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déprécation

La déprécation est une figure macrostructurale de second niveau, c’est-à-dire un lieu. Elle est à l’œuvre lorsque, dans un discours, un personnage s’interrompt ou change l’orientation de son propos pour s’adresser brusquement à une autorité quelconque (puissance supérieure, déité, personnage absent, etc.), en une prière destinée à alléger un malheur en le détournant de soi ou en en appelant un autre sur une tierce personne.

Ainsi, dans Phèdre (acte III, scène 2), le monologue entier de Phèdre peut être considéré comme une déprécation, dans la mesure où il est contigu aux propos que Phèdre adressait dans la scène précédente à Œnone, et où elle est alors seule, s’adressant à une déesse, pour lui demander de frapper Hippolyte à titre de vengeance (c’est-à-dire, pour elle, de compensation). La figure est d’autant plus nette que le dernier vers de la scène 1 est surabondant de marques d’allocution au personnage concrètement interlocuteur :

Va : j’attends ton retour pour disposer de moi.

Sans la moindre transition, Phèdre s’écrie alors :

Ô toi, qui vois la honte où je suis descendue, Implacable Vénus, suis-je assez confondue ? Tu ne saurais plus loin pousser ta cruauté. Ton triomphe est parfait; tous tes traits ont porté. Cruelle, si tu veux une gloire nouvelle, Attaque un ennemi qui te soit plus rebelle. Hippolyte te fuit; et bravant ton courroux, Jamais à tes autels n’a fléchi les genoux. Ton nom semble offenser ses superbes oreilles. Déesse, venge-toi : nos causes sont pareilles. Qu’il aime...

Le début de ce discours est explicite sur l’état misérable de Phèdre : l’apparent appariement de la déesse et de sa victime renvoie en réalité à une supplication destinée uniquement à faire accabler le «bourreau» de Phèdre, pour la satisfaction relative d’elle seule. C’est le mouvement psychologique global de la déprécation qui anime ici ce comportement verbal : le lieu est à l’œuvre.

=> Figure, macrostructurale, niveau, lieu.

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