose Sélavy (1922) et Deuil pour Deuil (1924). En 1925 il fait paraître La Liberté ou l'Amour, un ouvrage en prose poétique, qui sera condamné pour obscénité, puis deux ans plus tard, Night of Loveless Nights, une fresque lyrique de très haute volée, au désespoir poignant, écrite en quatrains classiques assez proches de la manière d'un Baudelaire. En 1930, il quitte le surréalisme alors en crise pour rejoindre la dissidence; l'ensemble de son oeuvre est rassemblé sous le titre de Corps et Biens; il rencontre Youki, qui va partager sa vie. En 1932 il entre à la radio; vont suivre des années d'une activité fébrile et tous azimuts: radio, articles sur la musique, scénarios .de films, albums pour enfants et, bien sur, poésie (Siramour, Les Sans-cou et Etat de Veille, qui recueille quelques-uns des poèmes écrits en cette année 1936 où il s'efforce d'en écrire un par jour). En 1939 il est mobilisé, fait prisonnier et libéré après l'armistice. Dès 1940, il entre dans la résistance. En 1942 il publie Fortunes où sont groupés des poèmes composés entre 1932 et 1937. Il est membre de l'équipe des Editions de Minuit et travaille pour un réseau de renseignement. Capturé par la Gestapo en 1 944, il sera déporté à Buchenwald puis, en 1945, à Terezin, en Tchéchoslovaquie, où les troupes soviétiques le délivreront le 3 mai. Trop tard pourtant, le 8 juin, il mourra des suites des mauvais traitements qu'il a subis. L'oeuvre de Desnos, de prime abord, paraît mince. Certes il est mort jeune, mais, au même âge, Eluard ou Aragon, pour ne citer que des proches, avaient déjà beaucoup écrit. Il a dû, il est vrai, à la différence du même Eluard, gagner sa vie, ce qui est autant de temps perdu pour l'écriture. Mais la brièveté de cette oeuvre vient plutôt de l'extrême curiosité intellectuelle du poète qui, refusant de s'enfermer dans des habitudes de travail et des automatismes, dans le confort et la facilité d'un style, a innové sans cesse et, à chaque fois, a voulu manifester un aspect jusqu'alors caché de son talent. Par sa diversité, l'oeuvre de Desnos a l'attrait piquant, et parfois aussi un peu frustrant, de l'échantillon vaste et alléchant d'une oeuvre immense qui resterait à faire.


Poète, né à Paris. Sauf un roman paru en 1943, Le vin est tiré - qui est, du reste, autobiographique pour l’essentiel -, Desnos a vécu en poésie, c’est-à-dire : pour écrire des poèmes. Il a pris à la lettre les intentions « investigatrices » du surréalisme, soumettant son esprit aux mécanismes du « rêve vigilant » ; rêve qu’il parvint à transcrire, par l’entretien dans son cerveau d’un état de somnambulisme sédentaire, en quelque sorte. Il n’hésita pas davantage à s’aventurer sans faillir dans l’univers débilitant des « hallucinations méthodiques » ou à recourir à la drogue (et ce, par pur souci expérimental ici encore, car il n’avait pas « le vice »). Aussi le titre Corps et biens qu’il donne en 1930 à ses poèmes n’est-il pas simple figure de rhétorique. Il va rompre, d’ailleurs, en 1930, avec le surréalisme, et, dès lors, gagner sa vie dans le journalisme (et aussi à la radio). Mais, pendant l’Occupation allemande, c’est avec la même absence de calculs et de précautions qu’il participe à un réseau de résistance. Arrêté le 22 février 1944, il mourra du typhus dans un camp tchèque à Terezin. Artisan d’une rare virtuosité (Breton lui reprochera même sa recherche des contraintes prosodiques), Desnos est cependant l’un des plus simples, et aussi l’un des plus « accessibles » parmi les poètes du premier groupe surréaliste. Populaire, même, assez souvent. D’abord, parce qu’il a souhaité lui-même (par goût de la cordialité, de la chaleur) le contact avec le public le plus large. Mais si ses poèmes, aujourd’hui, trouvent un écho tout naturellement dans les âmes les plus naïves, ce n’est pas qu’il se soit soucié de plaire ; et la plupart des écrits du plus négligent des poètes, parus à faible tirage (et vendus moins encore, voire remis par lui à l’état de manuscrit à droite et à gauche) ont dû être rassemblés par d’autres après sa mort, dans une édition d’ensemble : Domaine public, en 1953. La même année paraissait (Cercle des arts) l’essai De l’érotisme considéré dans ses manifestations écrites..., qu’il faut relire avec l’attention qu’il mérite après avoir savouré - en bibliothèque si nécessaire - La Liberté ou l’Amour (Kra, 1927), condamné et mutilé par jugement du tribunal correctionnel de la Seine, ainsi que son chef-d’œuvre en ce domaine, The Night qf Loveless Nights (1930, aujourd’hui dans Fortunes). Desnos en outre (et seul dans notre XXe siècle, avec Marcel Aymé pour les contes) a l’oreille de ce public exigeant et cruel qu’est l’enfance (série des Chantefables, 1944, et des Chantefleurs, posthume, 1950).