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Deng Xiaoping définit sa politique

Deng Xiaoping définit sa politique

Nous reformulerons la ligne politique que le président Mao avait d’abord affirmée : « Que cent fleurs s’épanouissent ! Que cent manières de penser rivalisent entre elles ! ». Nous espérons ainsi créer les conditions les plus favorables possible pour que se manifestent pleinement la sagesse et les aptitudes de notre peuple. Nous appelons aussi au renforcement de la démocratie dans notre pays. La Chine a adopté une politique d’ouverture sur le monde, dans un esprit de coopération internationale. Naturellement nous devons compter sur nos propres ressources et sur nos propres efforts. Mais la modernisation serait ralentie si nous rejetions la coopération internationale. A partir de 1964, Lin Biao et la bande des Quatre ont érodé la moralité socialiste et l’ont presque détruite. Aujourd’hui encore, des vestiges de cette influence délétère subsistent dans l'esprit de quelques jeunes. (...) Il est par conséquent indispensable que, tout en développant la démocratie socialiste, nous rendions plus stricte l’application de la légalité socialiste. Nous ne tolérerons non plus aucun affaiblissement de nos exigences élevées en matière de rapports sociaux. Pour que réussissent les Quatre Modernisations, il faudra entretenir dans la vie politique une atmosphère de calme et d’unité. Après ces années d’agitation sociale, le peuple chinois est résolu à ne laisser aucune espèce de désordre social entraver son effort pour accélérer le progrès social et matériel.

Deng XIAOPING, Déclaration en 1979 à l’Encyclopedia Britannica

Quelle est la vision de l’histoire récente de la Chine donnée par l’auteur ?

Deng Xiaoping venait de prendre l’ascendant sur son rival Hua Guofeng pour le contrôle du Parti communiste chinois au moment où il accorda cette déclaration. Dans le même temps, des dazibaos journaux muraux) hostiles à Mao et réclamant un pluralisme dans la politique, la pensée et les arts, apparaissent à Pékin. C’est dans ce contexte que l’on doit apprécier la position de Deng, qui récupère à son profit une partie de l’héritage maoïste qu’il avait remis en question dès son retour sur la scène politique. Sa position ne manque ni d’ambiguïté, ni d’habileté tactique. Il reprend à son compte la fameuse phrase de Mao appelant en 1957 les Chinois à exprimer leurs idées dans le cadre de la campagne des Cent Fleurs. Il accuse parallèlement — et à tort, semble-t-il — les auteurs des dazibaos incriminés d’avoir été influencés par les idées de la Révolution culturelle, période honnie entre toutes. Cela lui permet enfin d’affirmer qu’ils troublent l’ordre dont a besoin la Chine pour réaliser sa modernisation.

Point méthode

Interpréter un document historique, c’est d’abord en apprécier l’originalité. Pour cela, il faut arriver à déterminer, pour tout document, son importance à court terme —son rôle factuel, pour ainsi dire — à moyen et à long terme, qui doit être analysée en conclusion. C’est en délimitant les niveaux d’interprétation — à court et à plus long terme — que l’on peut passer sans heurt du corps du devoir à la conclusion du commentaire.

Point méthode

Lors de la rédaction du devoir, il faut éviter un double écueil: tomber dans la paraphrase et écrire une dissertation à propos d’un document au lieu de le commenter. Ce problème peut être résolu assez simplement. Tout plan prend en compte le contenu du document et doit amener à répondre à un certain nombre de questions. On peut considérer qu’à chaque sous-partie doit correspondre un ou plusieurs extraits du document. La technique de la citation est délicate. L’idéal est d’arriver à la lier à la phrase qui la précède, ce qui permet d’éviter une fâcheuse impression de « collage ». A cet effet, il convient de préparer la citation en introduisant un mot ou un groupe de mots proches de l’idée que doit illustrer l’extrait du texte choisi. Prenons à titre d’exemple le traité germano-soviétique de 1970 et plus précisément son article 2. Un commentaire de ce passage pourrait être ainsi introduit : Vingt-cinq ans après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne et l’Union soviétique décident de régler «leurs différends exclusivement par des moyens pacifiques. » Ces États affirment ainsi leur volonté de placer leurs relations sous le ligne de la Détente, dont la nécessité était affirmée dans l’article premier. Utilisez le présent de narration ou le passé, si le contexte s’y prête. Évitez le futur, qui n’est pas le temps de l’histoire, ainsi que le futur proche.

DENG XIAOPING (1904-1997)

Dirigeant communiste chinois.

Visionnaire et cynique, Deng Xiaoping a été le véritable successeur de Mao Zedong à la tête de la Chine populaire. Mais seul l’avenir dira s’il aura refondé le communisme chinois ou s’il aura seulement rendu possible la transition de son pays vers le capitalisme. Dans les deux cas, il lui aura fallu une autorité (et une santé…) exceptionnelle pour parvenir à placer enfin la Chine sur les rails de la modernisation.

Son autorité, il l’a conquise d’abord par une carrière très ancienne qui suit le court central de la révolution chinoise. Né en 1904 dans une famille paysanne du Sichuan, venu en France pour se former au début des années 1920, Deng participe aux principaux épisodes de la conquête du pouvoir, dont la Longue Marche, puis libère son Sichuan natal.

