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DESCARTES : DEVENIR MAÎTRE DE LA NATURE

DESCARTES : DEVENIR MAÎTRE DE LA NATURE

Au début du XVIIe siècle, témoin de l'apparition des sciences expérimentales, Descartes prend conscience qu'elles rendent possible une véritable conquête de la nature. Ce développement des techniques, ou sciences appliquées, transforme profondément le rapport de l'homme au monde. Au lieu de contempler un ordre naturel pour l'essentiel intangible, l'humanité peut travailler à le transformer pour satisfaire tous ses désirs.


« Sitôt que j’ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique, et que, commençant à les éprouver en diverses difficultés particulières, j'ai remarqué jusques où elles peuvent conduire et combien elles diffèrent des principes dont on s'est servi jusqu'à présent, j'ai cru que je ne pouvais les tenir cachées sans pécher grandement contre la loi qui nous oblige à procurer autant qu'il est en nous le bien général de tous les hommes. Car elles m'ont fait voir qu’il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu'au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. »
DescartesDiscours de la méthode, 6e partie, § 2

ordre des idées

1) Descartes oppose sur un plan très général :
— la physique nouvelle, aux conséquences pratiques remarquables ; — les connaissances spéculatives antérieures, dont on est incapable de tirer des applications qui amélioreraient l'existence de tous les hommes.

2) Il justifie son projet de divulguer cette science nouvelle par le devoir moral que nous avons de travailler au bien commun.

3) Il analyse les applications techniques qu'on peut tirer des sciences expérimentales.
—Leur fondement est la connaissance des forces de la nature (ces techniques ne sont pas un simple usage empirique de celles-ci). — Cette connaissance de la nature est comparable à la connaissance des métiers artisanaux (faits de mécanismes dont les liens de causalité peuvent être perçus avec clarté). — Les finalités de cette connaissance pratique : faire que les hommes, moins soumis aux forces naturelles, les fassent servir à la satisfaction de leurs besoins et, par l'acquisition de cette maîtrise, ressemblent finalement à Dieu, le maître par excellence de la nature.


MAÎTRE ET POSSESSEUR DE LA NATURE Expression employée par Descartes dans son Discours de la méthode, et fixant comme objectif une nouvelle maîtrise technique et physique de l’homme sur la nature. Cette expression est parfois prise comme symbole des nouveaux rapports qui s’instaurent entre l’homme et le monde à l’aube de l’âge moderne, porteur en germe de notre civilisation de la technique.


«... Et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. » René Descartes, Discours de la méthode. L'œuvre de Descartes illustre la révolution moderne des idées et des pratiques. À l'encontre d'une philosophie purement spéculative, le philosophe français promeut une conception de la connaissance destinée à l'action. Quoi d'étonnant à ce que ce projet ait débouché sur le vœu de maîtrise de la nature, dont cette citation est le symbole ? Au XVIIe siècle, temps d'éclosion de la science, se renforce l'idée que la nature s'apparente à une immense machine. Descartes est convaincu qu'il n'y a dans le monde, hormis l'esprit humain, que des mécanismes plus ou moins complexes. Or, dès que l'on connaît les rouages d'une machine, on peut entreprendre d'agir sur elle à la manière d'un ingénieur. Cette conception est donc prometteuse d'un point de vue pratique, mais, ne voyant dans la nature que matière et mouvement, elle la réduit à un matériau exploitable dans l'intérêt de l'homme. À l'époque, aucun principe de précaution ne limite cette transformation, laissant le champ libre à une emprise croissante de la technique sur le monde.Les cultures traditionnelles, elles semblent considérer l'être humain comme un collaborateur de la nature beaucoup plus que comme son « Maître ».



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