DENYS
DENYS L'ARÉOPAGITE : Membre de l'Aréopage athénien, institut pour la science et l'éducation, Denys se convertit après avoir entendu un sermon de Paul (Actes des Apôtres 17,34) et devint le premier évêque d'Athènes. Il ne faut pas confondre Denys l'Aréopagite avec le Pseudo-Denys (peut-être le Syrien Paul le Fouleur), auteur au Ve siècle apr. J.-C. de textes qui influencèrent la pensée chrétienne.
Denys le Thrace. Dionysios Thrax (v. 170-v. 90 av. J.-C.), originaire d’Alexandrie, fut l’élève d’Aristarque avant d’enseigner la grammaire et la littérature à Rhodes. La seule de ses œuvres qui nous soit parvenue est une grammaire grecque (Technê grammatikê), qui resta un ouvrage de référence pendant de nombreux siècles. Elle influença la grammaire latine et, à travers le latin, la plupart des grammaires modernes s’en sont inspirées. Son influence se répandit grâce à des adaptations syriaques et arméniennes et elle fut abondamment commentée. Le verbe grec typtô («je frappe ») fut utilisé pour donner des exemples des voix, du nombre et du genre, mais le paradigme complet avec tous les modes et les temps possibles ne fut introduit que plus tard.
Denys d’Halicarnasse. Rhéteur et historien grec qui vécut à Rome pendant de nombreuses années à partir de 30 av. J.-C. Critique littéraire doué d’un jugement sûr, il écrivit (en grec) plusieurs traités : une critique des orateurs grecs Lysias, Isocrate, Isée et Démosthène, précédée d’une introduction où il affiche une préférence marquée pour l’école attique contre l’école asianiste; des ouvrages mineurs sur Dinarque, Démosthène et Thucydide, et une lettre sur Platon dont il critique le style « dithyrambique » ; enfin, son œuvre la plus intéressante, La composition stylistique {Peri syntheseôs onomatôri), le seul ouvrage antique que nous possédons sur l’ordre des mots et l’euphonie. C’est à cet ouvrage que nous devons d’avoir le texte le mieux conservé de l’Invocation à Aphrodite de Sapho et le fragment de la Danaé de Simonide. En tant qu’historien, Denys vouait une grande admiration à Rome, et elle s’exprime dans les vingt livres de ses Antiquités romaines (Rômâikê archaiologia) dont on a conservé les livres I à IX et des fragments des livres X et XI. Cet ouvrage couvrait la période allant des temps mythiques jusqu’au début de la première guerre punique (264 av. J.-C.), date où commence l’histoire de Polybe, mais les parties qui nous restent s’arrêtent en 441 av. J.-C. C’est une composition minutieuse et détaillée fondée sur les annalistes romains et un supplément intéressant à l’œuvre de Tite-Live. Il contient une observation, que beaucoup d’auteurs ont répété depuis, à savoir que le style c’est l’homme (I, 3).
Denys le Périégète («le guide»). Poète grec (probablement IIe s. apr. J.-C.). Il est l’auteur de la Description de la Terre habitée, poème didactique en 1 185 hexamètres, où il reprend les opinions du savant hellénistique Ératosthène, qui était déjà un peu dépassé. Il jouit d’une grande popularité dans les siècles qui suivirent. Eustathe en fit un précieux commentaire au XIIe siècle.
Denys l’Ancien, tyran de Syracuse (Syracuse v. 430- 397 av. J.-C.). Son ambition éclata très tôt, bien qu’il fût d’obscure origine. Il sut se faire nommer stratège unique de Syracuse en accusant d’abord les stratèges en place, pour être nommé avec de nouveaux stratèges, qu’il discrédita ensuite afin de rester seul. Il se fit alors attribuer une garde, grâce à laquelle il confisqua à son profit le pouvoir (406). Il sut se faire aimer à l’intérieur en conservant des apparences d’institutions démocratiques, et surtout par son action militaire. Il créa une flotte puissante, fortifia l’îlot d’Ortygie et construisit la forteresse Euryale. Toute son action se tourna alors contre les Carthaginois, maîtres d'une partie de la Sicile, son ambition étant de former un empire unissant les villes de Sicile et les cités de la Grande-Grèce. Sa vie ne fut qu’une suite de revers et de succès : un jour il est maître de presque toute la Sicile, le lendemain il est assiégé dans Syracuse. De 390 à 379, il guerroie en Italie et soumet plusieurs cités, dont Crotone, établissant des colonies jusque sur la mer Adriatique. Revenu en Sicile, il est vaincu près de Palerme ; puis, de nouveau vainqueur, il porte ses armes aux extrémités occidentales de la Sicile. Comme tous les tyrans d’envergure, il protégea les arts et les lettres et attira à sa cour des hommes éminents comme Platon. Poète lui-même, il écrivit une tragédie, la Rançon d'Hector, qui, en 367, remporta le premier prix aux Lénéennes, à Athènes. En apprenant cette victoire, il se serait enivré de joie et on aurait profité de son sommeil pour l’assassiner.
Tyran de Syracuse. Au cours de la guerre contre Carthage, il se fit nommer stratège autocrator (avec les pleins pouvoirs) par l'Assemblée du peuple, et instaura une tyrannie appuyée sur sa garde personnelle (405). Sa politique eut une composante démagogique : il affranchit, par exemple, de nombreux esclaves pour en faire une nouvelle classe (les néopolites). Il disposait d'une armée de mercenaires considérable, bien payée et dévouée. Il conquit toute la Sicile (403/392) et poursuivit son expansion en Italie continentale, où il fit alliance avec la plupart des villes grecques. Il fut l'allié de Sparte, puis d'Athènes. En 388/87, il reçut les conseils de Platon en matière de gouvernement, mais leur collaboration échoua. À sa mort, il laissait un véritable empire maritime qui contrôlait une grande partie de la Méditerranée occidentale.