Trois chances successives expliquent son ascension politique. La première est qu’il devient en 1954 secrétaire général du Parti communiste chinois et démontre à ce poste une force de travail, une fermeté et un réalisme dont Mao Zedong finit par prendre ombrage. Aussi - c’est sa deuxième chance - est-il éliminé par la Révolution culturelle en 1966 : la prison et l’exil sont une occasion pour lui de concevoir le nécessaire redressement. Sa troisième chance est que Zhou Enlai, malade, le rappelle au pouvoir dès 1973, ce qui lui permet de faire connaître ses options pragmatiques et d’apparaître comme le seul recours possible après la mort de Zhou et Mao en 1976. D’abord mis à l’écart, il manœuvre habilement pour revenir au centre (1977) et obtenir un changement décisif de la ligne politique (décembre 1978). Jusqu’au XIIe congrès de 1982, il se débarrasse des anciens maoïstes et pose les bases de la politique de modernisation. Ensuite, jusqu’au printemps 1989, il résiste aux attaques des réformistes modérés, étend la réforme des campagnes aux villes et s’efforce aussi d’organiser sa succession en plaçant Hu Yaobang (1915-1989) puis en 1987 Zhao Ziyang à la tête du parti et Li Peng à la tête du gouvernement ; lui-même conservant le poste discret et décisif de président de la Commission des affaires militaires du Comité central.

À aucun moment, il n’oublie qu’il s’agit de couler la réforme dans les grands principes communistes. Il le rappelle par des campagnes de répression successives (1979, 1983, 1987), puis finalement par le terrible massacre du 4 juin 1989, place Tian An Men, qui assassine le printemps démocratique chinois. Sa popularité s’effondre. Pourtant, Deng maintient le cap. Après avoir laissé quelques temps les rênes aux conservateurs, il les écarte en 1992 et relance l’ouverture vers le capitalisme d’une façon qui paraît bientôt décisive. Et il offre à son pays un ultime cadeau que son caractère autoritaire ne laissait pas prévoir : celui de mettre solidement en selle le successeur qu’il s’était choisi, Jiang Zemin, tout en le protégeant d’une ombre tutélaire qui ne s’effacera que lentement jusqu’à sa mort en février 1997.

Tout aussi nationaliste que Mao mais plus pragmatique, Deng Xiaoping aura contribué à tous les avatars du communisme chinois, avant de lui imprimer un changement décisif. Il a laissé derrière lui une Chine moins misérable et moins malheureuse, mais dont l’avenir demeure énigmatique.

DENG XIAOPING, ou TENG SIAO-P'ING (Guangan, 1904-). Homme politique chinois. Compagnon de Mao Zedong lors de la Longue Marche (1934-1935), commissaire politique de l'armée Rouge durant la guerre sino-japonaise (1937-1945), il devint en 1954 secrétaire général du comité central et membre du bureau politique. Principale victime de la Révolution culturelle avec Liu Shaoqi, il fut limogé en 1966 et tomba dans l'oubli durant neuf ans. Devenu vice-président du PCC et chef d'état-major de l'armée (1975), il fut à nouveau évincé du pouvoir (comme « déviationniste de droite ») par Mao au profit de Hua Guofeng (1976). Après la mort de Mao (septembre 1976) et l'arrestation de la bande des quatre, Deng Xiaoping fut réintégré dans toutes ses fonctions au sein du parti et de l'État et présida, à partir de 1978, aux nouvelles orientations de la politique chinoise. Il fut le principal artisan de la « démaoïsation » et mit en oeuvre la politique officielle des « quatre modernisations » (décollectivisation des campagnes, armée, modernisation et ouverture de l'industrie chinoise, développement des sciences et des techniques). Officiellement retiré de la vie politique en 1987, il est resté néanmoins une personnalité très influente.




Homme politique chinois. Membre du parti communiste chinois dès 1924, il soutint l'ascension de Mao Tsé-toung et participa à la Longue Marche (1934/35). Il prit part à la guerre contre les nationalistes, devint secrétaire général du Comité central et membre du Bureau politique en 1954. En 1963, il était à la tête de la délégation chinoise qui entérina la rupture idéologique avec Moscou. Mais, dès 1966, il fut l'une des principales cibles de la « révolution culturelle » et ne revint au premier plan qu'en 1973. En 1975, il cumulait les vice-présidences du parti et du gouvernement. En 1976, Hua Kuo-feng (Hua Guofeng) parvint momentanément à l'écarter et obtint même de Mao sa destitution. Mais l'offensive contre la « bande des quatre », après la mort de Mao, ramena Teng une nouvelle fois au pouvoir. À la tête du mouvement modernisateur, véritable organisateur de la « démaoïsation », il fit nommer Premier ministre Zhao Ziyang et élire Hu Yaobang à la présidence du parti, puis Li Xiannian. Tout en conservant la mainmise sur l'armée, il orienta l'ensemble du pays vers l'ouverture au monde et la croissance économique. Ce sont les contradictions de ce programme dit « des quatre modernisations », sans projet de libéralisation politique, qui furent à l'origine des oscillations de son action. Teng ne trouva d'autre issue à la crise de mai 1989 que la répression sanglante et la restauration autoritaire des valeurs du passé, alors qu'il domina l'opposition conservatrice au printemps 1992, en instaurant « l'économie socialiste de marché ». Officiellement retiré des affaires depuis cette époque, le « petit timonier », qui avait installé au pouvoir son « troisième successeur », Jiang Zemin, demeurait cependant la référence suprême du régime jusqu'à son décès, le 19 fév. 1997.

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