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description

La description est analysable en termes de figure macrostructurale de second niveau, c’est-à-dire en tant que lieu. Encore faut-il comprendre de quel type de lieu il s’agit. Développement obligé de la narration, le lieu de la description peut évidemment servir à l’argumentation, comme une sorte d’argument adjuvant ou indirect. Mais, dans le processus d’émancipation du littéraire à l’égard du rhétorique, la description peut s’entendre hors de toute visée argumentative : elle n’en reste pas moins dès lors topique, dans la mesure où elle constitue une modalité ou une pratique discursives, sous la forme d’un morceau textuel, attendue, finalisée et codifiée. Cette codification prend l’aspect de plusieurs figures de second niveau, et se présente sous la combinaison éventuelle de plusieurs figures élémentaires. Selon l’objet dominant de la description, on a, plutôt tendanciellement il est vrai, autant de lieux particuliers qui sont des variétés de ce grand lieu descriptif. C’est donc en raison de son caractère fondamentalement topique que la description a pu fournir matière, en critique structurale contemporaine, à un traitement systématique.
=> Figure, macrostructurale, niveau, lieu; narration; éthopée, pro-sopographie, chronographie, topographie, portrait, parallèle, ecphrasis.

DESCRIPTION (n. f.) 1. — Logique de Port-Royal : « Définition moins exacte », détermination d’une chose par ses accidents (description des poètes et des orateurs). 2. — (Auj.) Une description indéfinie est une expression de la forme « un tel » (un homme) et une description définie, une phrase de la forme « le tel » (l’auteur de Waverley) ; Russell a montré que les descriptions n’avaient pas de sens en elles-mêmes et que toutes les expressions où elles entraient pouvaient être paraphrasées de façon à les supprimer. Ainsi la phrase « l’auteur de Waverley était écossais », veut dire « il y a un terme c tel que 1) « x écrit Waverley » est toujours équivalent à « x et c », 2) c est écossais ». Paraphrase qui permet à l’inverse de remplacer les noms propres par des descriptions, c.-à-d. d’utiliser pour le langage logique un lexique où entrent essentiellement des variables et des prédicats. Dans ce cas, on note symboliquement la description par (? x) f (x) qui signifie « l’auteur de Waverley » si f (x) = « x écrivit Waverley ». 3. —Descriptif (logique, ling.) : se dit des énoncés qui décrivent des faits, par opposition aux énoncés évaluatifs, performatifs, prescriptifs, etc.) ; Syn. constatatif.


Description. Catégorie rhétorique et narratologique. La description permet de faire voir, de mettre sous les yeux personnes (il s’agit alors du portrait, de la prosopographie), objets, lieux (il s’agit alors de la topographie), temps (chronographie) et actions (scène). On parle d'hypotypose lorsque cette peinture est particulièrement vive et permet de se représenter des éléments absents. La description, alors, en particulier en poésie, rivalise avec la peinture comme le dit le ut pictura poesis d’Horace. Depuis le roman réaliste, la description a partie liée avec la narration qu’elle interrompt, ou à laquelle elle se mêle et elle fait partie aujourd’hui des principales notions de narratologie. Dans l’Antiquité, elle apparaît dans le discours judiciaire, ou épidictique, où elle sert de preuve. A la question où (où s’est passée l’action sujet du discours) correspond un argumentum a loco (argument du lieu) et à la question quand un argumentum a tempore (argument du temps). Avec le déplacement d’intérêt de la rhétorique vers la littérature, c’est le statut poétique de la description qui prévaudra, comme dans la poésie antique. La description prend alors la forme de topoi, dont le plus important est celui du locus amœnus, lieu agréable. Libanius (qui vécut de 314 à 393 environ) en énuméra les traits constitutifs : « Ce qui provoque notre joie, ce sont les sources, les plantations, les jardins, la brise légère, les fleurs et le chant des oiseaux. » Ce paysage idéal se chargera de toute sorte de valeurs symboliques et au Moyen Age, où il est vraiment un cliché de la littérature, il symbolisera par exemple le paradis. Le locus terribilis (forêt, rochers déchiquetés, tempête, etc.) sera au contraire le symbole de l’enfer.

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